Provocation à la haine : hypocrisie, croyance au miracle et « débilité intellectuelle »

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Après l’affaire de la banderole du stade de France, paraît-il scandaleuse, nos vertueux de tout poil, qui s’arrogent le droit de régir la marche morale de la planète au nom de l’ « illusion droit-de-l’hommiste », viennent de déclencher l’arsenal juridique contre un délit passible d’un an de prison, de quinze mille euros d’amende et de trois ans d’interdiction de stade pour « provocation à la haine ».

 Ils ont pris soin, toutefois, de la distinguer de la provocation à la haine « raciale », ce soi-disant « Mal absolu », d’aujourd’hui, fondé seulement sur des critères ethniques. Jusqu’à preuve du contraire, en effet, Parisiens et Ch’tis (de souche, tout au moins) ayant la même couleur de peau, « ça » faisait un peu gros de parler de haine raciale. Toutefois, je rappelle à ces vertueux que le mot « discrimination » existe, et convient très bien pour englober tous les critères discriminatoires, dont je ne vois pas au nom de quoi certains seraient considérés comme prépondérants – hormis pour de sordides questions d’intérêts de toutes sortes, comme l’avait établi ma lettre du 7 décembre 2000 à SOS Racisme !

Chacun voit bien, sauf à avoir des œillères partisanes, que les communautés sur critère ethnique, qui font culpabiliser la France et les Français au nom d’un passé révolu de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles, montrent à la planète entière de quoi elles sont capables au Proche et au Moyen-Orient ainsi que sur le continent africain, où elles se massacrent à qui mieux-mieux, sans qu’il soit nécessaire de rentrer ici dans les détails – à l’aune de ces exactions confinant au pire de l’être humain (cf. comportements des milices arabes jenjawis au Darfour), il serait peut-être bon de « relativiser » cette affaire de banderole, d’autant plus que, même sur cette question, les vertueux ne peuvent masquer ni leur hypocrisie ni leur pratique du « deux poids, deux mesures » - ce qui revient au même !

Assurément ceux qui voient toujours les choses de leur seul point de vue égoïste, à titre individuel et collectif, applaudiront des deux mains cette levée de bouclier, et ils croiront comme dab que des « mouvements de menton », aussi appuyés soient-ils, seront la panacée universelle pour régler tous les problèmes de la planète, en l’occurrence éradiquer la violence sur les stades - et pourquoi pas au-delà, tant qu’à y être ? !

En tout cas, il ne suffit pas pour cela de déclarer solennellement que « nous sommes tous des Ch’tis », pas plus que ne servirait à grand chose de proclamer, de façon tout aussi grandiloquente, que « nous sommes tous des Tibétains » - je renvoie, d’ailleurs, les « croyants au miracle », qui seraient en désaccord avec moi, au 24 août prochain, après l’extinction de la flamme !

En réalité, comme disait le fabuliste, bien des siècles avant nous, ces « vertueux » aux solutions toutes faites, c’est-à-dire dictées par un catéchisme - fut-il censé être universel ! -, n’y voient pas, ou ne veulent pas voir, plus loin que le bout de leur nez, car c’est pour eux une excellente occasion de se donner bonne conscience, à bon compte. Et ainsi vous ne pouvez plus leur reprocher de ne rien faire pour votre quiétude quotidienne sur les stades ou ailleurs – comme les « croyants au miracle » jugeront dans un proche avenir, en France ou ailleurs, à l’aune de futurs incidents entre supporters, avec leurs bagarres générales sur des stades étrangers mais proches…

Ils ne voient donc pas, tous ces « faux-culs » ni plus ni moins irréprochables que leurs contemporains, mais qui ne les font pas moins culpabiliser en permanence, que la violence est partout sur la planète, et qu’ils n’y peuvent rien : conflit entre Israéliens et Palestiniens depuis soixante ans, massacres interreligieux en Irak, interethniques au Darfour, au Kenya et à l’ensemble, ou presque, du continent africain, sans oublier le Tibet, la Tchétchénie, la Colombie et Al Qaeda qui fait peser une menace quotidienne sur la tranquillité de la planète.

