« Grandes Gueules et "FAUX-CULS" » !

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 19 avril 2008

Objet :

 « Grandes Gueules et "FAUX-CULS" » ! 

 

                              
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[A l'attention d’Alain Weill, président du groupe NextRadioTV (RMC Info, BFM, BFMTV et Groupe Tests), de la Direction et de la rédaction de RMC Info, de Jean-Jacques Bourdin, de Guillaume Cahour ainsi que des bien-pensants censeurs conformistes autoproclamés Grandes Gueules [Alain Marschall, Olivier Truchot, André Daguin, Anna Sallabi, Bernard Debré, Claire O’Petit, Christian Lehmann, Gaston Kelman, Karim Zéribi, Jacques Maillot, Sophie de Menthon, etc.], qui colportent les mensonges et les « croyances au miracle » de la pensée superstitieuse « politiquement correcte » dans tous ses modes d’expression, sans avoir pour autant le courage intellectuel de débattre sur le fond]

 

 

Mesdames, Messieurs,

 

 

Votre incessant discours bienpensant en faveur du Tibet et du peuple tibétain, venant après la journée catastrophe de la flamme olympique à travers Paris, est un révélateur de l’hypocrisie généralisée de la planète depuis une cinquantaine d’années, ainsi que j’ai pu l’écrire, le 29 mars dernier, à Robert Ménard, récent invité de votre émission et « hypocrite » patenté, s’il en est.

 

En matière d’hypocrisie sur les Jeux de Pékin, les Grandes Gueules méritent bien la palme de « FAUX-CULS », à en juger d’après la contradiction manifeste entre vos propos dénonçant aujourd’hui les comportements de la Chine au Tibet et appelant, tout au moins, à un éventuel boycott de la cérémonie d’ouverture par les responsables politiques mondiaux, et ceux d’hier vous donnant l’occasion de vous réjouir pour vos auditeurs de prendre part à ce spectacle planétaire.

 

C’est oublier un peu vite, en effet, combien vous plastronniez, il y a peu, pour envoyer les heureux gagnants de votre loterie gratuite assister aux Jeux olympiques de Pékin, en vantant le voyage et le séjour aux frais de RMC Info. Votre autoglorification permanente n’avait, alors, de cesse de louer votre grande générosité sans la moindre pensée pour les souffrances du peuple tibétain, ainsi que les podcasts suffisent à en témoigner : seule comptait à vos yeux la satisfaction de vos auditeurs ravis d’aller à Pékin – et basta pour le Tibet !

 

Il est vrai que vous ne vous encombrez pas de fioritures, tant pour dénoncer George W. Bush que les crimes chinois au Tibet. Il vous suffit de humer d’où vient le vent et de souffler avec lui dans la même direction : la politique de Gribouille ou de faux-cul est payante pour vous, mais loin de vous l’idée de nous dire « combien », alors que le moindre de vos invités est sommé d’ouvrir son compte en banque - sous peine d’être taxé de dissimulation fiscale ! Même sur ce simple plan, vous êtes de réels « FAUX-CULS » refusant de parler d’argent : c’est bon pour les Autres, puisque vous êtes au-dessus de « tout ça » - sauf pour les candidats à tout : députation ou mairie de Marseille !

 

Sur le premier point, face à votre œuvre de désinformation manifeste envers George W. Bush, c’est déjà moi qui avais dû vous apprendre (cf. lettre du 30 octobre 2007)  que les Etats-Unis avaient voté en 1998, sous l’ère Clinton, une loi dite de libération de l’Irak, incontestablement à l’origine de l’interminable conflit irakien, et que nombre de parlementaires démocrates, dont Hillary Clinton, estimaient que les Etats-Unis pourraient apporter un peu de démocratie en Irak - votre discours « faux-cul » n’en continue pas moins à faire supporter l’entière responsabilité du fiasco à George W. Bush !

