Euthanasie et moralisme [SUITE]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 3 avril 2008 
       

Objet : V/ lettre du 01/04/2008

                                                                                     


Monsieur Jean-Luc Romero

Président de l’A. D. M. D

50, rue de Chabrol

75010 PARIS

Fax : 01 48 00 05 72
Courriel : infos@admd.net

 

 

Monsieur,

 

 

Je vous remercie de votre aimable lettre répondant à mon courriel du 27 mars dernier, suivi d’un envoi par télécopie, le 28, à l’attention de Marie Humbert.

 

Toutefois, comme avec le recul, je pense ne pas avoir, peut-être, été assez explicite dans l’exposé de l’argument philosophique suprême, seul susceptible de démonter définitivement toutes les arguties invoquées en France pour rejeter, une fois de plus, une pratique admise sans réserve chez certains de nos voisins européens, je profite de l’occasion pour tenter de mieux vous le faire saisir, si besoin était.

 

En effet, il n’est pas évident pour chacun de penser « vraiment », au sens où, avec Constantin Brunner (1869-1938), héritier spirituel, notamment, du Christ et de Spinoza, il faut entendre par-là : éviter de confondre l’absolu et le relatif, ainsi que notre penser pratique humain nous y prédispose en nous conduisant à un penser superstitieux qui « absolutise le relatif ».

 

En clair, ce penser superstitieux ou péché capital, voire originel, de l’entendement humain, nous fait prendre pour réalité ou vérité « absolue » ce qui est seulement relatif, à commencer par notre monde lui-même - mais c’est un autre problème, dont je suis tout aussi prêt à débattre ! Et dans ce monde, tout est relatif et rien n’est absolu, ainsi que je pense l’avoir établi dans le courrier adressé à Jean Leonetti – sauf à lui ou à quiconque de démontrer le contraire !

 

Cependant, pour ce qu’il en est de son éventuelle réponse, évoquée dans votre courrier, elle risque de se faire longtemps attendre, car je commence à bien les connaître tous ces prétendus « vertueux », qui font l’opinion. Certes, ils s’arrogent le monopole de la vertu pour s’autoriser à régir la marche morale de la planète – ils ont même édicté un catéchisme à cet usage ! -, voire pour décider de la vie et de la mort de leurs contemporains, mais pour ce qui est de débattre sur le fond, il n’y a plus personne, comme en témoigne le très large éventail de ces soi-disant « élites » dénoncées dans le texte, Mensonges et lâcheté des élites - en réalité, d’ailleurs, elles ne font pas l’opinion, elles la censurent ! ! !

 

C’est pourquoi, assurément, confronter leurs points de vue relatifs partisans à LA Vérité absolue est beaucoup trop dérangeant pour leurs intérêts individuels et collectifs de toutes sortes : ils se prendraient pour Dieu lui-même qu’ils ne procèderaient pas autrement. Leurs décisions sont pour eux aussi « absolues » que celles de Dieu, fut-il même le « Dieu nécessaire » de Spinoza ! ! !

 

Je ne développe pas ici, comme j’y suis toutefois disposé, mon argumentation établissant, avec clarté et précision, qu’aucune des formes de la Superstition [Religion, métaphysique (Matérialisme et spiritualisme), idéologie et moralisme] n’échappe à l’ « absolutisation du relatif », mais je me limite à ce qui peut servir la cause de l’euthanasie, en dénonçant la superstition moraliste sur laquelle continue de fonctionner la société humaine universelle - depuis la nuit des temps !

 

Or la superstition moraliste ou moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale] est seulement fondée sur trois fictions, dont la première sert véritablement de garde-fou en matière d’euthanasie, au nom de principes grandiloquents. C’est le cas de la prétendue « éthique médicale » avec ses gardiens de LA Morale, juges et justiciers de l’Idéal – castes politique et médicale en tête !

 

J’ai déjà montré que cette soi-disant éthique médicale, censée être porte-parole de l’Idéal et le transposer dans notre monde, est à « géométrie variable », comme suffit à l’établir la pratique de l’euthanasie en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Suisse, entre autre. Il faut croire que les praticiens de ces pays ont compris que l’Absolu ou Idéal n’est définitivement pas de notre monde.

 

Faute d’Absolu ou d’ « Idéal en soi » ici-bas, il résulte que Bien et Mal absolus n’ont aucune réalité terrestre - hormis celle fictivement accordée par les détenteurs du pouvoir pour justifier quelque décision que ce soit en leur nom ! En clair, le Bien et le Mal, décrétés ici « absolus », ne sont pas « absolument absolus », mais seulement « fictivement absolus », autrement dit absolutisés.

 

C’est précisément le rôle, la basse besogne, des prétendus « vertueux », d’ici ou d’ailleurs, de décréter « absolument » bien ou mal ce qu’eux-mêmes érigent en absolu dans leur penser relatif, ou penser du relatif : pas de quoi, sur la base d’une telle « relativité » des opinions, décider de la vie ou de la mort de leurs contemporains, puisque ce qui est bien pour l’un est mal pour l’autre.

 

Et vice-versa, comme l’interruption volontaire de grossesse et l’abolition de la peine de mort l’avaient déjà illustré – il n’empêche qu’en matière d’euthanasie, certains continuent à détenir le pouvoir absolu de décréter le Bien et le Mal « absolus » : qui le leur a octroyé ? ! Je ne vois guère qu’eux-mêmes, en l’absence de toute réflexion et concertation, mais c’est quand même d’autres qui en font les frais ! ! !

 

C’est pourquoi je dénonce nommément, entre autre, le Comité consultatif national d’éthique dûment informé de cette malhonnêteté intellectuelle et philosophique par mes lettres des 7 octobre 2007 et 13 janvier 2008. Son silence et son refus de débattre lui servent, en effet, seulement  à se prévaloir d’un prétendu pouvoir de droit divin – sans témoigner pour autant d’une grande profondeur de réflexion philosophique, mais en tout cas d’une grande malhonnêteté et lâcheté intellectuelles : jusqu’à preuve du contraire !

 

L’occasion est trop bonne, compte tenu de la notoriété de votre association et de la médiatisation des récents cas qui ont touché l’opinion, pour la laisser passer sans provoquer le véritable débat d’idées, qui consiste, non pas à opposer, « à l’infini », des points de vue relatifs partisans à d’autres tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, tous sans exception, à LA Vérité éternelle absolue, qui suffit à tous les invalider - en matière de vérité !

 

Ne gâchez pas cette occasion, qui ne se reproduira pas de sitôt, de porter « ce » débat sur la place publique pour provoquer un véritable électrochoc dans les consciences, éveiller la foule des superstitieux qui s’ignorent et mettre enfin au pied du mur toux ceux qui se retranchent derrière un silence craintif – intérêts de toutes sortes obligent !

 

C’est pourquoi je vous fais parvenir à nouveau le texte qui les dénonce, et en vous assurant de ma totale disponibilité pour préciser ce qui peut vous poser éventuellement problème, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

 

 Annexe : Mensonges et lâcheté des élites

Publié dans COURRIER "Divers"

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