Il doit rester nombre de lieux de violence non mentionnés ici - demandez à Samir Naceri, il est mieux informé que moi ! -, mais « eux » voudraient que les stades de football deviennent un sanctuaire ! Quand on voit tout le tintouin autour des Jeux de Pékin et les gesticulations qui en résultent pour rien, c’est-à-dire sans aucun résultat tangible avant, alors imaginez après, n’est-ce déjà pas « croire au miracle » que d’attendre, de leurs coups de menton, la paix universelle, voire un « ordre juste », sur Terre ? !

Et pire, même chez nous, les propos publics des uns et des autres sont le plus souvent des paroles de haine, de véritables déclarations de guerre, motivées par le seul égoïsme de leurs auteurs – y compris de la part de celles ou ceux qui ont l’outrecuidance de se faire les porte-parole de la devise d’amour universel du Christ « Aimez-vous les uns, les autres », alors qu’ils prouvent sans cesse que leurs actes démentent leurs paroles.

Ou alors, vous n’écoutez pas bien François Hollande et Ségolène Royal, entre autres caciques socialistes et leaders d’extrême gauche, parler de Nicolas Sarkozy à longueur de temps, faute d’avoir autre chose à dire ; de même des syndicalistes, Bernard Thibaut et le syndicat Sud notamment, tiennent un discours de haine envers les patrons, dont je doute que la cogestion à l’allemande et les démocraties du nord en soient encore à la resucée de l’antienne révolutionnaire d’antan « Tous les  aristocrates à la lanterne ! » - si ce n’était pas, alors, un appel au meurtre, comment le désigner ? !

Vous me direz que c’est vieux, très vieux, mais les révolutions léniniste, maoïste, castriste, etc. ne se sont pas faites sans milliers, voire millions, de victimes, et personne ne sait, aujourd’hui, de quoi est capable Olivier Besancenot, l’apôtre de la nouvelle révolution française, à l’aune de ses propos de haine envers les capitalistes ! Il n’a toujours pas réalisé que des peuple soumis au joug communiste, durant des décennies, se sont précipités dans le giron capitaliste, à la première occasion favorable – tant il est persuadé de pouvoir transposer l’idéal dans le quotidien ! ! !

Même ce simple vers du poète (Claude Nougaro),  « On se traite de con, à peine qu’on se traite », suffit à renvoyer chacun à ses propres « provocations à la haine ordinaire » ! Mais il est vrai qu’il y aurait des livres à écrire sur les mensonges, les contradictions et les « croyances au miracle » en matière de discrimination, tous critères confondus, si les justiciers et juges de l’Idéal ne faisaient pas trembler leurs concitoyens en matière de liberté d’expression !

 
Les donneurs de morale professionnels n’y échappent pas – fussent-ils artificiellement dotés du statut de « philosophe », à l’exemple de Bernard-Henri Lévy. J’espère seulement que nos descendants, qui n’auront plus rien à en redouter, jugeront, non seulement son influence néfaste sur l’évolution de la France et de sa société depuis 1981, mais aussi son penser superstitieux exprimant « tout et son contraire » - comme des propos anciens, et même très récents sur l’islam, confirment qu’il n’est qu’un « philosopheur », ainsi que je ne cesse de lui démontrer !

 

Concernant la banderole, arrêtons l’hypocrisie et cessons de monter au créneau à la moindre occasion pour nous faire passer hypocritement pour des « vertueux » sur fondement d’une devise bien connue de tous ces moralisateurs publics, journalistes, intellectuels, politiques et dirigeants d’associations droits-de-l’hommiste, adeptes du deux poids, deux mesures : « Je suis vertueux, donc je condamne » - à moins que ce ne soit l’inverse ! Assurément, le monde ne pourrait que mieux se porter si chacun commençait à se juger, lucidement et honnêtement, à l’aune de sa véritable réalité intérieure, commune à tous les humains sans exception – sauf à ceux qui y auraient échappé par élection divine ou miracle de la Nature en leur faveur de bien vouloir établir « comment » ! ! !

