Papon, Bousquet et Mitterrand : fin d'un "trio" infernal...

Publié le par Sylvain Saint-Martory


Le décès de Maurice Papon, l'un des rares survivants proches de la mort, évoqués hier dans mon post consacré aux mémoires sélectives, tombe à point nommé pour rafraîchir précisément des mémoires « à géométrie variable » assurément avides de vengeances posthumes, mais oublieuses de leurs propres « crimes contre l’humanité », ici et là dans le monde d’aujourd’hui - mais hier également : précisément pendant la Shoah, où des juifs ont dénoncé d'autres juifs en  les  envoyant ainsi dans les camps d'extermination nazis ! Que ces derniers n'aient pas eu la nationalité française me semble être une excuse totalement «  irrecevable » - sauf à quiconque d'émettre un avis contraire !

 
C’est pourquoi je pose aussi d’emblée ce post dans le cadre de la lutte contre la superstition moraliste : celle qui admet la prétendue coexistence des bons et des méchants, des « vertueux », nous, et des « salauds », eux, en se fondant seulement sur la fiction d’un Bien et d’un Mal soi-disant absolus, dont les uns et les autres seraient respectivement les représentants sur Terre. Comme beaucoup l’auront remarqué, voire dénoncé, les bons reprochent toujours aux méchants ce qu’ils ont pourtant fait hier, eux-mêmes, et qu’ils referont demain à la première occasion, quand leurs intérêts de toutes sortes l’exigeront !

Ils sont tellement bons d'ailleurs, ils aiment tellement les Autres qu'ils ont comme souci primordial de les faire culpabiliser, au point d'atteindre à l'absurde ! Ainsi, de nouveaux migrants devenus français, mais apparemment masos, font culpabiliser les Français, dont ils sont désormais ; et par conséquent,  également  responsables des turpitudes de l'Histoire de France et des Français  !

Quand est-ce que les humains se décideront, au moins majoritairement,  à admettre, une fois pour toute, cette vérité éternelle rappelée au monde il y a près de deux mille ans, à savoir qu’il n’y a pas les bons et les méchants, mais seulement des individus égoïstes, dont aucun n’est légitimé à se prétendre meilleur que les autres ? A la saint Glin-glin, comme dab, sauf à pouvoir éradiquer l’hypocrisie, de notre nature humaine ! ! ! Dire « plus égoïste que moi, tu meurs », ce n’est pas un gros mot, c’est notre réalité à tous – sauf que « ça » écorcherait la « g….e » de beaucoup de le dire, tellement « ça » a du mal à sortir…

 

Papon est mort, mais au moins a-t-il  été jugé et condamné, même si cela ne fait pas pour autant l’affaire de tous, et notamment celle de la vérité historique, comme le dossier « Papon : les Français et Vichy » publié par L’Express du 28 septembre 1990 le souligne. Alors, sauf si les « censeurs autoproclamés » veulent bien mettre enfin un terme à leur querelle de mémoires en observant « pudeur et bouche cousue », si nous parlions aussi de Bousquet et de Mitterrand ?



Certes, d’aucuns rétorqueront que L’Express est un hebdomadaire de droite, et ils ont raison, mais les mêmes passent trop facilement sous silence le pacte germano-soviétique conclu entre Staline et Hitler, tant ils sont habiles à imposer « leur » Histoire sur mesure. Comme si les historiens n’étaient pas aussi capables de « partialité » que le premier quidam venu - et nous, pauvres TARÉ(E)S, nous en attendrions l’objectivité !

 

Les « vertueux autoproclamés » devraient pourtant se souvenir de leur propre comportement dans les années 30, qui a conduit à la piteuse capitulation du radical (de gauche) Daladier à Munich. Cette période revisitée par Jean Sévillia dans son ouvrage « Historiquement correct », publié en mars 2003, rappelle à notre mémoire les déclarations et des faits de l’entre-deux-guerres imputables à la gauche, du style :

 
« Le peuple français ne veut pas faire tuer des millions d'hommes et détruire une civilisation pour rendre la vie plus facile aux cent mille Juifs des Sudètes. » (Le Pays normand, organe de la fédération socialiste du Calvados)

 

