« "Garce de vérité" : Philosophie ou Superstition ? » [FIN]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 10 mai 2008

Objet :

« "Garce de vérité" : Philosophie ou Superstition ? »

 

Monsieur François de Closets

1, Villa George Sand

75016 PARIS

 

Monsieur,



Ici et maintenant, la réalité de la liberté d’expression, loin d’être absolue puisqu'elle est même censurée, se présente de la manière suivante. Dans un petit canton de l’univers, selon l’expression du sociologue Michel Mafessoli, représentant 1% de la population mondiale, de vertueux « bien-pensants », appartenant au monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et à des groupes de pression communautaristes (Noirs, musulmans et juifs, entre autres), pourtant pas plus irréprochables que tous les autres humains, mais érigés arbitrairement en censeurs autoproclamés et donneurs de leçons, ne cessent de proclamer leur attachement à la liberté d’expression, sous-entendue « absolue » (cf. Jean-Louis Bianco) - sinon ils ne seraient plus de vertueux défenseurs des droits de l’homme ! Mais, dans le même temps, puisqu’ils détiennent le pouvoir financier, médiatique et politique de faire l'opinion, ils n’ont de cesse, étant à la fois juges et parties, de nous dire ce qu’il est bien, « absolument bien », ou mal, « absolument mal »,  de penser, de dire et de faire.

C’est la conséquence de l’article 29 de la Déclaration universelle dans sa contradiction de l'article 19 : vous disposez d’une liberté d’expression absolue, mais avec des limites ! ! ! Un signe, de plus, de la « débilité intellectuelle » de l’époque, qui affirme « tout et son contraire », mais il n’est pas le seul à votre disposition – l’actualité en regorge !

 

 

Le jour, où vous dénoncerez publiquement l'aberration intellectuelle et philosophique de la superstition moraliste tentant de combiner le relatif et l’absolu à des fins partisanes intéressés, à défaut de parvenir à LA Vérité absolue « en soi », c'est-à-dire « absolument absolue »,  vous tendrez vers une vérité au moins universelle en faisant prendre conscience aux humains de l’époque de la « relativité » de toutes les postures morales, moralisatrices, condamnant ici ce qui se pratique ailleurs.

Ainsi, par exemple, nous en sommes à célébrer ici même la mémoire de l’esclavage - fut-ce au prix d'un nouveau « couac » de Nicolas Sarkozy avec son projet de programme d'histoire en primaire ! -, dans le même temps où Malek Chebel vient de publier un ouvrage intitulé, L’esclavage en terre d’islam, dans lequel il dénonce la survivance de cette pratique sur le continent africain. [Cf. entretien accordé à l’hebdomadaire Le Point, n°1826 du 13 septembre 2007, sous le titre « L’islam est victime de sa culture esclavagiste » - un nouveau signe incontestable de la «débilité intellectuelle» de l'époque ! ! !
  Sauf à vous ou à quiconque de démontrer que tout et son contraire exprime le summum de la Raison humaine...
 

Dans le même ordre d'idées, la discrimination en général ne se limite pas au racisme et à l’antisémitisme, comme de prétendus vertueux voudraient le faire croire ici, en le rabâchant quasiment chaque jour sur différents médias. En réalité, en effet,toutes les formes de discrimination sont aussi pénibles à supporter pour ceux qui en sont victimes, quels que soient les critères discriminants [sexe, âge, comportement sexuel, opinions politiques, religieuses, etc., statut social, fortune, handicap, maladie, apparence hysique et vestimentaire, etc.]

Le « racisme anti-pauvres », en particulier, touche beaucoup plus de monde sur la planète que n’importe quelle autre forme de discrimination, mais eux ne disposent pas des mêmes moyens (financiers, politiques et médiatiques) que d’autres pour faire de leur cause un critère discriminatoire prépondérant ! Ce dernier ne suffit d’ailleurs pas à éradiquer le racisme manifesté en divers lieux de la planète, au Proche et au Moyen-Orient comme sur le continent africain, entre autre, par les congénères des donneurs de leçons antiracistes ici, comme l’actualité l’illustre quasi quotidiennement avec leurs conflits interethniques et interreligieux ou autres, perdurant même depuis des décennies, sans encore apercevoir la moindre embellie à ce jour, malgré le recours à d'innombrables conférences  de toutes sortes !

 

En revanche, démonstration à l’appui, il est possible d’établir que la superstition moraliste, avec ses jugements moralisateurs, se fonde uniquement sur des fictions bien pratiques, et surtout très « juteuses », pour faire culpabiliser les humains au nom d’un passé révolu de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles, et pour occulter les propres turpitudes des censeurs et donneurs de leçons aux Autres.

