Manifeste contre l'islamisme

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 2 mars 2006 

Objet : « Manifeste contre l‘islamisme »

Monsieur Philipe Val
Rédacteur en chef
Charlie Hebdo
44 rue de Turbigo
75003 Paris
Fax : 01 44 61 96 11
Courriel :
redaction@charliehebdo.fr

(A l’attention de la Direction et de la rédaction, caricaturistes inclus)

Monsieur,

Le manifeste contre l’islamisme, publié par Charlie Hebdo et repris aujourd’hui par l’Express, me donne l’occasion de vous rappeler ma lettre du 3 février dernier, toujours sans réponse à ce jour, mais dont la copie est à votre disposition.

Dans ce courrier figurait notamment la copie de mon courriel du 20 octobre 2003, intitulé « Islamophobie », adressé chronologiquement à Noël Mamère, Jean-Pierre Raffarin et Mouloud Aounit, et dont seul le nouvel Observateur avait jugé utile à l’époque de publier un court extrait : à vrai dire, le seul passage « politiquement correct » aux yeux de l’hebdomadaire, puisqu’il s’intitulait « Spinoza et Claude Lévi-Strauss contre l’islam ». Toutefois, en ces « temps de honte », ils étaient très nombreux à se coucher devant l’islam, à commencer par Charlie Hebdo, sauf à vous de me prouver avoir dénoncé, alors, les « censeurs autoproclamés » qui jetaient l’anathème sur les islamophobes avérés, parmi lesquels Claude Imbert, directeur-éditorialiste du Point, livré en pâture à l’opinion « bien-pensante », pour laquelle dénoncer la superstition musulmane confinait au Mal absolu.

Cependant, encore récemment dans l’émission « On a tout essayé » de France 2, le vertueux Stéphane Pocrain – forcément vertueux, puisque dans « vertueux », il y a « vert » ! - parlait encore d’ « islamophobie », au sens de l’amalgame entre critique des idées et condamnation moralisatrice des personnes, en tout point semblable à la confusion assimilant antisionisme et antisémitisme. Pour l’anecdote, pas plus tard qu’hier, dans la même émission, la « Kenza du Loft 1 », venait encore dénoncer, au nom de la superstition musulmane, la publication des caricatures de Mahomet ; vous avez dit « islamique » ou « islamiste ».. ? ! Merci de bien vouloir m’indiquer vos critères de distinction…

Admettons, cependant, qu’ « il vaut mieux tard que jamais » pour faire avancer LA Vérité éternelle absolue, et je vous donne acte bien volontiers de votre manifeste même tardif, bien loin toutefois de régler le problème de fond de l’islam, tel que dénoncé par Taslima Nasreen et Ayaan Hirsi Ali. Il se résume au titre de leurs entretiens respectifs accordés par l’une au nouvel Observateur en septembre 2002, intitulé « Il faut critiquer l’islam », et par l’autre à l’ Express en mai 2005, sous le titre « Le problème, c’est le prophète et le Coran ».

C’est trop facile, en effet, de dénoncer l’islamisme « indistinctement et anonymement », en oubliant l’islam. Quel visage représentatif et public ont-ils ces islamistes dénoncés ? Ce n’est pas très courageux, intellectuellement parlant ! Qui représente en fait, ici et là dans le monde, l’islamisme dénoncé à juste titre, hormis Ben Laden ? S’agit-il des dizaines de millions, voire centaines, de défenseurs du prophète dans sa Parole du VIIème siècle ? Ou bien de ceux qui se prétendent laïques et intentent des procès pour « délit de blasphème », au point d’envisager même de le faire inscrire dans la Constitution française ? Ou peut-être encore de religieux, à l’exemple de Dalil Boubakeur, ou bien de Tariq Ramadan, chouchou des médias nationaux - en dépit de sa nationalité helvétique ! - et des forums altermondialistes malgré ses propos apologétiques de l’islam, et son soutien sans faille apporté au port du voile islamique, y compris en France ? C’est tellement facile pour un islamiste de se dissimuler sous l‘aspect d’un musulman paisible - comme l’a montré notamment un certain 11 septembre à New York et à Washington -, tant qu’il n’est pas pris en flagrant délit, et tant que l’on ne lui oppose pas la dénonciation légitime de l’islam, comme étant l’une des expressions de la superstition religieuse, au même titre que toutes les autres.

