« La France "otage" de ses droits de l’Homme » ! [FIN]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 29 mai 2008

Objet :

« La France "otage" de ses droits de l’Homme » !


Monsieur Jean-Claude Dubois
Ligue des droits de l'Homme
138, rue Marcadet
75018 PARIS
Courriel : ldh@ldh-france.org 


 
Monsieur,


Contrairement à vous, j’affirme et réaffirme qu’aucun catéchisme de la planète, et pas davantage la Déclaration de 1948, n’exprime quoi que ce soit d’absolu dans ses commandements et ses interdits - sauf à être contraint de les « relativiser » ensuite, donc de se contredire, comme l’illustre l’examen des articles 19 et 29 sur la liberté d’expression.

 

L’article 19, en effet, prône a priori une liberté d’expression absolue, mais les rédacteurs de 1948, forcément conscients que l’absolu, la liberté d’expression idéale, ne sera jamais de ce monde, ont été conduits à la « relativiser » dans l’article 29, c’est-à-dire à lui retirer sa prétendue « absoluité » en confiant à l’arbitraire des Etats, et donc à celui de différents groupes de pression, le soin de déterminer ce que chacun a le droit de penser et de dire !

 

En pratique, il en est résulté que la restriction apportée par l’article 29 à la liberté d’expression, telle que l’énonçait l’article 19, s’est de facto transformée en « absolutisation fictive » de la liberté d’expression - et c’est seulement sur cette liberté d’expression fictivement absolue que se fondent les censeurs des groupes de pression moralisateurs pour museler l’opinion à leur convenance ! Ainsi, inspirés seulement par leurs intérêts de toutes sortes, ils ont pu imposer « leur » vision mensongère d’un Bien et d’un Mal dits absolus pour régir la marche morale de la société française ; en tout cas, ce n’est pas en confrontant leurs points de vue superstitieux à LA Vérité absolue - ils en ont bien trop peur pour leurs intérêts, car si « ça » se savait…

 

Il se trouve que ce simulacre de vérité ne va pas sans incohérence, ainsi que l’illustre ce propos croquignolet de Jean-Louis Bianco, ex-directeur de campagne de Ségolène Royal, déclarant (sans rire !) sur RMC Info : « On a le droit de tout dire, mais il y a des limites. » (Sic !) Et pour ce qui est des limitations arbitraires apportées à la liberté d’expression, chacun peut faire entièrement confiance à votre association – elle n’est pas en manque d’imagination ! ! !

 

Jean-Louis Bianco a néanmoins traduit, on ne peut mieux, l’esprit boiteux du catéchisme universel dans son incohérence, mais il n’a pas réussi pour autant l’impossible amalgame entre absolu et relatif : ce  qui ne sera jamais de notre monde, et ce qui relève seulement de lui.  Comme le dit Brunner : « Le premier stade du chemin philosophique est la distinction entre le relatif et l’absolu », et ceci me conduit à préciser sommairement ce que seraient un Bien et un Mal « absolument » absolus, s’ils se rencontraient réellement dans ce monde.

 

LE Bien absolument absolu, ou idéal, ne saurait comporter aucune restriction, aucune limitation relative de quelque sorte. En conséquence, il ne pourrait comprendre que du positif, des avantages, sauf à ne pas être ce qu’il prétend. De même, et pour les mêmes raisons, LE Mal absolument absolu présenterait seulement du négatif, des inconvénients. C’est pourquoi, sauf à vous de soulever des objections philosophiquement étayées, ils ne se trouvent pas dans notre monde, où TOUT est  « relatif », comme chacun peut le constater !

 

Au vu des évènements personnels de sa vie, en effet, nul individu sensé ne saurait contester que TOUT y comporte, à la fois, du « pour », du positif, des avantages (même s’il ne sait pas les reconnaître tout de suite), et du « contre », du négatif, des inconvénients, entre lesquels chacun tranche seulement en fonction de ses intérêts égoïstes, individuels et collectifs, en distinguant ce qui est favorable à sa vie, son égoïsme, et ce qui la contrarie.

 

Cette évidence, sauf à vous de la contester, n’a pourtant pas empêché la « débilité intellectuelle » de l’époque de faire croire jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions, à propos de la période coloniale, que quelque chose d’humain pourrait comporter « exclusivement » du négatif, des inconvénients – et défense de dire le contraire, sous peine de sanctions, les censeurs surveillent la pensée unique !

