« "Garce de vérité" et "bonne conscience" »

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 3 mars 2008

Objet :
« "Garce de vérité" et "bonne conscience" »
 
 
Monsieur François de Closets
Aux bons soins de
Librairie Arthème Fayard
13, rue Montparnasse
75006 PARIS
Fax : 01 42 22 40 17
Monsieur,
 
De l’article de Sophie Coignard paru dans le numéro 1850 de l’hebdomadaire Le Point du 28 février 2008 et rapportant l’entretien accordé à l’occasion de la sortie de votre livre, Le divorce français, je retiens les deux expressions finales, où vous parlez de « garce de vérité » et de « la bonne conscience ». 

Elles me donnent, en effet, une excellente opportunité de vous faire part de mon combat solitaire contre les mensonges et les « croyances au miracle » de nos prétendues élites du monde de la communication, de la politique, de l’intelligentsia et de nombre d’associations « droits-de-l’hommiste » moralisatrices à sens unique et adeptes du « deux poids, deux mesures », dont les noms figurent dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté de élites - un combat, qui a cessé faute de combattants, car ces soi-disant élites, faiseuses d’opinion, sont tout sauf intellectuellement honnêtes et courageuses, puisqu'elles refusent unanimement et obstinément le débat de fond proposé maintes fois depuis plus d'une dizaine d'années ! 

Je dois vous reconnaître le grand mérite d’avoir cerné exactement les fléaux de notre époque - mais pas seulement ! -, en parlant de « garce de vérité » et de « bonne conscience ». Toutefois, contrairement au thème de votre livre où, si j’ai bien compris, vous vous attachez surtout à opposer les élites et le peuple, ainsi que des points de vue « relatifs partisans » à d’autres tout aussi relatifs et partisans, mon propos est de les dénoncer, tous sans exception, au prétexte qu’ils sont seulement l’expression de la Superstition dans ses diverses formes, qui consiste à « absolutiser le relatif ». En conséquence, « garce de vérité » ne signifie rien d’autre pour moi que présenter et faire passer pour « absolu », pour Vérité absolue, le contenu seulement relatif pensé dans et sur (à propos de) notre monde : dans notre monde humain, en effet, tout est relatif et rien n’est absolu – sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire ! 

Ce penser superstitieux, sur lequel la société humaine universelle continue de fonctionner après des millénaires, s’exprime dans la religion, toutes religions confondues – monothéistes ou non -, dans la métaphysique [Doctrine matérialiste, depuis Aristote jusqu’au scientisme contemporain, positivistes inclus, et scolastique idéaliste des Descartes, Kant et autres « philosopheurs »], dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception – illusion altermondialiste incluse, et dans le moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : laquelle ?], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dont seule l’inobservation est réellement universelle – sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire à l’aune du devenir du monde durant près de six décennies !

Il ne m’est pas possible dans ce courrier, sauf à en faire un livre, de développer la totalité de mon argumentation servant à dénoncer ces diverses formes de la Superstition, qui maintiennent l’humanité dans l’état de pensée des époques les plus obscurantistes. Il suffit pour en juger de constater que, « deux mille ans » après le Christ, ce grand diseur de LA Vérité absolue, à savoir le mystique authentique et pas le fondateur d’une religion qu’il n’a pas voulu créer, les humains d’aujourd’hui en sont encore à croire – quand cela les arrange ! - qu’il y aurait « deux » sortes d’humains par nature : les bons, les « vertueux », les prétendus antiracistes, nous, et les méchants, les « salauds », les racistes, eux : mais, c’est tellement « juteux » de faire culpabiliser les Autres ! ! ! 

De même que je peux établir les fictions du moralisme et surtout sa « croyance au miracle », selon laquelle LA Morale toute-puissante suffirait à réfréner l’égoïsme insatiable des humains dans leurs affaires d’amour, quel qu’en soit l’objet, de possession de biens et de personnes, d’où l’importance de l’argent comme instrument d’échange, et de gloire ou honneur-vanité par la recherche de titres, de distinctions et de médailles de toutes sortes (civiles, militaires, sportives, etc.), il est tout aussi possible de « démontrer » la fausseté des dogmes religieux, du matérialisme et de l’idéalisme, par le seul fait de conduire au « dualisme » des absolus. Philosophiquement parlant, en effet, la coexistence de « deux » absolus est une impossibilité absolue par définition, comme cela se démontre aisément - Spinoza l'ayant fait bien avant moi !

