LETTRE A JACQUES CHIRAC (Suite 2)

Publié le par Sylvain Saint-Martory


SUITE 2

Le 7 décembre 2005

Monsieur Jacques Chirac
Palais de l'Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

(A l'attention de Dominique de Villepin et des membres du gouvernement)

Monsieur,

La superstition moraliste ou moralisme se fonde également sur des fictions et des "croyances au miracle", que LA morale condense en catéchismes de toutes sortes. Quelle Morale, d'ailleurs, puisqu'elle aussi tient un discours mensonger..? En effet, si LA morale est effectivement inspirée par l'idéal du Bien, aucun catéchisme ne contient cependant quoi que ce soit d’absolu en matière de commandements et d'interdits ; il suffit pour s'en convaincre de confronter les multiples catéchismes de la planète. TOUTES les valeurs morales sont seulement relatives à une époque, à un lieu, à un groupe, etc., et néanmoins les "pseudo-vertueux" s’autorisent en leur nom à s'arroger indûment le monopole de la vertu en s'appropriant illégitimement l'Idéal, qu’ils croient pouvoir faire entrer dans le quotidien, puisqu'ils confondent superstitieusement Absolu et relatif !

LA Morale, moyen de prévention par excellence – en principe ! -, a prouvé depuis longtemps son impuissance chronique à réguler les comportements égoïstes des humains. Elle a échoué à la fois individuellement et collectivement, quel que soit le catéchisme invoqué : forcément, puisque ses catéchismes sont en opposition, du fait qu'il n'y a ni Bien ni Mal absolus ; cela n'empêche pourtant pas les uns et les autres de continuer à croire, et à faire croire, au "miracle" de son efficacité !

En réalité, seulement quelques "vertueux" censeurs du monde médiatico-politico-financier, suffisamment puissants, sans oublier les pseudo-intellectuels aussi superstitieux que la foule, se bornent à décréter arbitrairement et à faire "croire", grâce aux fonds publics distribués ici et là (partis, associations, etc.), et aux centaines de millions d'euros injectées dans les médias - rédactions, maisons d'édition, etc. -, que "leur" Bien et "leur" Mal, "relatifs" par nature, sont désormais le Bien et le Mal "absolus" : autrement dit, comportant par définition, "pour l'éternité" et pour l'humanité entière, respectivement seulement des avantages, du positif, ou des inconvénients, du négatif..! C'est oublier que rien n'est sans avantages et inconvénients à la fois dans notre monde humain "relatif", où les inconvénients des uns présentent des avantages pour d'autres – et vice-versa…

Dans notre monde où rien n'est absolu, il ne peut y avoir ni Bien ni Mal absolus, et ceux qui le pensent superstitieusement se trouvent confrontés, philosophiquement parlant, à une nouvelle "impossibilité absolue", comme cela peut être également démontré à la manière spinoziste pour la simple raison que, par définition, il ne peut exister absolument "DEUX" absolus. Le Bien absolu des uns est le Mal absolu pour d'autres, et par ailleurs le soi-disant Mal absolu est toujours celui qui nous frappe, individuellement ou collectivement ; face à notre propre souffrance, celle des autres est toujours incomparablement moindre ! Il faudrait pouvoir demander aux dizaines de millions de victimes du communisme, si elles pensent que leur sort était moins douloureux que celui des victimes du nazisme et autres génocides ; ceci étant impossible, la controverse médiatique actuelle, visant à comparer le degré de souffrance de différents peuples au cours de l'Histoire, confirme mes propos : TOUS égoïstes !

Après avoir déterminé "arbitrairement" ce qui est absolument bien et mal, en fixant en conséquence ce qu'il est "politiquement correct" de penser et de dire, les "vertueux" de l'époque jugent et condamnent moralement les "salauds" sur la base de leurs seules fictions superstitieuses - puisqu'ils sont les "vertueux", les Justes ! Toutefois, je fais remarquer que les vertueux, ce sont toujours les "siens et soi", quels que soient les actes répréhensibles commis par eux. Ce qui caractérise les vertueux de toutes les époques, c'est précisément de reprocher aux autres, les "salauds", les mêmes actes accomplis hier par eux, et qu'ils renouvelleront demain à la première occasion si leurs intérêts de toutes sortes le réclament ; ceci est illustré sans conteste par la dénonciation du recours aux ordonnances en matière de gouvernance, que les uns et les autres condamnent à tour de rôle, après avoir alternativement utilisé ce procédé légal, donc légitime - jusqu'à son abrogation !

A propos de Mal absolu, je pourrais également rappeler les propos et les comportements liés à un passé révolu, période de l'entre-deux-guerres notamment, où certains vertueux d'aujourd'hui n'hésitaient pas à collaborer officiellement avec le régime nazi, non seulement par leurs déclarations (cf. Historiquement correct de Jean Sévillia), mais surtout par un Pacte officiel ; ceci devrait les dispenser d'être aujourd'hui des censeurs et des donneurs de leçons de morale à la planète entière – ou alors, qu'ils oublient aussi le passé négatif de la France ! Mais il est vrai que les vertueux ont la mémoire courte et sélective, ce qui en fait des adeptes de la pratique du "deux poids-deux mesures" reposant sur leur morale à géométrie variable, toujours liée à leurs intérêts de toutes sortes - comme il en va des comportements de chacun, assurément..!