 

Pour conclure sur ce point, j’affirme qu’il n’y a de Bien et Mal absolus, dans notre monde, que ceux décrétés arbitrairement comme tels par des faiseurs d’opinions intellectuellement malhonnêtes ou ignorants. Sans développer davantage, mais pour conforter mon propos, je vous renvoie à ce mot de Spinoza, qui, en véritable philosophe, ne confondait pas l’absolu, la substance, et le relatif, notre monde, puisqu’il déclare :

 

« Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne  (absolument bonne, ou bonne « en soi » !), mais c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne. »

 

Toutes les choses de notre monde sont donc « relatives », sauf à vous d’établir le contraire, et par conséquent Bien et Mal absolus constituent la première fiction de la superstition moraliste, puisque leur « relativité » est patente en tout temps et en tous lieux. En effet, ce qui est jugé bien ici est estimé mal ailleurs - et ceci vaut également entre des situations d’hier et d’aujourd’hui. Les prises de position différentes sur l’IVG et sur l’euthanasie, par exemple, dans divers Etats de l’Union européenne suffisent à le confirmer, et la relativité est la même quant à l’abolition de la peine de mort sur la planète - pas de quoi, par conséquent, en tirer des jugements moralisateurs absolus ; et ce, d’autant moins que les revirements d’une opinion versatile sur les sujets de société sont imprévisibles !

 

Pourtant, la relativité de tout ce qui est humain n’empêche pas votre moralisme superstitieux de condamner comme honteux, ici, ce qui se pratique ailleurs sans choquer personne, qu’il s’agisse, par exemple, des tests ADN ou de la rétention de clandestins. D’où, à nouveau, ma question : QUI vous a faits Dieu pour vous autoriser ainsi à dicter l’Absolu, en toutes circonstances ? !

 

La seconde fiction du moralisme consiste à distinguer artificiellement « deux » catégories d’êtres humains, au point même d’envisager l’idée  de « deux » natures humaines, aux frontières étroitement étanches : l’une réservée - par élection divine sûrement ! - aux bons, aux « vertueux », aujourd’hui les prétendus antiracistes, nous, et l’autre pour les méchants, les « salauds », les racistes, eux.  Outre que cette fable a été dénoncée sans ambiguïté, il y a bientôt deux mille ans, par l’un des grands diseurs de LA Vérité éternelle absolue, l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire devrait conduire chacun à reconnaître lucidement qu’il se conduit dans ses affaires d’amour, d’argent et de gloire, tantôt bien, tantôt mal, selon les circonstances et l’intensité de ses désirs égoïstes. En réalité, toutefois, que nous agissions bien ou mal, notre comportement est toujours guidé par nos intérêts égoïstes, individuels et collectifs !

 

Certes, votre hypocrisie intéressée aura sûrement beaucoup de mal à l’admettre – publiquement tout au moins, car c’est trop dérangeant pour vos intérêts de toutes sortes de ne pas pouvoir lancer d’anathèmes ! L’exemple de l’esclavage est édifiant à ce sujet. Ainsi, en son nom, les communautés noire et musulmane, d’ici et maintenant, font culpabiliser la France et les Français pour un passé révolu de plusieurs siècles, alors que leur discours est mensonger, parce que partiel et mutilé, donc partisan.

 

Non seulement elles oublient que leurs propres ancêtres noirs et musulmans ont été également des « négriers », mais aussi parce qu’elles dissimulent sciemment que l’esclavage passé, qu’elles dénoncent, perdure sur le continent africain et en terre d’islam, comme en témoigne le récent livre de Malek Chebel, L’esclavage en terre d’islam (aujourd’hui) : bonjour l’honnêteté intellectuelle ! ! !  

 

De même l’actualité internationale au Proche et Moyen-Orient ainsi que sur le continent africain, entre autre, nous montre que les congénères des donneurs de leçons de morale à la France et aux Français, considérés comme des vertueux par le seul fait d’être immigrés - y compris clandestins -, s’entretuent à qui mieux-mieux dans des conflits interethniques et interreligieux, qui ont fait des millions de victimes, tandis que d’autres construisent un nouveau mur de Berlin pour séparer deux peuples qu’ils entendent réconcilier, paraît-il !

 

Alors, à l’aune de cette réalité incontestable, que les juifs, les Arabes, musulmans ou non, et les Noirs commencent à balayer devant leur porte et réservent leurs leçons de morale à leur propre usage, car ils ne sont pas plus « irréprochables » que tous les autres humains d’aujourd’hui !  Qu’ils prennent modèle sur la communauté asiatique, dont les membres ne semblent pas victimes de racisme malgré la différence de couleur de peau et de religion, et le fait qu’ils s’abstiennent de reprocher sans cesse à la France son passé colonial, qu’ils ont eu aussi à subir, et qu’ils n’ont jamais mis en péril la République, tient peut-être lieu d’explication ! ! !

 

S’il y a des psychologues intellectuellement honnêtes parmi vous, ils devraient, non seulement admettre que les individus et les groupes d’individus n’acceptent pas, de gaîté de cœur, les leçons de morale des Autres, d’autant moins au nom d’un passé dont ils ne portent aucune responsabilité, mais aussi reconnaître que ces constantes condamnations moralisatrices ne contribuent en rien à améliorer l’unité d’une nation – sauf à participer à un dialogue non biaisé pour évacuer les mensonges et les dissimulations partisanes !

