Islam et islamistes...

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 8 octobre 2006

Monsieur Bernard-Henri Lévy
Chroniqueur
Le Point
Courriel : www.lepoint.fr/

 
Monsieur,


Votre « soutien du bout des lèvres » apporté à Robert Redeker dans la chronique « Pour Redeker », publiée dans Le Point [Cf. n°1777 du 5 octobre 2006], me donne l’occasion de vous rappeler l’abondant courrier adressé depuis le 30 mai 2000, toujours sans réponse à ce jour, et notamment ma lettre du 11 février 2005.



Dans celle-ci, je vous accusais sans ambiguïté, arguments à l’appui, d’être l’incarnation de la Superstition dans ses divers modes d’expression : religion, métaphysique [Idéalisme de Descartes et de Kant, en particulier], idéologie et moralisme, ce qui aurait dû pour le moins vous faire réagir, dans la mesure où vous auriez eu une solide argumentation à m’opposer.



Si je parle ici d’un soutien du bout des lèvres en faveur de Robert Redeker, c’est que, tout en défendant son droit le plus légitime d’exprimer même des opinions qui fâchent – comme il en fut lors de votre procès en sorcellerie contre Renaud Camus sur LCI, dans l’émission d’Edwy Plenel « Le Monde des idées », en mai 2000 ! -, vous laissez planer tellement de sous-entendus sur le contenu de son article que, en réalité, « vous le soutenez, sans le soutenir, tout en le soutenant » !

 

Pour le discréditer sur le fond, vous n’hésitez même pas à user de la formule éculée consistant à distinguer l’islam et les islamistes, puisque vous écrivez : « Quand je dis l’adversaire, j’entends (faut-il le préciser ?) non l’islam mais l’islamisme. » ; et c’est ainsi qu’un « prétendu philosophe » vole au secours de la superstition religieuse au lieu de la combattre philosophiquement, c’est-à-dire en opposant  le « Dieu-Substance » spinoziste au « Dieu-Créateur » religieux et idéaliste !

 

J’accepte l’idée que tous les musulmans ne désirent pas pour convenance personnelle instaurer une république islamiste dans les différents Etats musulmans de la planète. Toutefois, la volonté hégémonique expansionniste de l’islam est bien au-dessus des volitions individuelles, comme l’invasion de l’Espagne par le passé en témoigne.



Spinoza et Brunner doivent se retourner dans leur tombe, en vous entendant parler d’un « islam des Lumières » [Cf. RMC Info, octobre 2002], eux qui ont dénoncé sans aucune ambiguïté la religion avec son Dieu-Créateur et son prétendu libre arbitre. Certes, dénoncer les dogmes de l’islam vous mettrait en porte à faux avec le judaïsme, et vous ne voudriez en aucun cas comme les deux juifs admirables mentionnés ci-dessus, auquel je me dois d’ajouter le Christ, être rejeté de la communauté, y compris au mépris de LA Vérité éternelle absolue qui n’est ni celle de la religion ni celle de l’idéalisme de Descartes et de Kant,comme démontré précédemment.

 

Vous témoignez ainsi que vous n’êtes pas réellement un philosophe, puisque « vraie » philosophie – la fausse étant celle des idéalistes Descartes et Kant, notamment ! – et religion sont « totalement incompatibles ».

Pire, vous contribuez à tromper l’opinion en parlant de l’appel à la haine raciale pour justifier la restriction à la liberté d’expression, dont vous vous faites par ailleurs le chantre invétéré ; et ceci, sur la base de la fiction d’un soi-disant Bien absolu et d’un prétendu Mal absolu, dont vous ne pouvez ignorer qu'il s'agit là d'une « impossibilité absolue » par définition, puisque l’ABSOLU est UN et non « duel ».

 

De même, il n’y a pas davantage « deux » catégories d’humains par nature, donc « deux » natures humaines distinctes : celle des bons, les « vertueux », aujourd’hui les antiracistes, d’un côté, et celle des méchants, les « salauds », les racistes, de l’autre.