Quant à l’idéologie, la superstition idéologique, elle accrédite l’idée, intellectuellement et philosophiquement aberrante, de parvenir à l’avènement d’un monde parfait avec des humains « imparfaits » - cherchez l’erreur ! -, DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN, à la saint Glin-glin – vous avez dit « débilité intellectuelle » ? ! 

OUI, sans aucun doute, comme l’actualité encore chaude l’atteste. Par exemple, au cours de la dernière campagne présidentielle, je n’ai entendu personne dénoncer la fallacieuse promesse de Ségolène Royal d’instaurer un « ordre juste », par quoi elle entendait un ordre « absolument » juste, un ordre juste idéal, sauf qu’elle n’avait pas le moindre argument à avancer contre ma dénonciation argumentée de cette chimère ! Elle a d’ailleurs beaucoup progressé entre-temps dans la désinformation, puisque sa promesse, alors réservée seulement à la France, ne vise rien moins aujourd’hui que la planète entière ! ! ! Pour être tout à fait honnête, le slogan de campagne de son principal concurrent, promettant qu’ « ensemble, tout devient possible », a déjà « fait pschitt » en peu de mois – crédules, les humains, mais vite redevenus lucides jusqu’aux élections municipales suivantes ! ! !

Il ne tient qu’à vous, gens de communication, de les convaincre que l’Idéal n’est définitivement pas de ce monde et qu’il est tout à fait impossible de transposer l’Idéal dans le quotidien, de passer de la théorie, l’Idéal, à la pratique, la réalité quotidienne du monde – comme le marxisme l’a si bien illustré, ce qui n’empêche pas les « croyants au miracle » de rêver encore d’un autre monde idéal, parfait : sinon, à quoi bon changer ? !

De la sorte, sauf à y croire vous-mêmes, vous cloueriez le bec à tous ces marchands de rêve et autres vendeurs d’illusion avec leurs sottises seulement fondées sur le moyenâgeux « Credo quia absurdum ». Certes, dans leurs intérêts bien compris, ils profitent ainsi de la naïveté de leurs contemporains en les laissant toutefois par la même occasion « cocus et frustrés » jusqu’à leur dernier jour - faute d'être là pour assister à l'arrivée des heures radieuses espérées parfois pendant des décennies ! Et ceci vaut également de la croyance scientiste superstitieuse des humains de ce début du 21
e siècle, dont la prétention démesurée n’envisage rien moins que parvenir à instaurer sur la planète un « climat sur mesure » pour l’éternité, alors qu’ils se montrent incapables de régler un conflit entre deux lilliputiens peuples voisins, datant de bientôt soixante ans, au point qu’il est même possible d’envisager une nouvelle guerre de Cent ans ! ! ! 

Pour conclure sur ce premier point parlant de « garce de vérité », une « garce » qui profite de la naïveté de milliards d'êtres humains portés par nature à croire plus qu’à réfléchir pour les tromper, il ressort que le véritable débat d’idées ne consiste pas à opposer entre eux - « à l’infini » ! - des points de vue relatifs et partisans, mais à les confronter, TOUS sans exception, à LA Véritéabsolue. Elle seule, en effet, est en mesure de mettre un arrêt indépassable à notre penser relatif, ou penser du relatif, en les invalidant tous dans leur prétention à exprimer l’Absolu ou Idéal, et en supprimant toute contradiction ou incohérence.

Le « Vrai », en effet, ne saurait être « absolument » vrai, dès lors qu’il en comporterait une seule, voire qu’une vérité contraire lui serait opposée. Ainsi en était-il, lorsque la « débilité intellectuelle » de l’époque a tranché unilatéralement, en faisant croire jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions qu’une quelconque chose humaine, fut-elle la période coloniale, pourrait comporter exclusivement du « contre », du négatif, des inconvénients - et ce, dans un monde relatif, où rien n’est absolu ! ! ! 

