Bernard-Henri Lévy : « TOUT et n'importe quoi »! [SUITE]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 19 mai 2008

 

 Objet :

« Ayaan Hirsi Ali, islam, islamisme, islamophobie, "maoïsme" et boycott »

 

 

 Monsieur Bernard-Henri Lévy

 Le Point

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SUITE 

 

[Transition : Pour conclure sur la superstition musulmane en général, j’affirme qu’on ne peut pas parler d’un  « islam des Lumières », déclarer que c’est une « grande religion »  et dire du Coran que c’est un « grand Livre », tout en prétendant comprendre la « vraie » philosophie - sauf à être un « philosopheur », et non un véritable philosophe ! ] 

Monsieur,

 

Malgré cette ambiguïté occultant totalement le point capital, qui relègue la religion, toutes les religions sans exception, dans le domaine des croyances superstitieuses, vous distribuez vos bons et vos mauvais points sur les fidèles de l’islam. Vous vous autorisez, non seulement à distinguer sur un tel fondement superstitieux originel les bons et les mauvais musulmans, en l’occurrence les islamistes, mais surtout à interdire de facto la critique d’une religion au prétexte moralisateur d’islamophobie. Ainsi, aujourd’hui, Voltaire lui-même serait interdit de parler vrai pour ne pas « crisper la communauté des musulmans » (de France) - selon l’expression de Manuel Valls, en son temps.

 

Par le fait de censeurs autoproclamés tels que vous, critiquer cette religion est devenu le comble de l’abomination moralisatrice dans une république prétendument laïque. Certes , posséder un palais en terre d’islam et souhaiter en jouir en toute quiétude conduit à faire certaines concessions à l’honnêteté intellectuelle la plus rigoureuse – quitte à restreindre une liberté d’expression, dont vous vous faisiez pourtant le chantre, au cours du débat de la honte organisé par Edwy Plenel dans son émission, Le monde des idées, diffusée sur LCI le 27 mai 2000 ! ! ! [Cf. lettre du 30 mai 2000, toujours à votre disposition] 

 

J’ai déjà maintes fois dénoncé l’assimilation intellectuellement malhonnête entre la critique légitime d’idées, en l’occurrence les conséquences pratiques d’une religion, et les attaques contre des personnes, musulmans ou pas, exactement comme il en va de l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme condamné sans ambiguïté par Brunner – lui, assurément, ne volait pas au secours de la superstition religieuse puisqu’en véritable philosophe, il n’avait de cesse d’en dénoncer les dogmes fondateurs – créationnisme et soi-disant libre arbitre d’un créateur, notamment.

 

Pour éviter de me rabâcher, je me limite à reprendre ici un extrait de ma lettre du 4 septembre 2003, dans laquelle, outre mes remarques personnelles sur l’islam et ses pratiques, je rapportai les propos de Taslima Nasreen et de Claude Lévi-Strauss sur la superstition musulmane. Vous pourrez ainsi constater que les anathèmes d’islamophobie lancés ici par des « vertueux », tout aussi intellectuellement courageux que vous pour débattre, en l’occurrence Jean-Pierre Raffarin, Noël Mamère et Mouloud Aounit, pourraient également s’appliquer aux déclarations d’une musulmane et d’un juif, puisque, selon vos critères, elles étaient également entachées du même péché islamophobe.

 

Dans le préambule de ce courrier, je m’attachai à montrer l’incompatibilité de l’islam avec les droits de l’Homme contemporains en matière de liberté et d’égalité notamment, mais il ne vous était pas interdit, depuis lors, d’établir éventuellement la fausseté des propos suivants :

 

« Tout d'abord, sauf erreur de ma part, l'islam stipule que les lois d'Allah sont au-dessus des lois civiles, si j'en juge d'après des exemples concrets de pays musulmans, tel le "Conseil des gardiens" chargé de veiller en Iran à la conformité des lois civiles à l'islam.

 

Ensuite, la charia, ou loi coranique, bafoue ouvertement le principe d'égalité, si l'on veut bien considérer, sans entrer ici dans les détails, la différence de statut juridique entre l'homme et la femme dans le monde musulman - de quoi faire hurler en principe un régiment de chiennes de garde, pourtant étrangement silencieuses chez nous sur cette question, malgré ce propos de Thérèse Clerc, responsable de la Maison des femmes de Montreuil, déclarant alors sur France Inter : "La burka commence à faire son apparition à Montreuil" ! Quel épanouissement pour la femme, en France, au XXIe siècle ! ! !