LA Morale, loin d'être mise en pratique par chacun dans sa vie personnelle, demeure encore aujourd'hui une arme redoutable, brandie toujours et seulement contre "les autres" par les vertueux hypocrites, dont la devise favorite reste sempiternellement : Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. Si vous me permettez une question, connaissez-vous, Monsieur, des individus, des groupes d'individus, TOUS critères d'appartenance confondus, des peuples, des Nations et des Etats "IRRÉPROCHABLES"..? Pas moi, à commencer par moi ! Aussi, à la différence des "pseudo-vertueux", je ne renie pas ma nature humaine, dont je ne suis pas responsable et que je partage avec des milliards d'humains ; c'est pourquoi je n'hésite pas à affirmer sans aucune culpabilisation : "Plus égoïste que moi, tu meurs", contrairement aux vertueux hypocrites qui, vous l'aurez sûrement remarqué, excellent dans l'art de faire culpabiliser les autres, mais beaucoup plus rarement eux-mêmes !

Pourtant, ces soi-disant "irréprochables", censeurs "autoproclamés", "chiens de garde" du moralisme, gendarmes de LA Morale, prétendus "chevaliers blancs" d'associations droits-de-l'hommiste, et autres bien-pensants, diabolisent les "autres", les méchants, les "salauds", les racistes, puisqu'ils sont les "vertueux". Hélas, ils sont vertueux seulement en paroles, comme leurs actes le démontrent : cf. par exemple, la subornation de témoins dans une affaire criminelle et les pratiques financières douteuses de cette association antiraciste, avérées sans avoir eu besoin de recourir à une pratique déloyale, digne de la Caméra cachée ou de Surprise sur prise, capable de "démasquer" à coup sûr les plus vertueux hypocrites. Cependant, ces faits délictueux reconnus n'empêchent pas cette association, dont je nie totalement l'utilité dans l'éradication d'un phénomène qu'elle exacerberait plutôt, de continuer à donner des leçons de morale à la France entière, tout en se dérobant devant le "véritable" débat d'idées !

Ces prétendus "vertueux" ne se rendent même pas compte de leur pratique du "deux poids-deux mesures" et de leur morale à sens unique, ni qu'ils tombent eux-mêmes dans la "discrimination" pour divergence d'opinions, dont Socrate, le Christ, Bruno et Spinoza, entre autres, ont été victimes en leur temps. Ces "vertueux" pourchassent le "délit d'opinion" et vont même jusqu'à jeter l'opprobre sur des millions de citoyens-électeurs en raison de leur vision du monde et de la France, pourtant ni plus ni moins relative et partisane que la leur. Aucune vision du monde n'a de validité absolue et n'autorise quiconque à se décerner un "brevet de vertu" en son nom : il n'y a ni vertueux ni salauds par nature, mais seulement des individus égoïstes qui se comportent individuellement et collectivement, selon les circonstances, tantôt en vertueux, tantôt en salauds, au gré de leurs seuls intérêts égoïstes !

Alors, s'il n'y a pas les bons et les méchants par nature - ou par miracle ! -, sauf à démontrer le contraire, que les soi-disant "vertueux" et autres prétendus "irréprochables" cessent d'abord de faire culpabiliser la planète entière au nom d'un passé révolu – esclavage, colonisation, Shoah, etc.! Les "chiens de garde" du moralisme avec leurs associations droits-de-l'hommiste sont forcément tout aussi peu "irréprochables" que tous les autres humains (comme illustré ci-dessus), et leurs condamnations moralisatrices des "autres" se fondent uniquement sur des fictions moralistes et sur leur vision "relative et partisane" du monde, de l'Europe et de la France, alors qu'aucune ne saurait correspondre à l'Idéal : Idéal, qui n'est pas de ce monde, où tout est relatif ! La preuve : l'esclavage passé, dénoncé ici, est une pratique toujours d'actualité dans nombre de pays africains et musulmans, mais est-il dévoilé avec la même constance et une vigueur identique par les vertueux..?

A notre époque, les "vertueux" prospèrent même moralement sur cette chimère d'un monde "parfait", fondée seulement sur leurs "croyances au miracle" mensongères, au point de déclarer sans rire : "Cette gauche qui veut changer le monde et qui sait comment le changer". (LCI, 21 novembre 2004) Une telle escroquerie intellectuelle suffit aujourd'hui à transformer les menteurs en "vertueux" aux yeux de l'opinion. De ce fait, les prétendus vertueux s'autoproclament "juges", juges de LA morale, et ils deviennent ainsi des inquisiteurs redoutables pour la liberté d'expression, traquant et censurant le moindre propos non conforme à leurs "fictions" moralistes superstitieuses. Ils ne remarquent même pas qu'ils contreviennent ainsi à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme en matière de liberté d'expression ; certes, soumis ensuite par l'article 29 à l'arbitraire le plus complet des Etats, confirmant ainsi une "relativité" dont profitent les vertueux qui sont pour la totale liberté d'expression, à la seule condition qu'elle concerne surtout leurs opinions et tant que celles des autres ne dérangent pas leurs intérêts égoïstes partisans !

Par chance, en matière d'opinions, LA Vérité éternelle absolue finit toujours par rattraper les menteurs de toutes sortes, à la lumière des faits. Ainsi, Marx n'est-il ni le premier ni le dernier à avoir été rattrapé par elle, et j'y ajoute pour l'anecdote ce célèbre commissaire d'une série télévisée, applaudi par la foule crédule pour avoir déclaré au cours d'une émission estivale : "Dans vingt ans, le racisme aura disparu". Si vous cherchez bien, vous constaterez que les vingt ans sont écoulés, mais qu'il est pourtant davantage question de racisme aujourd'hui qu'à l'époque..!

Publié dans COURRIER "Politiques"

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