 

Sans avoir absolument raison sur le fond – forcément, dans un monde relatif ! -, je persiste à considérer l’incident du stade de France comme une simple « branchade » entre supporters - pas toujours « futfut », certes, puisque j’en ai même entendu, à plusieurs reprises, scander sur des gradins : « Tuez les, tuez les », à l’encontre de leurs adversaires irréductibles de toujours. Jusqu’ici ceux-ci n’ont toujours pas encore porté plainte, et il leur sera donc beaucoup pardonné pour leur humour au deuxième degré – contrairement aux pisse-froid, qui nous font vivre dans un monde tristounet où chacun juge et condamne sans cesse moralement les Autres, sans être pourtant plus « irréprochable » qu’eux - fut-il chef de l’Etat, ou prétendante à l’être !

 

Sur l’affaire elle-même, Gervais Martel, le « vertueux » président du RC Lens, aurait-il fait tant de « barouf », si les Lensois avaient été victorieux ? ! Si, dans le doute, on peut toujours prétendre que oui, mes contradicteurs doivent sûrement ignorer que les joueurs marseillais ont été tout récemment accueillis au stade Bollaert par une banderole, dont la « provocation à la haine raciale » était, on ne plus explicite, puisqu’ainsi libellée : « Bienvenue en France ! ». Personne n’a pourtant vu, entendu ou lu que Gervais Martel avait porté plainte contre les auteurs de cette banderole, pour le coup carrément « raciste » - sauf à ne pas vouloir comprendre le sous-entendu, par ailleurs très clairement exprimé par les Inconnus dans un sketch devenu culte ! ! !

 

En conclusion, mon propos devrait suffire à faire prendre conscience de la « débilité intellectuelle » d’une époque, où même un chef d’Etat tombe dans le panneau de la discrimination à sens unique, en feignant d’ignorer la caractéristique essentielle des « vertueux » de toutes les époques, consistant à reprocher aux Autres ce qu’eux-mêmes ont fait hier, et referont demain à la première occasion où leurs intérêts de toutes sortes l’exigeront – et ce n’est pas un vieux « routier » de la politique comme Nicolas Sarkozy, qui devrait l’ignorer !

 

Il a suffisamment vu, depuis près de trente ans, les « politiques » de tous bords dénoncer alternativement le recours à l’article 41-3 de la Constitution, que les uns et les autres ont pourtant utilisé, à tour de rôle, dans le seul souci de leurs intérêts égoïstes, individuels et collectifs – ni lui ni les autres, toutefois, ne peuvent me reprocher de ne pas avoir dénoncé cette hypocrisie à qui de droit, sans pour autant « croire au miracle » de changer l’Homme, a fortiori le monde !

 

OUI, notre époque avec, entre autre, ses prétendus « vertueux » et leurs condamnations moralisatrices  bien réelles, quoique fondées sur les fictions de la superstition moraliste, maintes fois dénoncées jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, se caractérise bien par sa « débilité intellectuelle » ! Un monde, qui fonctionne, essentiellement, sur la Foi, ou « croyances au miracle », et sur l'émotion, au détriment de la Raison et a fortiori de la vraie philosophie, ne saurait échapper à cette accusation ! Sauf à quiconque de démontrer le contraire au vu des incohérences et des contradictions de tous les modes d’expression de la Superstition !

 

Incohérence et contradiction suffisent à établir la certitude de la « non-vérité », ce qui conduit Spinoza à affirmer a contrario que LA Vérité contient « en soi » la certitude du « vrai ». Comment le Vrai, en effet, pourrait-il être « absolument vrai », dès lors que subsiste une seule incohérence ou contradiction, voire une vérité opposée, comme il en va dans la religion, la scolastique idéaliste, le scientisme matérialiste, l’idéologie et le moralisme ? ! ! !


[Les éventuels défauts de présentation sont totalement indépendants de ma volonté]

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