Comme je me suis plus que largement expliqué sur la superstition moraliste – moralisatrice ! - dans ma lettre du 11 février 2005, toujours à votre disposition, je me borne à rappeler cette déclaration du directeur d’une école juive du 19e arrondissement : « 98% des agressions contre mes élèves sont le fait de musulmans » ; par ailleurs, qui viendra nous faire croire qu’il n’y a pas de juifs racistes..? ! Il n’y a pas d’individus, de groupes d’individus, tous critères d’appartenance confondus, de peuples, de nations et d’Etats « IRRÉPROCHABLES » ! Face à l’Idéal, chacun est forcément coupable, coupable de crime de lèse-Idéal . Alors, « ça » suffit les mensonges colportés encore aujourd’hui, près de deux mille ans après les propos du Christ sur les comportements des humains dans leur ensemble ! 

 

S'il revenait aujourd'hui, il ne manquerait sûrement pas de dénoncer la superstition moralisatrice, en matière de « discrimination »   précisément, puisque chacun - hypocrites inclus ! - en participe à sa manière, même au plus haut sommet de l'Etat, comme en témoigne la dénonciation de l'âge du capitaine par l'un, et celle des « odeurs » par l'autre...

Il n’y a pas les bons et les méchants, il n’y a que des êtres humains égoïstes, tous sans aucune exception, hypocrites encore inclus, qui se comportent selon les circonstances, à des différences de degrés près,tantôt en « vertueux », tantôt en « salauds », en raison de leurs seuls intérêts égoïstes dans leurs affaires d’amour, de possession de biens et de personnes – d’où l’importance de l’argent -, et de gloire ou honneur-vanité; cette dernière manifestation de notre égoïsme suffisant notamment à expliquer pourquoi personne n’accepte de gaieté de cœur d’être contrarié dans ses convictions et autres croyances de toutes sortes. C'est à la Raison de combattre l’irrationnel, et voilà pourquoi dénoncer la Superstition sous toutes ses formes devrait être le premier devoir d’un philosophe digne de ce nom.

 

Pour en venir aux « islamistes », les soi-disant « élites » du monde médiatique, politique, intellectuel et associatif « droit-de-l’hommiste » s’accordent pour sous-entendre qu’ils représenteraient une poignée de musulmans psychopathes à travers le monde. Concernant précisément leur nombre, outre qu’il est impossible de séparer réellement le bon grain de l’ivraie, un rapide calcul permet de les estimer au bas mot à 12 millions, si seulement 1% des musulmans est rangé sous cette étiquette, et à 120 millions si le pourcentage passe à 10%, ce qui semble encore sous-évalué. Quoi qu’il en soit, une poignée d’islamistes du Hezbollah a suffi pour tenir en échec le puissant Etat d’Israël avant l’intervention de l’ONU.



Sur le fond, qui sont-ils ces « islamistes », sinon des fidèles d’Allah disposant du même Livre sacré que l’ensemble des musulmans ? Ils n’auraient donc rien compris au Coran, et c’est pourquoi ils s’entretuent dans les rues de Bagdad et d’ailleurs au nom de cette religion de paix et de tolérance, comme en témoignent les attentats perpétrés dans le monde ; quel islam enseigne-t-on, par ailleurs, dans les écoles coraniques d'Afghanistan, du Pakistan et autres Etats musulmans, sinon celui du Coran par définition  ?