 

Brièvement rappelées, les trois fictions moralistes, source des condamnations moralisatrices partisanes, qui continuent à régir la marche morale de la société humaine universelle comme aux pires époques obscurantistes, sont établies :

 

 1) sur la croyance superstitieuse en un Bien et un Mal soi-disant absolus, malgré l’impossibilité mentionnée ci-dessus,

 

 2) sur la division artificielle manichéenne des humains en deux catégories aux frontières supposées étanches : les bons, les « vertueux », les soi-disant antiracistes aujourd’hui, nous, et les mauvais, les « salauds », les exclusivement racistes, eux,

 

3) et sur l’illusion d’un prétendu « libre arbitre », en vertu duquel la marche du monde dépendrait de notre seule volonté libre, puisque, comme cela est de notoriété publique, vouloir, c’est pouvoir – il suffit d’y croire !

 

A en juger par le devenir du monde depuis des millénaires jusqu’à nos jours, personne ne devrait plus douter que notre volonté est impuissante à changer le monde, et que tous les phénomènes ou évènements (naturels, historiques, collectifs et individuels) dépendent seulement de la « nécessité », au sens spinoziste du terme, comme je suis tout disposé à le démontrer à quiconque accepte de débattre de l’illusion des droits de l’homme, bafoués par chacun à des titres divers.

 

Après ce rappel non exhaustif de considérations générales sur la Superstition, la confusion des facultés entre le penser pratique, exprimant seulement la « relativité » de notre monde, et le penser spirituel véritable, qui est la voix et  la voie de l’Absolu, me conduit à analyser vos propos sur l’absolu, également entachés de ce péché originel, même si c’est votre droit le plus légitime de vouloir vous en tenir au « relativisme » des idées. Ce qui est illégitime, en revanche, c’est ce péché capital de notre entendement, qui consiste à présenter superstitieusement comme absolu, comme vérité absolue, ce qui n’est que relatif.

 

Sur l’absolu lui-même, vous avez sommairement déclaré afin de le récuser :

 

« Pour l’absolu dont vous parlez, je n’en vois la place que dans le subjectif total. Il me paraît être de l’ordre de l’expérience intérieure, de l’ineffable. »

 

Vos expressions, « expérience intérieure » et « ineffable », vous sont  très certainement inspirées par ce qui est dit habituellement à propos de la religion avec son Dieu superstitieux et les mystères qui l’entourent. Ainsi la signification spécifique du terme « ineffable » se retrouve-t-elle aussi bien dans le dictionnaire le plus ordinaire, par quoi est entendu « ce qui ne peut être exprimé par des paroles », que dans le dictionnaire de l’Académie française (8ème édition), où je relève :

 

« Ineffable, se dit particulièrement, en parlant de Dieu et des mystères de la religion. La grandeur ineffable de Dieu. Le nom ineffable de Dieu. Le mystère ineffable de l’Incarnation. »

 

Emile Littré lui donne la même signification en écrivant : « Ineffable se dit tout particulièrement de Dieu et des mystères de la religion. »

 

Assurément, la religion prédispose aux mystères et aux croyances au miracle car, avez-vous jamais vu une religion se lancer dans une quelconque démonstration pour établir l’existence incontestable de « son » Dieu ? La superstition religieuse des chrétiens, des musulmans et des juifs, entre autre, demande simplement aux fidèles de croire sur parole, à l’image du pari de Pascal ; et ce, fut-ce uniquement en vertu de l’adage ancien « credo quia absurdum » ?

 

Je retiens de vos propos que ce qui est soi-disant ineffable ne pourrait pas être exprimé en paroles, et relèverait de l’expérience intérieure de chacun. Or ceci a pourtant été démenti sans ambiguïté par le Christ dans une parole bien connue, certes pervertie par la superstition religieuse, alors qu’il visait à établir l’unicité de l’Absolu en déclarant : « Moi et le père ne faisons qu’UN » - et pas « deux » comme dans le penser superstitieux des religions et de la métaphysique matérialiste et idéaliste ! ! !

 

Et que dire de Spinoza à ce sujet, puisqu’il n’a pas seulement « affirmé » comme le font les religions pour être crues simplement sur parole ? Lui a également « démontré » more geometrico l’existence absolue de ce qu’il nomme Dieu ou substance, en le débarrassant des prétendus mystères entourant le triple Dieu, le « Dieu trois en un » de la superstition religieuse, ne serait-ce qu’à propos du créationnisme, loin d’être une vérité absolue face au scientisme matérialiste ? C’est pourquoi je vous invite à nouveau à démontrer une quelconque faille éventuelle dans le raisonnement spinoziste d’Éthique I – ou, à défaut, de préciser quel est votre « invariant », pris hors superstition religieuse, mystique authentique et vraie philosophie !