« Ce sont les Juifs qui veulent la guerre contre l'Allemagne pour protéger leurs coreligionnaires. » (Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères, La République de Périgueux, organe du parti radical)



« Le pays ne sera sauvé que provisoirement par les seules frontières armées. Il ne peut l'être définitivement que par la race française, et nous sommes pleinement d'accord avec Hitler pour proclamer qu'une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle est raciale. » (Jean Giraudoux, écrivain, Commissaire à l'Information dans le gouvernement Daladier)



Dès 1931, la presse syndicale de la CGT ou de la CGT-U (communiste) lance des invectives contre les étrangers qui volent le travail des Français. En novembre de cette même année, la SFIO dépose une proposition de loi tendant à interdire l'entrée en France des ouvriers étrangers. Le projet est voté à l'unanimité de la Chambre, radicaux, socialistes et communistes compris.

 

En mai 1932, le Cartel des gauches remporte les élections législatives. Le gouvernement Herriot fait adopter une loi « protégeant la main d'œuvre nationale ». Le texte précise que les entreprises passant un marché avec l'État ne devront pas employer plus de 5% d'étrangers. Cette loi de préférence nationale sera abrogée en 1981, au début du premier septennat de François Mitterrand : lors des débats, on oubliera de dire que cette législation avait été conçue par la gauche.



Le 2 août 1933, Daladier étant président du conseil, le ministre de l'Intérieur, le radical Camille Chautemps, donne cette consigne aux préfets des départements frontaliers du Nord et de l'Est :

« Il m'a été signalé qu'un assez grand nombre d'étrangers venant d'Allemagne se présentent à notre frontière et, s'autorisant à tort de la qualité de "réfugiés politiques", demandent l'accès de notre territoire et le droit d'y séjourner. Il importe de ne pas céder à de pareilles sollicitations. L'introduction en France des Israélites chassés d'Allemagne doit se poursuivre avec une extrême circonspection. »

 

Le 14 avril 1937, Max Dormoy, ministre de l'Intérieur socialiste du gouvernement Blum, prescrit aux préfets de « refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s'introduire sans passeport ou titre de voyage valable ou qui n'aura pas obtenu de visa consulaire s'il est soumis à cette formalité. »

 

A partir de 1934, la direction générale de la Sûreté nationale centralise divers fichiers constitués par l'administration. Cinq millions de Français et deux millions d'étrangers, classés « suspects » ou « indésirables » sont mis en fiche. Nommé sous-chef de bureau au cabinet du directeur de la Sûreté nationale, en 1936, un fonctionnaire supervise ce fichier général. Il a obtenu cette responsabilité parce qu'il est bien noté en raison de ses opinions plutôt à gauche, et de son loyalisme sans faille avec les institutions républicaines. Il s'appelle René Bousquet ! ! !

 

Le pacifisme de la gauche dans l'entre-deux-guerres a conduit à la débâcle de 1940, puis au régime de Pétain (comme les propos ci-dessous en témoignent)

« Mieux vaut la servitude que la guerre » (Syndicat national des instituteurs)



« Tout plutôt que la guerre, tout ! Même le fascisme en Espagne, même le fascisme en France, même Hitler. » (Roger Martin du Gard, grande figure progressiste de l'époque)

 

« Il faut s'entendre avec quiconque veut la paix, avec quiconque offre une chance, si minime soit-elle, de sauvegarder la paix. Il faut s'entendre avec l'Italie en dépit de la dictature fasciste. Il faut s'entendre même avec l'Allemagne d'Hitler. » (Maurice Thorez, député communiste, Déclaration à l'Assemblée du 2 septembre 1936)



Simone Weil – à ne pas confondre avec Simone Veil – n'hésitait pas à confier à son ami Gaston Bergery, homme de gauche aussi, qu' « elle préfère l'hégémonie allemande à la guerre, même si cela doit se traduire par certaines lois d'exclusion contre les communistes et les Juifs. » (Sic...)


Fouiller dans les poubelles de l’Histoire, quarante ans après des faits que je suis le dernier à nier, présente du positif et du négatif.  Par une bizarrerie de l’Histoire, à savoir l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, cette gauche vertueuse des années 30 s'est refait  une virginité à bon compte, mais son ex – grand leader, dont photo ci-après en bonne compagnie, celle d’officiers nazis, ne peut pas échapper à son passé, devant l'Histoire !