 

Pour Taslima Nasreen qui dénonce l’islam, et pas seulement des individus, « le véritable islam est l’islam des fondamentalistes. » [Cf. le nouvel Observateur, n°1976 du 19 septembre 2002], et vous ne pouvez passer sous silence la dénonciation de l’islam, et non seulement d’individus, par Ayaan Hirsi Ali dans un entretien accordé à L’Express en mai 2005. Comme vous ne l’ignorez pas, elles ont été également frappées de fatwa, puisque c’est le prix à payer pour oser critiquer l’islam. Même la France en est aujourd’hui victime - au XXIe siècle, où l’on se croit au comble du modernisme ! -, dans un Etat prétendu laïque et qui le sera de moins en moins. Quand Malraux disait « spirituel », il entendait incontestablement par-là « religieux », ce qui n’est pas du tout la même chose...



Qui, par ailleurs,  décide en terre d’islam de la bonne ou de la mauvaise lecture du Coran faute d’une autorité musulmane universelle en mesure de décréter quelque modification que ce soit, voire une lecture rigoureusement adéquate du Livre islamique, et de l’imposer ensuite aux foules musulmanes ? Ce n’est même pas le principal obstacle à la réforme de l’islam, car cela pourrait être réalisé, mais qui osera remettre en cause, à savoir contredire l’esprit et la lettre de la Parole du Prophète, en supprimant du Livre sacré les sourates et les versets appelant au djihad, au meurtre de non-musulmans, sans oublier les pratiques obscurantistes toujours actuelles : charia, fatwa, lapidation de femmes, etc. ? Une analyse sérieuse du Coran faite par Michel Onfray montre qu’il contient « tout et son contraire », et se révèle ainsi être une véritable auberge espagnole où chacun trouve son boire et son manger !



En conclusion, une chose est sûre et certaine : sans islam, pas d’islamistes ! Et personne, dans le monde musulman, n’a donné jusqu’ici - sauf Mahomet qui était bien placé pour cela ! - le mode d’emploi du Coran, à savoir la lecture adéquate qui doit en être faite pour concorder avec nos droits de l’homme contemporains dont le Prophète n’avait pas la moindre idée. Personne ne saurait le lui reprocher, mais cela me donne l’occasion de dénoncer, une nouvelle fois, la malhonnêteté intellectuelle de l’époque consistant à juger un passé révolu parfois de plusieurs siècles, et remontant même aux croisades – qui dit mieux. ? ! –, avec notre mentalité « droit-de-l’hommiste » d’aujourd’hui. Vous avez dit « manipulation de l’opinion » ou « débilité intellectuelle » de l'époque..? !



Oui, je persiste et je signe en affirmant que la réforme de l’islam se fera attendre jusqu’à la saint Glin-glin, car le dogme est intangible dans les religions en général, et dans l’islam en particulier. Pourquoi voudrait-on, d’ailleurs, qu’il se modifie au gré des époques ce qui reviendrait à le dénaturer constamment, au point qu’il ne serait plus un dogme ? Or, les pratiques sont accordées au dogme, d’où la difficulté de les accorder périodiquement aux diverses époques qui se succèdent : imaginez un islam sans ramadan ! Oui, tout est véritablement relatif dans notre monde humain, à commencer par notre monde lui-même seulement « relatif » à notre penser humain.



Ainsi, philosophiquement parlant, le dogme religieux - mais aussi idéaliste et matérialiste, sans parler des dogmes idéologiques et moralistes - consiste à « absolutiser le relatif » ; autrement dit, à faire passer les vérités simplement relatives de notre monde humain pour la vérité absolue, sans toutefois jamais accepter de débattre. Pourtant, après les dégâts commis par les illusions idéologiques des années 80, dont le résultat le plus tangible est d’avoir transformé la République en république bananière communautariste, combien votre parole, compte tenu de votre grande médiatisation, pourrait être d’un grand secours pour atténuer les divisions actuelles entre communautés, si vous la mettiez au service de LA Vérité absolue, et non de la Superstition !



Je suis bien placé, toutefois, pour mesurer la difficulté de prêcher dans le désert, et c’est pourquoi, sans me faire aucune illusion de vous voir devenir un « vrai » philosophe, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.



Publié dans PHILOSOPHIE

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