 

Votre désinformation sur les rapports entre le Tibet et la république populaire de Chine, depuis le milieu du XXème siècle, est tout aussi manifeste, comme le bref rappel historique suivant suffit à l’établir. Pour ce faire, je me borne à reproduire ici un passage de ma lettre du 29 mars à Robert Ménard, montrant le peu de sollicitude occidentale dès le tout début pour cette région montagneuse du bout du monde sans pétrole ou autre ressource naturelle :

 

L’hypocrisie de la communauté internationale sur le Tibet a été manifeste par son silence, historiquement parlant, dès la naissance de la république populaire de Chine, en 1949, après que les  Anglais eurent quitté l’Inde, en 1947. Depuis longtemps, pourtant, les communistes chinois avaient déclaré qu’ils considéraient le Tibet comme partie intégrante de la Chine, et les Tibétains comme l’une des cinq nationalités de la république, mais l’ONU n’a pas levé le petit doigt pour porter assistance au Tibet - tout comme elle se distingue aujourd’hui par son silence, méritant bien ainsi son célèbre qualificatif de « machin » ! ! !

 

Aussi l’armée chinoise put-elle tranquillement attaquer Chab-mdo, en 1950, puisque les troupes tibétaines ne pouvaient attendre ni secours ni appui diplomatique de l’Occident ou de l’Inde. Le dalaï-lama fut donc contraint de traiter avec la Chine, de sorte que le Tibet fut intégré dans la république populaire de Chine, suite à l’accord de Pékin du 23 mai 1951.

 

Dès lors, la Chine put assumer le contrôle de l’armée, des finances, de l’éducation et du développement  économique et industriel - une quasi-colonisation en quelque sorte, même si elle garantissait les droits du dalaï-lama, ainsi que le respect de la religion et des monastères. L’armée chinois entra à Lhassa, et dans un premier temps le compromis et la coopération fonctionnèrent assez bien jusqu’en 1954-1955, sans que l’ONU, censée représenter la communauté internationale, ne s’inquiète pourtant du sort des Tibétains : l’Histoire est bel et bien un éternel recommencement de « plus jamais ça » ! ! !

 

Ensuite, face à l’idéologie marxiste qui voulait contrôler la jeunesse, les Tibétains organisèrent une résistance passive, et les premières actions de guérilla eurent lieu en 1956. Le gouvernement de Pékin réagit en appliquant des mesures de répression, et la plupart des membres de la noblesse et du clergé, ainsi qu’un bon nombre de marchands et de paysans, s’enfuirent en Inde. L’émigration facilita la tâche aux Chinois, et le gouvernement tibétain traditionnel fut aboli. La région autonome du Tibet, dans le cadre de la république populaire de Chine fut inaugurée officiellement le 9 septembre 1965 - sans aucune remarque de l’Organisation des nations unies, sauf mauvaise information de ma part !

 

Plus tard, la révolution culturelle, déclenchée en Chine à la fin de 1966, s’est traduite à Lhassa par une violente action anticléricale des gardes rouges, monastères envahis, images et textes sacrés détruits, moines employés à des activités productives – toujours dans le silence complice de l’ONU, sauf mauvaise information de ma part ! Il faut reconnaître, toutefois, que les autorités chinoises s’efforcèrent, parallèlement, de développer et de moderniser l’économie agricole de la région, et ce fut également la naissance de l’industrie, gisement de charbon mis en exploitation, édification de centrales hydro-électriques, création d’entreprises industrielles et désenclavement du Tibet par la construction de grands axes routiers entre le Sichuan et Lhassa (2413kms) et de Qinghai à Shigatse (2200kms).

 

Dans les années 80, l’échec de la politique chinoise au Tibet conduisit le Comité central du parti à publier de nouvelles directives pour mettre en œuvre une nouvelle politique au Tibet, fondée sur six mesures importantes destinées à donner un contenu réel à l’autonomie régionale et à soulager le Tibet de sa grande misère. Ainsi les fonds fournis par l’Etat en 1980 et 1981 représentaient-ils 98% du budget de la région.