 

D'autre part, la fatwa est une atteinte manifeste et incontestable au principe de liberté d'opinion et d'expression, puisque cette pratique terroriste, toujours d'actualité, ne vise rien moins qu'à exterminer une personne pour avoir exprimé ses opinions au-delà de la limite "concédée par l'islam". Toutefois, nul ne s'en soucie chez les "politiques" de gauche, tout comme parmi les pseudo-intellectuels et philosophes "droits-de-l'hommiste" médiatisés, anciens communistes, trotskistes, staliniens, maoïstes, etc. - de quoi devenir, en effet, "spécialistes" en matière d'oppression de la liberté d'expression ! Et votre soutien du bout des lèvres, apporté à Robert Redeker dans l’un de vos bloc-notes, n’est pas fait pour me faire changer d’avis…

 

Quant à l'appel au djihad, lancé récemment encore contre les occupants américains par Saddam Hussein - et nombre d'Irakiens ! - dans une déclaration diffusée par Al Arabiya, n'est-il pas le droit de l'islam d'éliminer au nom d'Allah les "mécréants" en raison de leurs opinions, au mépris des valeurs humanistes, des principes et des lois républicaines ? Cet appel public au meurtre n'est-il pas la preuve de la volonté expansionniste hégémonique de l'islam qui ne recule devant aucun moyen dans ce but (extermination de chrétiens en Indonésie ou au Sud Soudan, par exemple) ?

 

Enfin, que dire de la morale inspirée par l'islam, qui va même jusqu'à interdire à des jeunes filles de certains quartiers de s’habiller à leur guise, sans oublier la pratique des mariages forcés et de la polygamie, autant de procédés certainement dignes à vos yeux d'une France laïque du 21ème siècle? Ils correspondent sûrement pour vous à une religion pleinement "compatible" avec nos principes républicains de liberté et d'égalité, une religion de paix et de tolérance, comme vous semblez l’admettre, faute de le dénoncer ; ou bien, comme je l'affirme, témoignent-ils plutôt de l'obscurantisme d'un autre millénaire (le premier !), qui s’est répandu en Occident ?

 

Sur la prétendue tolérance de cette religion, dont vous nous rebattez les oreilles, Michel Onfray semble en total désaccord avec vous, et je vous rappelle, par exemple, l'interdiction faite à tout non musulman de participer au pèlerinage de La Mecque, ou celle de bâtir des églises dans nombre de pays musulmans, tandis que la France se couvre de mosquées.

 

Toutefois, comme je ne peux pas dire pire pour dénoncer l'islam que Spinoza, Taslima Nasreen et Claude Lévi-Strauss, entre autres, je vous rappelle successivement leurs déclarations sur la superstition islamique :

 

"Je reconnais tout l'avantage de l'ordre politique qu'instaure l'église romaine et que vous louez tant. Je n'en connaîtrais pas de plus apte à duper la foule et à dominer les âmes, s'il n'existait l'église musulmane qui, de ce point de vue, l'emporte de loin sur toutes les autres; depuis l'origine de cette superstition, aucun schisme en effet ne s'est déclaré dans cette église." (Spinoza, Correspondance, Lettre LXXVI à Albert Burgh)

 

"Je ne qualifie pas de civilisé un pays où la liberté d'expression n'est pas respectée. Divers partis politiques utilisent la religion comme un pion pour engranger des votes. La religion est le meilleur outil pour tromper les illettrés, les ignorants et les pauvres.

 

Il faut critiquer l'islam, surtout dans les pays islamiques. Sous l'islam, ni la démocratie, ni les droits de l'homme, ni les droits des femmes, ni la liberté d'expression ne peuvent survivre. Ce dont les pays islamiques ont le plus besoin, c'est d'introduire la laïcité, d'abolir d'urgence les lois islamiques pour sauver les femmes. Sous l'islam, les femmes sont juste considérées comme des esclaves et des objets sexuels, aucune ne peut obtenir le droit de vivre comme un être humain. Si vous voulez réellement du bien aux pays islamiques, vous devez combattre l'islam. Certains Occidentaux font l'apologie de l'islam, expriment leur sympathie envers lui et soutiennent même l'oppression islamique contre les femmes au nom du multiculturalisme. Ce sont eux les véritables ennemis des pays islamiques. En réalité, il n'y a aucune différence entre l'islam et le fondamentalisme islamique. Les fondamentalistes appliquent le véritable islam – propos d'une musulmane qui sait de quoi elle parle..! Les pays islamiques qui utilisent l'islam comme force motrice vont prendre un retard définitif par rapport à l'histoire moderne.