 

Toutefois, ce n’est qu’après avoir lu l’extrait ci-dessous du dossier d’Eric Conan, « La vraie vie de René Bousquet », publié dans L’Express du 28 septembre 1990, que chacun pourra apprécier à sa « juste valeur » ce propos tenu par François Mitterrand sur son ami René Bousquet :

 
« Un ami reste un ami en toutes circonstances, et quoi qu’il ait fait  ! »…

Qu’a donc fait René Bousquet, durant cette période noire, pour que Mitterrand lui conserve une amitié indéfectible pendant près de 50 ans ? Rien de plus ni de moins que l’ex-président de la République française, à savoir mettre ses services à la disposition de Vichy dans sa politique « collaborationniste » antijuive, sinon pourquoi la francisque..? !



A propos du radical-socialiste René Bousquet (1909-1993), adoubé par les empereurs du radical-socialisme toulousain, Maurice Sarraut (sénateur et patron du quotidien régional La Dépêche) et son frère Albert (député et ministre quasi permanent sous la IIIe République), puis devenu Secrétaire général de la police du régime de Vichy de mai 1942 au 31 décembre 1943, Eric Conan écrit notamment :

 

« Les SS décidèrent donc, sur une base de « camaraderie policière», de laisser quelque autonomie au secrétaire général à la police de Vichy, à condition qu'il dirige ses troupes « dans le même esprit que la police allemande, c'est-à-dire lutte contre le communisme, les saboteurs de tous ordres, les terroristes ». Le caractère hautement bénéfique de ce choix sera confirmé, un an plus tard, par Heinrich Himmler lui-même, après sa rencontre secrète - durant plus de cinq heures - avec le chef de la police française, à Paris, en avril 1943.


René Bousquet joua ainsi un rôle déterminant dans la participation de la police aux opérations de déportation des juifs. Dès mai 1942, il s'était déjà montré plus que coopératif en demandant à Reinhard Heydrich (venu lui annoncer l'évacuation prochaine des juifs apatrides de la zone occupée) s'il ne pouvait pas également déporter les juifs apatrides enfermés, depuis un an et demi, dans les camps de la zone sud. Les Allemands, qui s'avouent un peu surpris, saisissent l'offre: dès le 17 juillet, trois trains de 1 000 personnes partiront, chaque semaine, de la zone non occupée.

 
Le 2 juillet 1942 a lieu la rencontre décisive de René Bousquet et Karl Oberg pour la préparation des arrestations des 16 et 17 juillet, dans la région parisienne (rafle du Vel' d'Hiv'). En échange de l'ajournement des déportations de juifs français, René Bousquet propose de «faire arrêter les juifs étrangers dans toute la France». Les Allemands, qui n'espéraient pas que les choses se passeraient si bien et voyant tout l'intérêt de procéder par «étapes», sautent sur l'occasion.


«Vu que les juifs de nationalité française ne devaient, pour le moment, pas être arrêtés, Bousquet se déclara prêt à faire arrêter les juifs étrangers, dans toute la France, par une action réalisée en commun et en quantité souhaitée par nous», rapportèrent-ils comme une victoire. Cet engagement de René Bousquet à assurer l'exécution des rafles de juifs étrangers sera approuvé, le 3 juillet, par Pierre Laval. Grâce à eux, la France est le seul pays d'Europe dans lequel des juifs séjournant dans un territoire non occupé par les Allemands furent déportés.


Les rafles de la région parisienne (qui aboutirent, notamment, à l'épisode tragique des milliers d'enfants séparés de leurs parents dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande) se révèlent moins fructueuses que prévu: de nombreux juifs, prévenus par certains policiers bienveillants ou des tracts de la résistance juive, y échappèrent. Le responsable de la police de Vichy s'efforce, donc, de faire mieux dans la zone sud.