Sur la « bonne conscience », j’ai déjà partiellement répondu en dénonçant la fiction du moralisme consistant à établir artificiellement une division manichéenne des humains en se fondant sur une autre fiction, à savoir la croyance en la coexistence possible d’un Bien et d’un Mal prétendument absolus, que décrètent seulement de soi-disant élites superstitieuses - ou se comportant ainsi -, du seul fait de leur pouvoir financier, médiatique, politique, voire intellectuel, qui les autorise à déterminer ce qu’il serait moralement bien ou mal de penser, de dire et de faire. Qui donc a intronisé, en juges et justiciers de l’Idéal, ces gendarmes de la pensée unique en tout point semblables à tous les autres humains, mais qui ne s’en érigent pas moins en égal de Dieu, fut-ce sur la base du catéchisme universel contemporain ?

Aucun catéchisme du monde, en effet, n’exprime quoi que ce soit d’absolu dans ses commandements et interdits, au point qu’il y a même une contradiction flagrante en matière de liberté d’expression dans la Déclaration universelle de 1948, alors que tous sont prosternés devant elle comme devant le Bon Dieu - tout en violant allègrement et constamment leurs décrets respectifs ! 

L’article 19 du catéchisme universel stipule, en effet, une liberté d’expression absolue que l’article 29 est contraint de relativiser aussitôt en la confiant à l’arbitraire des Etats et de leurs groupes de pression, sans supprimer pour autant l’intention initiale de transposer l’Idéal dans le quotidien ! Que sont d’autre, d’ailleurs, tous nos « grands principes » dont chacun se gargarise - ou « se gave », selon l’expression du député Jérôme Chartier -, sinon l’intention de faire entrer l’Absolu dans le relatif, comme il en va du « droit au logement opposable », entre autre ? ! Le problème est que l’ « absolutisation du relatif » ne peut conduire qu’à l’incohérence, ainsi que l’a illustré à merveille ce propos croquignolet de Jean-Louis Bianco, alors directeur de campagne de Ségolène Royal, déclarant « sans rire » sur RMC Info : « On a le droit de tout dire, mais il y a des limites. » ! ! ! Néanmoins, il s’en trouve même qui s’accommodent de « tout et son contraire »… 

La « bonne conscience » n’est en définitive que l’hypocrisie de tous ceux qui ne veulent pas assumer leur égoïsme inné et qui le « masquent » au regard des autres. Brièvement indiqué, notre égoïsme est celui qui conduit chacun à désirer vivre le plus longtemps et le mieux possible, en se gratifiant autant que faire se peut dans ses affaires courantes évoquées ci-dessus. Personne n’échappe à notre nature humaine égoïste : ni vous, ni « moi », ni les six milliards et quelques humains - hypocrites et inconscients inclus ! Alors qu’importe, fut-il nécessaire pour cela de faire culpabiliser les Autres, à quoi bon se gêner, puisque « ça me rapporte » ! ! ! 

Ainsi les « vertueux » d’aujourd’hui, et d’ici tout au moins, ont-ils très bien compris que leurs condamnations moralisatrices à sens unique étaient d’un excellent rapport, dussent-ils pour cela revenir sans cesse sur des évènements passés datant de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles – et ils seraient capables de remonter encore plus loin, si leurs intérêts l’exigeaient ! ! ! Ils oublient seulement leurs propres comportements, ici et ailleurs, puisque la caractéristique des vertueux « hypocrites » est de reprocher aux Autres ce qu’eux-mêmes ont fait hier, et qu’ils referont demain à la première occasion, où leur égoïsme impérieux en aura besoin ! Aujourd’hui comme hier et demain, leur devise favorite demeure : « Je suis vertueux, donc je condamne » - à moins que ce ne soit l’inverse ! 

