Mensonges d'un "indignationniste" professionnel [SUITE]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 21 novembre 2007
 
Objet :
« Mensonges d’un "indignationniste" professionnel »
 
 
Monsieur Bernard-Henri Lévy
Le Point
Fax : 01 43 21 43 24
 
 
Monsieur,
 
 
Permettez-moi, tout d’abord, de me réjouir et de vous remercier pour avoir montré au grand jour que même un « juif », à en croire le discours incriminé, pouvait être raciste comme tout un chacun, ainsi que je n’ai de cesse de le montrer, et de le démontrer, dès lors que toute forme de discrimination, et pas seulement le racisme stricto sensu, est érigée en « Mal absolu ». Personne n’est jamais totalement exempt de faire montre de discrimination, quel qu’en soit le critère - fut-ce seulement en parole, à l’exemple de Jacques Chirac et de Lionel Jospin en leur temps ! Quel qu’en soit le critère, chaque manifestation de discrimination est pareillement préjudiciable pour ceux qui en sont victimes, même si les associations, les partis politiques et les communautés, qui prospèrent sur le critère ethnique, préfèrent également esquiver le véritable débat d’idées, trop contraire à leurs intérêts égoïstes partisans de toutes sortes !
 
Je vise, là, nommément SOS Racisme, le MRAP, le CRIF et la Licra, entre autres, ainsi que les partis de gauche qui viennent de se manifester sur le test ADN, pratiqué pourtant sans contestation dans plusieurs pays de l’Union européenne, ainsi que vient de le souligner récemment Georges Frêche sur RMC Info. Sur la superstition moraliste, j’attends toujours les réponses de tous les bien-pensants, donneurs de leçons de morale à la planète entière – y compris celle du Comité consultatif national d’éthique, lequel n’exprime le Bien ou le Mal « absolus »dans aucun de ses avis – forcément ! Quant au Conseil constitutionnel, il outrepasse ses prérogatives, lorsqu’il  dicte plutôt LA Morale que le Droit, dans certaines circonstances – comme suffit à l’attester sa position sur l’amendement du député Christian Kert, au sujet de la période coloniale !
 
En matière de racisme et d’antisémitisme, le comble du moralisme, ou superstition moraliste, est atteint,  lorsque ces pratiques sont également le fait de ceux qui mettent surtout en avant leur statut de victimes, en oubliant leurs propres comportements « racistes », y compris envers des membres de leur communauté d’appartenance. Je suis d’autant plus à l’aise pour le dénoncer que même Ramatoulaye Yade-Zimet l’a publiquement exprimé à propos de la communauté noire.
 
Ce n’est donc assurément pas l’apanage des juifs, puisque des pratiques discriminatoires au sein d’une communauté ethnique touchent également les communautés noire et arabe, entre autre. Toutes, en tout cas, sont pourtant donneuses de leçons de morale aux « Autres », bien que n’étant pas réellement « irréprochables » - forcément ! -, comme il en va de tout individu et de n’importe quel groupe humain, quels que soient les critères d’appartenance !
 
Accuser le juif Nicolas Sarkozy de racisme, c’est ainsi oublier un peu vite des agressions semblables à celles appelées ici antisémites, mais qui, précisément, ont lieu aussi en Israël. Ceci est avéré par la profanation des tombes de trois juifs illustres, Theodor Herzl, David Ben Gourion et Yitzhak Rabin, par les récents comportements « quasi nazis » de jeunes juifs originaires de Russie, la séquestration de Yasser Arafat à la Mouquata, le soir de Noël, quatre ans de suite, la construction d’un mur pour séparer deux peuples – quel bel exemple donné, là, d’aimer tout le monde ! -, les milliards d’euros de dégâts occasionnés au printemps 2006 au Liban, ainsi que les mille victimes de Cana au prétexte de récupérer un caporal israélien - par ailleurs, toujours pas libéré à ce jour ! Sans oublier non plus ces juifs de l’U.G.I.F qui, en leur temps, dénoncèrent d’autres juifs pendant la Shoah : en clair, les expédièrent sans autre forme de procès vers les camps d’extermination nazis !
 
Certes, pas en raison d’une différence ethnique, mais tout au moins xénophobe puisque touchant des juifs étrangers vivant en France - peut-être aussi, parfois, pour des raisons sordides qui n’envoyaient pas moins leurs coreligionnaires vers une fin probable ! Sauf à apporter la preuve du contraire, le peuple juif lui-même n’est donc pas exempt de compter des « racistes » en son sein, puisque vous y avez même compté le Président de la République !
 
Le contraire serait précisément étonnant qu’il y ait des individus « irréprochables », compte tenu de la nature humaine égoïste héritée par les six milliards et quelques humains d’aujourd’hui - sauf à tomber dans la « fable » des bons et des méchants ! Personne n’échappe à notre égoïsme humain : ni vous ni « moi », ni tous les autres sans exception (inconscients et hypocrites inclus) – bien sûr, hormis élection divine ou miracle de la Nature en faveur des « PARFAITS », et sauf à vous de démontrer le contraire !
 
J’ai déjà amplement montré et démontré en quoi consiste notre égoïsme humain, tel qu’il se manifeste dans nos affaires d’amour, quel qu’en soit l’objet, de possession de biens et de personnes – d’où l’argent comme instrument de possession -, et de gloire ou honneur-vanité - fut-ce seulement la prétendue estime de soi permettant à certains de se faire passer pour des individus « réellement irréprochables » ! ! ! Vous avez dit « mensonges » ou hypocrisie.. ? !
 