 
Afin d'augmenter le rendement de la grande rafle, prévue pour le 26 août, il adresse aux préfets de sa propre initiative et par télégramme secret, de nouvelles instructions annulant les précédentes dispositions réglementaires, qui mettaient à l'abri des arrestations certaines catégories d'enfants. Désormais, ceux de moins de 18 ans et les pères et les mères ayant un enfant de moins de 5 ans ne sont plus épargnés. Le 22 août, il recommande aux préfets de sévir contre les fonctionnaires manquant de zèle: «Vous n'hésiterez pas à briser toutes les résistances que vous pourrez rencontrer dans les populations et à signaler les fonctionnaires dont les indiscrétions, la passivité ou la mauvaise volonté auraient compliqué votre tâche.»


Il décide aussi que les opérations seront massives mais rapides, ainsi que le souligne Ernst Heinrichsohn de la Gestapo, dans un rapport du 17 août: «Ces rafles sont de grande envergure, car M. Bousquet estime qu'il est préférable d'arrêter tous les juifs en une seule grande rafle que de procéder à plusieurs rafles isolées, lesquelles permettraient aux juifs de se cacher ou de fuir à destination des pays neutres frontaliers.»

 
Malgré toutes ces précautions les résultats ne satisfont pas le chef de la police qui s'adresse, à nouveau, aux préfets, par télex, le 30 août:

 

 «Attire votre attention sur écart sensible entre nombre israélites étrangers recensés et nombre arrêtés. Stop. Poursuivre et intensifier opérations police en cours avec tout le personnel police et gendarmerie disponible.»

 

Certains enfants, réfugiés dans des foyers après l'arrestation de leurs parents, le 26 août, furent ainsi récupérés par les policiers français et rassemblés dans le camp de Rivesaltes, avant leur départ pour l'Allemagne.


Dans son concours à la déportation des juifs, la logistique française fut déterminante: arrestations effectuées par les policiers, grâce à leur fichier; transport et internement dans des camps de concentration français. Opérations énormes que les Allemands n'auraient jamais pu réaliser seuls. Cet engagement minutieux, voire tatillon, dans l'exécution des crimes nazis n'empêche pas René Bousquet de jouer un rôle essentiel de conseiller auprès de Pierre Laval.


Quand, rituellement, vers 18 heures, le chef du gouvernement quitte l'hôtel du Parc pour sa résidence de Châteldon, trois personnes de confiance filtrent les coups de téléphone qu'il reçoit: Jean Jardin, Charles Rochat, secrétaire général du Quai d'Orsay, et René Bousquet... «J'étais le collaborateur le plus proche de Laval», confirmera-t-il, lui-même, après la guerre. Le chef du gouvernement lui fait souvent lire ses discours. René Bousquet précisera, en 1952, que, Laval lui ayant soumis le fameux discours contenant sa plus célèbre phrase - «Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que sans elle le bolchevisme s'installerait partout dans le monde» - il l'avait mis en garde, jugeant celle-ci «excessive et inopportune». Tout en ajoutant: «C'est très exactement ce que déclaraient quelques hommes d'État isolés mais lucides, en Europe et ailleurs, en cette même année 1942.»


Et lorsque, à la suite des rafles de l'été 1942, quelques évêques et cardinaux se réveillent et protestent, c'est René Bousquet qui a l'idée de génie de les faire taire en menaçant les subventions et les privilèges fiscaux des écoles catholiques... Suggestion que Laval adoptera, en octobre, avec un succès certain auprès de la hiérarchie catholique. » [Fin de citation]


« Pudeur et bouche cousue », donc, sur cette période, durant laquelle les compromissions avec l’ennemi n’ont épargné aucun milieu : fonctionnaires, chefs d'entreprise, médecins, cinéastes, acteurs, etc., sans oublier la foule des anonymes acclamant Pétain sur son passage par dizaines, voire centaines, de milliers, comme l'attestent des images d’archives des années 40...

 
Alors, Papon, peut-être, mais aussi ses deux acolytes incontestables, dont l’un est même parvenu à la magistrature suprême avec le concours des « vertueux », moins vertueux qu’il ne paraît, mais « ambigus » plutôt ! Espérons, au moins, que la disparition de ce « trio »  infernal permettra à la France de regarder ailleurs que dans son rétroviseur !  Cela  tient précisément aux diverses communautés, ce sur quoi je reste encore dubitatif aussi longtemps que subsisteront des intérêts de toutes sortes à « grapiller »...



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