C’est pourquoi il y aurait beaucoup à dire sur la discrimination en général, si pratique pour les intérêts des uns et des autres, telle qu’elle est unanimement dénoncée et pénalisée, puisque même les vertueux n’y échappent pas sous l’une ou l’autre forme, à l’exemple de nos vertueux dirigeants Jacques Chirac et Lionel Jospin, en leur temps – sans oublier que les donneurs de leçons de morale, ici, sont les mêmes qui s’entretuent ailleurs ou construisent des murs pour séparer des peuples, voire perpétuent des pratiques pourtant condamnées pour les siècles passés, comme il en va de la survivance de l’esclavage en terre d’islam, dénoncée par Malek Chebel dans un ouvrage récent ! Il y aurait beaucoup à dire, à condition que la liberté d’expression ne soit pas bafouée, ce qui ne signifie pas le droit de dire n’importe quoi – mais pas davantage de colporter des mensonges sur fondement superstitieux ! ! !

Bien que loin d’avoir tout dit sur l’objet de ce courrier, je constate que la « bonne conscience », l’hypocrisie officielle en l’occurrence, a parfois du bon, puisqu’elle peut mener au sommet de l’Etat ; par exemple, lorsque chacun a oublié, au moment opportun, des propos « racistes » d’un ancien président pour en couvrir d’opprobre seulement son rival, tandis que son adversaire malheureux avait l’honnêteté intellectuelle de déclarer dans le même temps : « Arrêtons de nous raconter des histoires, nous ne sommes pas dans une situation préfasciste. » (Lionel Jospin, cité dans Le nouvel Observateur enavril 2002). Certes, en refusant de débattre sur le fond, on a toujours raison, et donc tous les pouvoirs – même celui de condamner injustement pour « délit d’opinion » : vous avez dit « discrimination » ? ! OUI, celle-là même dont furent victimes, en leur temps, Socrate, le Christ, Giordano Bruno et Spinoza, sans compter d’innombrables hérétiques ! ! !

Je n’en finirais pas d’énoncer les manquements de cette « garce de vérité », et c’est pourquoi je voudrais rappeler ces quelques vérités intemporelles à l’intention de tous les « censeurs autoproclamés », qui ne veulent pas en entendre parler, et a fortiori débattre :
Face à l’Idéal, au nom duquel vous condamnez moralement les Autres, chacun est forcément coupable, coupable de crime de lèse-Idéal, car il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais, d’individus ni de groupes d’individus, « TOUS » critères d’appartenance confondus, réellement IRRÉPROCHABLES ! Ceci devrait suffire à vous dispenser à jamais de vos condamnations moralisatrices et de vos leçons de morale – commencez, d’abord, par en faire bon usage pour vous ! 

De surcroît, s’il existait vraiment des individus et des groupes d’individus réellement irréprochables, ils se garderaient bien de juger et de condamner moralement les Autres, précisément parce qu’eux-mêmes seraient irréprochables ! ! ! Certes, je n’ai rien inventé, mais je n’ai rien oublié non plus d’une leçon de Vérité donnée au monde, il y a bientôt « deux mille ans ». Valait-il pour lui de mourir sur la croix, lorsque l’on voit ce que le monde en a fait et continue à en faire, après deux millénaires ? ! Certes, les censeurs ne sont pas forcément de mon avis, en public tout au moins – et pour cause, « ça » leur rapporte ! Et peu leur importe de restreindre ainsi la liberté d’expression des Autres ! ! ! 

Sauf à vous de démontrer la fausseté de mes affirmations et d'établir une quelconque incohérence, votre expérience et votre notoriété seraient particulièrement les bienvenues dans le combat de LA Vérité éternelle absolue, mise à mal à toutes les époques, contre la Superstition sous toutes ses formes ; et ce, ne serait-ce que dans l'intérêt de nos descendants – sans rêver pour autant d’un monde idéal à venir !

Dans cette éventualité et dans l’attente de vos objections argumentées, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Annexe : Mensonges et lâcheté des élites

[Les défauts de présentation, constatés après la mise en ligne, sont totalement indépendants de ma volonté]
 
 
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