 

On entend beaucoup parler de conflit entre l'Occident et l'Islam. Je ne suis pas de cet avis. En réalité, il y a un conflit entre laïcité et fondamentalisme, entre modernité et anti-modernisme, entre innovation et création, entre esprit logique rationnel et foi aveugle, entre passé et futur -, donc, entre la Culture et l'inculture; et non un choc des incultures - Il y a conflit entre ceux qui aiment la liberté et ceux qui ne l'aiment pas.

 

Dans mes livres, j'ai souvent parlé de la vie scandaleuse du prophète Mahomet, considéré comme un saint par ses fidèles, prêts à mourir pour le suivre. J'ai dû affronter mes amis docteurs qui continuaient à aller prier à la mosquée. Eux qui étudiaient les sciences, comment pouvaient-ils croire une histoire de religion aussi absurde?

 

Je m'étonne qu'il n'y ait personne dans mon pays pour dire: "Je hais vos idées, mais je me ferais tuer pour que vos ayez le droit de les exprimer." Je n'ose rêver d'un Voltaire dans mon pays, mais au moins une petite phrase de quelqu'un, aussi modeste soit-il, ce serait déjà si exceptionnel.

 

Il faut y voir des signes montrant bien que l'islamisation a déjà fait taire ou bloqué tous les esprits." (Taslima Nasreen, le nouvel Observateur, n°1976 du 19 septembre 2002)

 

De son côté, dans un entretien accordé au nouvel Observateur (n°1979 du 10 octobre 2002), Claude Lévi-Strauss a déclaré:

 

"J'ai écrit dans "Tristes tropiques" ce que je pensais de l'islam. Bien que dans un langage plus châtié, ce n'était pas tellement éloigné de ce pour quoi on fait aujourd'hui un procès à Houellebecq. Un tel procès aurait été inconcevable, il y a un demi-siècle; ça ne serait venu à l'esprit de personne. On a le droit de critiquer la religion. On a le droit de dire ce qu'on pense. Nous sommes contaminés par l'intolérance islamique. Il en va de même avec l'idée actuelle qu'il faudrait introduire l'enseignement de l'histoire des religions à l'école. J'ai lu qu'on avait chargé Régis Debray d'une mission sur cette question. Là encore, cela me semble être une concession faite à l'islam : à l'idée que la religion doit pénétrer en dehors de son domaine. Il me semble au contraire que la laïcité pure et dure avait très bien marché jusqu'ici." [Fin de citation]

 

Ainsi, après ces rappels, déclarer devant Ayaan Hirsi Ali, toujours sous le coup d’une fatwa qui l’oblige à chercher refuge en France, que l’islam est une grande religion, et le Coran, un grand Livre, devrait paraître « indécent » à quiconque, voire d’un ridicule achevé, et vous retirer à jamais l’étiquette usurpée de « philosophe » !

 

Un mot sur les islamistes, dont la pensée superstitieuse me semble manifester plus de cohérence que la vôtre. En effet, elle demeure fidèle à une seule ligne directrice, à savoir la parole d’Allah et tout ce qui en découle. En ce sens, puisque se fondant sur des textes sacrés, le Coran en l’occurrence, leur pensée semble exempte de contradictions et d’incohérence - hormis celles qui sont inhérentes à la superstition religieuse en général, toutes religions confondues ! Cependant, pour éviter une éventuelle méprise de votre part, je souligne que je ne cautionne nullement pour autant les attentats, les atrocités et  autres méfaits commis au nom de leur Dieu.

 

Mais, sur le fond, qui pourrait trouver à redire au fait que ces islamistes purs et durs, des « croyants » auxquels on a inculqué la parole de Dieu lui-même comme étant la vérité absolue, considèrent que rien n’est au-dessus de cette vérité divine, et qu’ils ne soient donc pas enclins à « relativiser » cette prétendue vérité absolue, c’est-à-dire à renoncer au Verbe originel ? A l’exception des attentats et autres excès, des croyants d’autres religions vont aussi loin sur le fond et n’en sont pas moins intégristes, puisqu'ils prennent à la lettre leur Livre, tout aussi superstitieux dans ses dogmes.