En conséquence de la réalité véritable de notre nature humaine, dans son essence commune à tous, toutes les condamnations moralisatrices, y compris les vôtres, sont établies seulement sur la base des « mensonges » de la superstition moraliste. Celle-ci, comme je l’ai déjà amplement montré et démontré, se fonde seulement sur la fausseté de trois fictions permettant ensuite de faire culpabiliser les « Autres » :
 
1) la prétendue coexistence d’un Bien et d’un Mal soi-disant absolus,
 
 2) la division manichéenne, mais artificielle, des humains : les bons, les prétendus antiracistes d’aujourd’hui, d’un côté, et les méchants, les racistes « exclusifs », de l’autre : une fable, pourtant dénoncée sans ambiguïté, voici bientôt deux mille ans, par l’un des grands diseurs de LA Vérité absolue – du moins, dans sa Parole non pervertie par la superstition religieuse qui a usurpé son nom !
 
3) la croyance en un illusoire « libre arbitre », mais tellement pratique pour faire culpabiliser les « Autres », au prétexte qu’ils seraient libres de choisir entre le Bien et le Mal !
 
L’affirmation d’une prétendue volonté libre, en vertu de laquelle il suffirait de vouloir pour pouvoir choisir librement entre le bien et le mal - en toutes circonstances, évidemment ! - est d’autant plus absurde qu’il n’y a ni Bien absolu ni Mal absolu sur Terre. Il me suffit pour l’établir de montrer et démontrer que la coexistence de « deux » absolus, deux réalités « en soi », c’est une impossibilité absolue, philosophiquement parlant - la création officielle d’un Conseil constitutionnel et d’un Comité consultatif national d’Ethique, chargés de dicter le Bien et le Mal soi-disant absolus, ne suffit pas à invalider la « dualité » de leur coexistence absolue ! Cependant, comme mon argumentation vous a été déjà maintes fois exposée, je ne juge pas utile de développer davantage ici.
 
Ce n’est d’ailleurs pas le seul argument déjà présenté contre cette aberration philosophique à deux absolus. Comme déjà montré et démontré, bien et mal résultent seulement, pour chacun d’entre nous, de la confrontation entre les avantages et les inconvénients individuels et collectifs de toute situation donnée. Certes, les « vertueux », c’est-à-dire ceux qui reprochent aux Autres ce qu’eux-mêmes ont fait hier, et qu’ils referont demain à la première occasion où leurs intérêts égoïstes le réclameront, arguent du  respect scrupuleux de principes relatifs inspirés par l’Idéal, mais fictivement absolutisés, comme déjà démontré.  Sauf à indiquer comment ils pourraient transposer l’Idéal dans le quotidien, c’est-à-dire comment passer de la théorie à la pratique, les « vertueux » jugent et condamnent moralement les Autres seulement en vertu de leur devise favorite : « Je suis vertueux, donc je condamne » - à moins que ce ne soit l’inverse !
 
Ceux, qui ne sont pas persuadés de la « relativité terrestre » du Bien et du Mal, devraient, pour s’en convaincre, examiner seulement ce qu’il en était hier et ce qu’il en est aujourd’hui, ce qu’il en est, ailleurs, et ce qu’il en est, ici, de la peine de mort et de l’interruption volontaire de grossesse. L’ancien adage, « Vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà », suffit à témoigner que notre époque, qui se croit au comble du modernisme, a pourtant plus régressé que progressé avec sa pratique partisane moralisatrice d’ « absolutisation du relatif », toujours actuelle !    
 
La vérité éternelle, selon laquelle tout est à jamais relatif dans notre monde humain, à commencer par son existence elle-même, ne vous empêche pas pour autant de décider unilatéralement du Bien et du Mal absolus, de ce qu’il est « absolument » bien ou mal de penser, a fortiori de dire ! En clair, le Mal absolu, à en croire le discours bien-pensant de la pensée politiquement correcte du jour, que vous contribuez à colporter, ce serait le racisme stricto sensu, dont fait partie l’antisémitisme - sans aucune priorité néanmoins, sauf à justifier une différence de traitement, qui est en elle-même raciste !
 
De surcroît, exclusivement des « Blancs » seraient coupables envers les autres communautés ethniques, jugées seulement victimes mais ni coupables ni responsables d’actes discriminatoires en acte ou en parole : donc des égoïstes « irréprochables », en somme ! J’ai pourtant toujours en mémoire, outre l’affaire Dieudonné, ces propos du directeur d’une école juive du 19ème arrondissement, affirmant : « 98% des agressions contre mes élèves sont le fait de musulmans. » [France 5, émission « C dans l’air », dont je vous laisse le soin de retrouver la date]
 
Je passe rapidement, toutefois, sur les pendaisons d’homosexuels en Iran, sur les procès homophobes en Egypte et sur le machisme envers la femme africaine, la perpétuation de l’esclavage en terre d’islam, récemment dénoncée par Malek Chebel, en vous laissant encore le soin d’allonger la liste des discriminations, qui sont le fait des donneurs de leçons de morale à l’Occident : vous jouerez ainsi votre rôle de « vrai » philosophe, digne de ce nom - jusque là, vous resterez la voix de la Superstition dans ses divers modes d’expression !  
 
En effet, pour de plus amples précisions sur la réalité de la discrimination dans ses multiples critères, ici et dans le monde, je vous renvoie à la correspondance antérieure concernant le passé aussi bien que l’actualité, et vous ne saurez donc en faire abstraction dans une éventuelle réponse. Vos accusations de racisme et d’antisémitisme lancées à la cantonade, à l’adresse de certains, vous font tomber dans la division manichéenne des bons et des méchants, indigne d’un philosophe digne de ce nom, ne serait-ce que par la contradiction apportée par Michel Onfray.
 
 

 

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