 

Après trente ans de statut quasi-colonial, le Tibet fut promu au rang de région sous-développée, et le tourisme ouvert à l’international en 1984, ce qui fit évoluer rapidement la situation, à la faveur des contacts entre Tibétains et visiteurs occidentaux. Ainsi, en 1987, le Congrès américain adopta un texte sur la violation des droits de l’homme au Tibet par la république populaire de Chine. Mais dès le 24 septembre suivant, l’exécution de deux Tibétains fit descendre les moines dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet.

 

Dans l’époque récente, selon Amnesty International, plus de 214 tentatives de manifestation ont été réprimées depuis 1987, les manifestants arrêtés expédiés dans des camps de travail, et condamnés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison. En 1989, alors que Hu Jintao était administrateur politique au Tibet, une manifestation finit dans un bain de sang, et au moins quatre cents personnes furent tuées.

 

Ce sommaire rappel historique conduit à examiner de plus près le comportement, durant la seconde moitié du XXe siècle, de tous ces bienpensants d’aujourd’hui, donneurs de leçons de morale à la Chine - sans balayer toutefois devant leur porte ! Je pense, ici, aux dirigeants et aux militants communistes de toutes ces républiques socialistes marxistes-léninistes, à commencer par ceux du PCF. Le sort du Tibet et des Tibétains était, alors, le cadet de leurs soucis face aux grands dirigeants chinois, à commencer par Mao Tsé-toung, malgré une brouille entre partis communistes frères, entre-temps – sauf à l’un ou l’autre de ces bienpensants de montrer sa préoccupation d’alors sur le sort des Tibétains.

 

C’est pourquoi je pense aussi à tous ces « maoïstes », d’ici et d’alors, à commencer par Bernard-Henri Lévy et tant d’autres. Qu’écrivaient-ils sur le Tibet et les Tibétains, dans les années 60-70, alors qu’ils étaient surtout obnubilés par la Révolution culturelle et le Petit livre rouge de Mao, au point de mettre en pratique leur idéologie dès 1981 par l’alliance socialo-communiste, dont la France n’a pas encore fini de payer les conséquences de leur tiers-mondisme ? !

 

Je n’oublie pas davantage tous les dirigeants internationaux de pays non marxistes, qui se sont rendus à Pékin depuis l’ouverture de la Chine, et qui ont reçu chez eux des dignitaires chinois, sans ignorer pour autant ce qui se passait réellement au Tibet. Nos propres dirigeants ne se sont pas autrement comportés, et sauf erreur de ma part, je crois savoir, mais vous pouvez me démentir, que Hu Jintao a même dansé dans les salons du château de Bity, en Corrèze : c’est beaucoup d’honneur, non, pour un ancien administrateur du Tibet, au vu des massacres rappelés et des critiques d’aujourd’hui envers la Chine ?

 

Je crois également savoir que le récent barbarisme « bravitude » aurait été forgé sur les sommets de la Grande muraille de Chine par une candidate à la magistrature suprême, venue faire adouber son envergure internationale sur les lieux mêmes du crime anti-tibétain - vous avez dit « faux-cul » ? ! Oui, je persiste et je signe malgré Vincent Peillon soulignant à votre micro le grand courage de Ségolène Royal devant les dirigeants chinois : ils tremblent encore devant sa « bravitude » à leur donner une telle leçon de droits de l’homme, rebaptisés « droits humains » ! ! !