 

Pour ce qui est de votre formule, selon laquelle « la place de l’absolu est dans le subjectif total », c'est une contradiction manifeste par définition : en effet, ce qui est subjectif, donc relatif, ne saurait en aucun cas être absolu – dans ce cas, il s’agit seulement d’un « absolu fictif », sans aucune réalité, à l’image du Dieu religieux ou kantien !

 

Lorsque vous écrivez : « Je suis dans l’opérationnel pur et pas dans le philosophique. », je suis en droit de vous rétorquer que ma démarche, à savoir mon combat contre la Superstition sous toutes ses formes, n’est pas moins opérationnelle que la vôtre - sans rêver pour autant de changer le monde ! Outre que j’aimerais bien savoir ce que vous entendez précisément par « le philosophique » dont vous parlez, tout en niant l’Absolu où il mène, pourquoi les condamnations à mort et les excommunications de ces grands diseurs universels de LA Vérité absolue, Socrate, le Christ, Giordano Bruno et Spinoza, entre autres, si leur démarche dénonçant les mensonges de leur temps n’était pas opérationnelle, c’est-à-dire une tentative d’éveiller les humains pour les délivrer des chaînes de la Superstition ?

 

Votre propos semble sous-entendre que vous tenez la philosophie pour un simple jeu de la pensée, une spéculation plus ou moins fumeuse, mais en rien opérationnelle. C’est oublier un peu vite, ou pire ignorer, que la « vraie » philosophie, qui n’est ni le matérialisme scientiste, ni l’idéalisme de Descartes ou de Kant, est active, donc opérationnelle, ne serait-ce que par son effet tant soit peu modificateur de notre égoïsme inné chez ceux qui la comprennent – sans toutefois jamais le supprimer totalement, y compris chez les plus sages !

 

Lorsque vous ajoutez : « Il s’agit de savoir ce qu’on doit faire », j’ose espérer que vous n’avez pas en tête que les philosophes seraient incapables de choisir une ligne directrice entre des points de vue relatifs. Bien au contraire, je dirais même que, véritablement inspirés par l’Absolu, ils sont mieux en mesure que quiconque de faire des choix plus judicieux. Ils ne tombent pas, en effet, dans toutes les chimères de l‘air du temps, qui se résument aujourd’hui à croire pouvoir transposer l’Idéal dans le quotidien, à créer l’Absolu dans le relatif – avec toutes les inconséquences qui en résultent dans la pratique.

 

C’est le cas de l’idéologie dans son espoir d’avènement d’un monde parfait avec des humains imparfaits – cherchez l’erreur ! -, et du moralisme avec sa croyance que le catéchisme des droits de l’homme réussirait ce qu’aucun autre catéchisme, Petit livre rouge ou catéchisme religieux, n’est pas parvenu à faire en des millénaires : rendre les humains meilleurs en les débarrassant de leur égoïsme effréné, afin d’éradiquer, définitivement et universellement, les sempiternels maux de l’humanité, à commencer par la misère mondiale - mais il y en a tant d’autres que je n’évoque pas ici ! -, et à instaurer, tout aussi définitivement et universellement : justice, paix, démocratie, liberté, égalité et fraternité sur la Terre ! ! ! Pour tout vous dire, nous reparlerons d’égalité et de fraternité, lorsque les riches auront partagé leurs richesses avec les pauvres – DEMAIN, comme dab ! ! !


En conclusion, si c’est bien votre droit le plus légitime de vous en tenir au relativisme de notre « pensé », du contenu pensé humain, vous n’en couvrez pas moins ainsi les mensonges et les « croyances au miracle » de toutes les formes de la Superstition jusqu’à la fin des temps, puisqu’ils ont valeur d’éternité, faute de les confronter à l’Absolu, à LA Vérité absolue, pour les dénoncer et les combattre.

 

Vous êtes opérationnel à votre manière « relative », et la mienne, au vu du texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites, dénonçant nommément ces soi-disant « élites » du monde de l’information, de l’intelligentsia, de la politique et de nombre d’associations droits-de-l’hommiste, faiseuses d’opinion mais réduites au silence face à l’Absolu, ne l’est pas moins. Et c’est un tel plaisir de les voir lâchement refuser le débat auquel elles sont conviées en vain depuis des années, faute d’avoir des objections à formuler et des propositions concrètes pour relever le défi lancé à tous les penseurs, responsables politiques et autres du monde entier.

 

Malgré mon argumentation forcément non exhaustive ici, mais il ne tient qu’à vous d’aller plus avant, à la question posée dans l’objet de ce courrier, il ne devrait pas faire de doute pour vous que la « garce de vérité » ne saurait résulter de la « vraie » philosophie, mais bien de la Superstition dans ses divers modes d’expression.

 

Dans l’attente de vos éventuelles objections, rationnellement et philosophiquement étayées, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

 

 Annexe : Mensonges et lâcheté des élites


[Les éventuels défauts de présentation constatés sont indépendants de ma volonté] 

 

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