 

C’est pourquoi, si je me mets, un instant, à la place d’un intégriste musulman, « archi-convaincu » qu’Allah a apporté au monde la vérité absolue - tout comme le premier fidèle juif ou chrétien le pense aussi de Yahvé ou du bon Dieu -, je ne m’imagine pas accepter, de gaîté de cœur, que la parole de mon Dieu, sa prétendue « vérité absolue », ainsi que ses prescriptions au quotidien puissent être remises en cause par de soi-disant réformateurs, dits « nouveaux penseurs de l’islam », à l’exemple de Rachid Benzine appelant à la rescousse rien moins que Luther et Spinoza pour une possible itchiad, ou réforme de l’islam – et encore moins à admettre une remise en question au nom de la modernité occidentale ! A ce compte-là, d’ailleurs, si les religions devaient s’adapter en permanence au modernisme des époques, quelle crédibilité conserverait leur prétendue parole d’éternité, sans cesse sujette à caution ? !

 

Toutefois, je n’entre pas ici dans un débat qui ne m’intéresse guère en raison de ma position arrêtée sur les religions en général, et sur l’islam en particulier, puisque je peux démontrer qu’il s’agit seulement de « croyances superstitieuses » qui, de ce fait, ne légitiment  aucune condamnation moralisatrice extérieure en leur nom – sauf à condamner des humains sur du « vent » ! ! ! Je retiens seulement des propos du chef de file de ces nouveaux penseurs, à savoir Rachid Benzine, qu’il y aurait une « multitude d’interprétations et de significations » dans le Livre musulman, puisque, si « le texte est divin, l’interprétation est humaine », comme ils disent : de quoi me conforter, lorsque je dis du Coran qu’il est une véritable « auberge espagnole », même si je n’ai pas eu besoin de les attendre pour ce faire - et donc en rien un grand Livre, sauf à considérer comme tel « TOUT et son contraire » !

 

Pour conclure sur ce point, je ne pense pas que ces nouveaux penseurs de l’islam iront jamais jusqu’à remettre en cause le dogme fondateur, à savoir Allah, en tant que créateur de notre monde. Ceci suffit pour maintenir l’islam dans le domaine des croyances superstitieuses jusqu’à la fin des temps, et c’est pourquoi Spinoza ne leur sera jamais d’une quelconque utilité, en dépit de l’aberration proférée !

 

Quant à Luther, il a laissé intact le dogme créationniste de la superstition originelle, et les modifications apportées n’ont guère contribué à unifier le protestantisme. C’est pourquoi, comme je l’ai fait savoir à Bruno Etienne, directeur de l’Observatoire du religieux, les nouveaux penseurs de l’islam n’en ont pas fini d’attendre une réforme dans le sens unificateur des intégristes et des modérés. Elle est, d’ailleurs, déjà rendue impossible, selon moi, aussi longtemps que n’existera pas une institution musulmane planétaire comparable à la papauté avec ses conciles mondiaux.

 

Seule une telle organisation serait en mesure d’adopter des modifications valant pour l’ensemble des fidèles, et surtout de les faire appliquer dans la communauté musulmane internationale – toutefois, les seuls massacres entre chiites et sunnites devraient suffire à dissiper cette chimère ! Que vous l’admettiez ou non, celui qui assistera à cette réforme n’est pas encore né, puisque, jusqu’à la fin des temps, l’islam, dans sa diversité, restera incapable d’accoucher de la réforme souhaitée – sauf à vous ou à quiconque de bien vouloir préciser la manière de s’y prendre, en apportant un commencement de réponse ! ! !

 

En conclusion de cette partie consacrée à l’islamisme et à l’islamophobie, n’y aurait-il pas chez vous comme une contradiction à dénoncer publiquement ceux qui critiquent l’islam, à savoir les soi-disant « islamophobes racistes », et à s’en prendre directement, en même temps,  à des musulmans intégristes, au prétexte qu’ils appliqueraient fidèlement les lois d’Allah ? ! A ce sujet, je risque même une provocation : si j’en crois Michel Onfray, intervenant sur un plateau télévisé à la suite de la publication de son ouvrage, L’athéologie, le Coran serait truffé d’incitations à mettre à mort les mécréants juifs et chrétiens notamment, et l’expression « Tuez les, tuez les ! » serait assez usuelle dans le Livre musulman. Or, jusqu’à preuve du contraire, les fidèles de toutes les religions s’efforcent de suivre les recommandations divines, et les meilleurs d’entre eux encore plus scrupuleusement que les autres – sauf à vous d’établir le contraire pour les islamistes…

 

A SUIVRE... 

 



 

 

 

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