 

Alors, assez d’hypocrisie et de « deux poids, deux mesures » ! Ou bien que tous les Etats du monde cessent tout commerce avec la Chine pour être totalement en adéquation avec leurs postures moralisatrices ! ! ! Certes, si le commerce entre les Etats devait se limiter à ceux qui sont « irréprochables », il en serait encore à l’âge de pierre. Il y a aussi le Darfour et tant de pays musulmans et africains, entre autres, dont les dirigeants méritent le même opprobre …

 

Je mentionne à peine la désignation des Jeux olympiques de Pékin, dont une proche actualité nous éclairera sur la suite donnée aux gesticulations d’aujourd’hui, et surtout ce qu’il en restera pour le Tibet après l’extinction de la flamme, au soir du dernier jour des Jeux ! ! ! C’est la même hypocrisie qui avait présidé à leur attribution à la Chine, alors qu’il aurait suffi d’exiger d’elle, au préalable, les mêmes efforts en ce sens que ceux demandés à la Turquie pour entrer dans l’Union européenne - nul n’ignorait, depuis des décennies, la situation du Tibet et des Tibétains !

 

Aujourd’hui, en guise de sévère mise en garde, George W. Bush, président de la première puissance mondiale, vient de demander à la Chine de faire preuve de retenue : voilà une déclaration, qui va faire trembler l’empire céleste, et l’inciter à accorder au Tibet tout ce que vous réclamez par des gestes forts et symboliques ! ! ! Il est vrai, cependant, qu’avec sa mésaventure irakienne, où l’Occident l’a laissé partir en croisade tout seul, ou presque, le futur ex-président semble définitivement vacciné, et nous verrons bien ce que fera le nouveau pour changer la situation au Tibet et le sort des Tibétains – sans grand risque de me tromper : pas grand chose ! On va bientôt voir, d’ailleurs, si les dirigeants de l’Union européenne feront mieux, et s’ils parviendront à se mettre d’accord sur une position commune d’ici le 8 août prochain – je suis prêt à parier gros…

 

Quant à Robert Ménard et ses « tartarinades », qu’il cesse de jouer les « faux-culs » en ayant l’honnêteté et le courage intellectuels de nous dire publiquement quelles sont ces deux grandes entreprises qui le sponsorisent, afin que chacun puisse juger quels rapports économiques et commerciaux elles entretiennent éventuellement avec la Chine : il ne manquerait plus que ce soit « CARREFOUR » ! ! ! D’ici-là, il s’est complètement dégonflé, en se contentant de nous parler de ses ventes de T-shirts pour financer ses campagnes mondiales, en laissant planer l’incertitude sur ses riches parrains – vous avez dit « FAUX-CUL » ? !

 

Je ne peux manquer de terminer ce tableau de « FAUX-CULS », sans rappeler qu’il ne vous manque même pas celui de « RACISTES », comme je l’ai établi à propos de vos commentaires déplacés sur l’âge des membres de la commission chargée de réfléchir sur le financement des chaînes publiques, et pire allant même jusqu’à reprocher certains traits physiques à des dirigeants européens pourtant démocratiquement choisis par leurs concitoyens, à l’exemple de Sylvio Berlusconi et de Nicolas Sarkozy.

 

En appeler à la caution de Karl Zéro sur ce détail minable, c’est aussi ridicule que de faire juger le passe-droit du souverain d’Arabie saoudite par un ancien contrôleur de la SNCF, qui s’y connaît juste assez en matière de droits de l’homme pour accéder à des fonctions électives – pour ce qui est de leur réalité effective sur notre planète, hormis tromper l’opinion, ça ne va pas bien loin.

 

Pour parodier de Gaulle, vous pouvez continuer longtemps à sauter sur vos chaises comme des cabris, en braillant « droits de l’homme, droits de l’homme », l’humanité n’en verra jamais que l’illusion, mais il est vrai que vous êtes bien incapables de réaliser que l’Idéal n’est définitivement pas de ce monde …

 

Vous n’en avez cure et votre silence complice est la preuve manifeste de votre intention délibérée de continuer à colporter les mensonges et les « croyances au miracle » de votre penser superstitieux, qui vous rend indignes de faire l’opinion, aussi longtemps que vous refuserez de débattre sur le fond !

 

Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, mes salutations distinguées.

 

                                                   

Publié dans COURRIER "Médias"

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