 

Il est, par ailleurs assez aberrant de constater que ces condamnations moralisatrices de la France d’hier, voire d’avant-hier, proviennent d’individus devenus citoyens français, mais dont le discours partisan oublie de voir ce qui se passe dans leur pays d’origine – certes, comme chacun le sait bien, ce qui caractérise d’abord  les « vertueux », les donneurs de leçons de toutes les époques, c’est de reprocher aux Autres ce qu’eux-mêmes, ou leurs semblables, ont fait hier, et referont demain, à la première occasion où leurs intérêts de toutes sortes l’exigeront !

 

Pour terminer, je mentionne, sans développer amplement, la troisième fiction du moralisme, à savoir la croyance en un prétendu « libre arbitre », en raison des comportements qu’elle induits dans la société. Outre l’aberration intellectuelle et philosophique prétendant qu’il suffirait de vouloir pour pouvoir (comme chacun peut en juger, aujourd’hui, d’après la réalité économique et le pouvoir d’achat ! ! !), cette pseudo-volonté libre sert également à distribuer les louanges et les blâmes, à distinguer les bons et les méchants.

 

En effet, partant du principe que nous sommes libres, c’est-à-dire miraculeusement détachés de l’enchaînement infini de l’infinité des causes et des effets de tout ce qui se produit dans notre monde -  à l’image du Dieu superstitieux, en somme ! -, non seulement nous sommes censés pouvoir opter « librement » entre agir bien ou mal (en toutes circonstances !), mais surtout cette libre volonté permet d’attribuer nos réussites à notre seul mérite – sans aucune intervention extérieure ! -, et inversement d’imputer nos échecs seulement à nous, puisque nous avions le libre choix de réussir ou d’échouer !

 

Il en va ainsi pour nos opinions, et vous ne vous privez pas d’en user et d’en abuser. En effet, puisque nous sommes censés disposer d’un « libre arbitre », tel le Dieu-créateur superstitieux, lorsque nous pensons mal, aux yeux des censeurs autoproclamés en général, et aux vôtres en particulier, c’est de notre faute : nous avons délibérément, « librement », fait ce mauvais choix – il faut donc nous combattre, voire nous éliminer !

 

De même que d’autres, en leur temps, avaient mérité d’être empoisonnés, crucifiés, brûlés ou excommuniés pour « délit d’opinion », nous méritons aussi d’expier nos mauvaises pensées, et c’est ainsi qu’à notre époque Michel Houellebecq, Jean-Marie Le Pen et Brigitte Bardot, entre autres, sans oublier Edgar Morin, ont mérité le bûcher médiatique et la comparution en justice, dans le même temps où les vendeurs d’illusion doivent à leur « libre choix » de parader dans les médias, puisqu’ils pensent bien - avec leurs promesses mensongères et leurs condamnations moralisatrices partisanes !

 

La « débilité intellectuelle » de l’époque est décidément infinie - elle va même jusqu’à promettre à l’humanité l’avènement d’un « climat sur mesure » pour l’éternité, mais c’est un autre débat ! En revanche, pour justifier l’objet de ce courrier, je maintiens que vous prenez la France en otage sur la seule base d’un catéchisme superstitieux, et ceci conduit, non seulement à empêcher de prendre des décisions adoptées pourtant dans d’autres Etats démocratiques de l’Union européenne en matière d’immigration notamment, et même à légitimer la violation de nos frontières, au mépris du Droit le plus élémentaire ainsi bafoué.

 

Néanmoins, dans l’un de ces procès en sorcellerie dont vous avez le secret, celui de Michel Houellebecq en l’occurrence, une magistrate  intellectuellement honnête et courageuse a désavoué l’avantage accordé à la morale face au droit, en déclarant: « La justice dicte le droit, pas la morale ! » ; heureusement, puisque l’un est objectif, donc moins sujet au changement, tandis que l’autre est subjective, c’est-à-dire fluctuant au gré des faiseurs d’opinion, sans nier pour autant le lien entre l’un et l’autre.

 

Et aujourd’hui, le rapport de force serait plutôt en faveur des groupes de pression moralisateurs, tellement l’opinion est anesthésiée par le catéchisme universel rabâché à longueur de temps et sur tous les médias, qui, parlant de la Shoah, qui, de l’esclavage et de la colonisation - réveillez-vous, nous sommes en 2008 ! 

 

Je m’en tiens là dans l’attente de vos éventuelles objections étayées rationnellement, voire philosophiquement, et en vous remerciant de votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

 

Annexe : Mensonges et lâcheté des élites

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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