Peu m’importe, d’ailleurs, de savoir qui sont concrètement ces islamistes dissimulés, avançant parmi nous le visage masqué, car dénoncer ainsi seulement l’islamisme dans sa volonté politique de faire prévaloir la loi d’Allah sur les lois humaines, comme c’est le cas en Iran où les gardiens de la révolution veillent à la conformité, donc à l’assujettissement des unes à l’autre, c’est demeurer encore et toujours dans la Superstition, et plus précisément dans la superstition religieuse. Néanmoins, je persiste et signe en déclarant la superstition islamique comme totalement « incompatible » avec les droits de l’homme d’aujourd’hui, aussi longtemps que l’islam – encore et toujours l’anonymat : à croire qu’il est pratiqué seulement par de « purs esprits » ! – n’aura pas renoncé officiellement à ses pratiques obscurantistes qui ne sont pas partagées par le judaïsme et le christianisme, à savoir charia, fatwa, appel au djihad, lapidation des femmes, crimes d’honneur, mariages forcés, voire pédophiles aux yeux de notre législation, etc. J’ai déjà indiqué la raison majeure pour laquelle les « naïfs » attendront jusqu’à la saint Glinglin l’itchiad qui leur est promise, puisqu’il n’existe aucune autorité mondiale musulmane reconnue comme étant en mesure de décider des réformes à entreprendre pour adapter l’islam à la modernité, et pour les faire ensuite appliquer à la communauté musulmane universelle.

En revanche sur le fond, les religions monothéistes ne diffèrent guère, et c’est pourquoi je juge particulièrement malvenue la signature de Bernard-Henri Lévy à votre manifeste, pour une raison déjà évoquée dans ma lettre du 3 février, que je vous rappelle :

« Avant 2003, toutefois, j'avais déjà dénoncé le soutien apporté à la superstition spécifique de l'islam par de "pseudo-intellectuels", et je vous invite à me citer les noms de ceux qui n'auraient pas courbé l'échine devant la superstition musulmane par malhonnêteté et lâcheté intellectuelles. Ce devrait être notamment le rôle des "vrais" philosophes, au sens précisé par Spinoza dans sa Correspondance (cf. Lettre LXXVI), dans la mesure où il y en aurait aujourd'hui, d'établir le fondement superstitieux des religions monothéistes, mais également de la scolastique idéaliste des Descartes, Kant et consorts, dont le Dieu est avec son "libre arbitre" et autres incohérences, en tout point semblable au Dieu religieux.

Dans ma lettre du 30 mai 2000, j'avais déjà attiré l'attention de Bernard-Henri Lévy sur la superstition religieuse, toutes religions confondues, en l'exhortant à jouer son rôle de philosophe, de "vrai" philosophe pour qui le "Dieu" de Spinoza est totalement incompatible avec le Dieu superstitieux, ce fantôme extra-mondain, soi-disant créateur de notre monde, dans lequel il interviendrait de surcroît providentiellement et mystérieusement, sans craindre toutefois de pratiquer le "deux poids, deux mesures" : un Dieu partisan, en somme, puisqu'il aurait même accordé à un peuple le bénéfice de l' « élection » ; je veux bien admettre que c'est trop demander à Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Armand Abécassis et Esther Benbassa, notamment, de la dénoncer à l'exemple de Spinoza ! Où sont-ils ces intellectuels assez courageux aujourd’hui pour oser braver les "censeurs autoproclamés", comme l'ont fait en leur temps Socrate, le Christ, Giordano Bruno et Spinoza, notamment..?

En dépit de la lettre mentionnée, en effet, Bernard-Henri Lévy, loin de s'engager à ma demande dans le combat contre la superstition religieuse et idéaliste, a récidivé, comme l'attestent diverses déclarations parlant d'un "islam des Lumières" : comme si son Dieu, avec ses contradictions et ses incohérences, pouvait être LA Vérité éternelle absolue ! » (fin de citation)

Je profite de l’occasion pour vous rappeler ma dénonciation des autres formes de la Superstition dans mon courrier précédent, à savoir la superstition idéologique, toutes idéologies confondues –altermondialisme inclus -, et la superstition moraliste [morale et condamnation moralisatrice des « autres » au nom de LA Morale], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l’homme, dont seule l’ « inobservation » est réellement universelle. A cet effet, était jointe dans mon courrier ma lettre du 17 janvier 2006 au quotidien Le Monde, à laquelle était annexée celle du 7 décembre 2005 à Jacques Chirac.

Votre silence et votre refus de débattre m’autorisent donc à dénoncer votre lâcheté et votre malhonnêteté intellectuelles, au même titre que les soi-disant « élites » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et des associations moralisatrices à sens unique et adeptes du « deux poids, deux mesures », figurant dans le texte ci-après, La lâcheté des élites, du seul fait de colporter les mensonges et les « croyances au miracle » du monde, sans avoir le courage intellectuel de prendre part au seul et unique « véritable » débat d’idées : celui qui ne consiste pas à opposer « à l’infini » des points de vue « relatifs partisans » à d’autres, tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, tous sans exception, à LA Vérité éternelle absolue, telle que sommairement exposée dans ce texte. Elle seule, en effet, est en mesure de mettre un terme définitif, un arrêt ultime, à notre penser « relatif » ou penser du « relatif », c’est-à-dire de tout le contenu pensé, hier, aujourd’hui et demain, dans et sur (à propos de) notre monde - lui-même seulement « relatif » à notre entendement pratique humain, en dehors duquel il n’a pas de réalité véritable ou absolue ; cependant, je n’entre pas ici dans ce débat philosophique, auquel je suis entièrement disposé, à votre convenance.

D’ici-là, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Annexe : La lâcheté des élites


Publié dans COURRIER "Médias"

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