LETTRE A UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 7 décembre 2005

Monsieur Jacques Chirac
Palais de l'Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

(A l'attention de Dominique de Villepin et des membres du gouvernement)


Monsieur,


Les récents troubles à l'ordre public portant atteinte à l’autorité de la République et de votre fonction, largement légitimés pour leurs auteurs par le non-respect des droits de l'homme en général, et du principe républicain d'égalité en particulier, m'incitent à dénoncer au plus haut sommet de l'Etat les mensonges et autres "croyances au miracle" fondatrices de sempiternelles condamnations moralisatrices, colportés par la superstition idéologico-moraliste sur laquelle continue à fonctionner la société humaine universelle, et donc également la collectivité française.

Ma démarche, exempte de toute naïveté de croire en la possibilité de "changer le monde", est une contestation du conformisme ambiant de la pensée "politiquement correcte" actuelle : un moyen de dominance des âmes, édictant ce qu'il est bien et mal de penser et de dire au nom d'un Bien et d'un Mal prétendument absolus qui relèvent de l’obscurantisme des "croyances au miracle" de la Superstition en général, et de la superstition moraliste en particulier. Cette action ultime n'intervient toutefois qu'après avoir contacté, en vain, nombre des "pseudo-élites" du monde de l'information, de la politique, de l'intelligentsia et des associations droits-de-l'hommiste moralisatrices à sens unique et adeptes du deux poids-deux mesures, dont les noms figurent dans le texte ci-après, La lâcheté des élites, du seul fait qu'elles informent l'opinion uniquement de façon partielle et mutilée, donc partisane puisqu'elles occultent tout ce qui va à l'encontre de leurs intérêts de toutes sortes, sans daigner toutefois prendre part au seul et unique "véritable" débat d'idées, tel que précisé par la suite, auquel elles sont conviées depuis des années.


 Sur le premier point, je souligne que j'admets, sans une seule réserve quelconque, que tous les humains, sans aucune exception, sont fondés à réclamer des droits identiques, conformément à l'Article premier de la Déclaration adoptée par l´Assemblée générale des nations unies dans sa résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948. Toutefois, il faudra expliquer aux milliards de miséreux de la planète la raison d'être de leur misère, toujours d'actualité, malgré le principe d’égalité universellement proclamé au nom d'un Idéal, qui n'est pas de ce monde !


Certes, la superstition idéologico-moraliste n'est pas "en soi" responsable de la misère, mais elle est à la source des réactions de ceux qui la subissent, et en particulier des récents désordres dans les banlieues, dont les véritables responsables sont ceux qui continuent à colporter les mensonges du monde à travers leurs croyances idéologiques et moralistes superstitieuses. En effet, à force de rapporter constamment les sornettes de la superstition idéologico-moraliste et de tromper les humains par les fallacieuses promesses des uns et des autres, tous courants idéologico-politiques confondus, laissant croire en "leur" possibilité de transposer l'Idéal dans le quotidien, il ne faut pas s'étonner de leurs réactions en tous genres, en particulier dans les urnes, et pas davantage de la désaffection pour "le politique", dés lors que les citoyens-électeurs ne voient jamais venir la concrétisation des engagements pris en matière de liberté, d'égalité et de fraternité, notamment. Assurément, j'incrimine ici également tous ceux qui façonnent l'opinion sans jamais prendre la peine de "relativiser" leurs multiples points de vue partisans, qu'ils absolutisent plutôt, comme l'illustre la critique systématique des différents points de vue dans le domaine politique, à laquelle aucun courant n'échappe, hormis en de rares occasions consensuelles !


Pourtant, TOUTES les valeurs de notre monde humain, inspirées par l'Absolu avec ses idéaux du Bien, du Beau et du Vrai, sont - et demeureront ! - seulement "relatives" sur Terre, dans la mesure où tout être humain ne peut associer à chaque concept pensé que sa propre image – donc "relative" - de l'Idéal, sans jamais s'élever réellement pour autant à l'Absolu. Ainsi en est-il des concepts de liberté, d'égalité et de fraternité, dont chacun se forge sa représentation idéale personnelle ; dès lors, ce penser relatif n'en fera jamais la liberté, l'égalité et la fraternité absolues. Or, en dépit de leur relativité établie, toutes les valeurs, religieuses, morales, républicaines, etc., sont fictivement "absolutisées", c'est-à-dire idéalisées par simple oubli, dissimulation, ou ignorance que tout est relatif, rien n’est absolu, dans notre monde humain.


D'ailleurs, même les responsables politiques, en dépit de leurs sempiternels rappels à nos valeurs - droits de l'homme, en particulier - pour fonder leurs condamnations moralisatrices publiques, dont eux-mêmes ne sauraient être exonérés en raison de leurs réels agissements coupables avérés, ne semblent pas croire véritablement en cette possibilité de transposer l'Idéal dans le quotidien. Cela est illustré par vos propos, tenus dans l’une des grandes réunions publiques de la dernière campagne présidentielle, au cours de laquelle vous avez déclaré : "afin que liberté, égalité, fraternité ne demeurent pas de vains mots", confirmant par-là qu'ils le sont toujours. Hélas, ils le resteront aussi longtemps qu'il y aura des humains : l'Idéal n'est pas de ce monde, l'Idéal n'est pas transposable dans le quotidien ! Le faire croire et le laisser croire, voilà en quoi consistent les mensonges et les "croyances au miracle" de la Superstition sous toutes ses formes !


Par "Superstition", en effet, au sens donné à ce terme par le philosophe juif allemand, Constantin Brunner (1862-1937), héritier spirituel, entre autres, de Spinoza et du Christ - dans sa Parole non pervertie par la superstition religieuse -, il faut entendre l' « absolutisation du relatif », telle qu’elle se manifeste dans la religion, toutes religions confondues – monothéistes ou non -, dans la métaphysique (doctrine matérialiste depuis Aristote jusqu’au scientisme contemporain, positivistes inclus, et scolastique idéaliste de Descartes et de Kant, notamment), dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception – altermondialisme inclus -, et dans le moralisme [Morale et condamnation morale des "autres" au nom de LA morale], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l'homme, dont seule l' « inobservation » est réellement universelle.


Toutes ces expressions de la Superstition sont d'autant moins absolues qu'elles s'opposent entre elles sur leurs dogmes, comme les trois principales religions monothéistes suffisent à l'illustrer avec leur "triple Dieu" antagoniste, contesté par ailleurs par la doctrine matérialiste qui émet la même prétention mensongère à exprimer la Vérité absolue !


Absolutiser le relatif est une pratique intellectuellement malhonnête, consistant à prendre et à faire passer des "vérités relatives" pour autant de "vérités absolues", ce qui est un non-sens, philosophiquement parlant, puisque l'Absolu est UN, et non multiple. Toutefois, je n'entre pas ici dans un exposé philosophique exhaustif, sans refuser cependant le seul et unique "véritable" débat d'idées : celui qui ne consiste pas à opposer, "à l'infini", des points de vue "relatifs partisans" à d'autres, tout aussi relatifs et partisans, mais à confronter toutes les croyances superstitieuses à LA Vérité éternelle absolue, sommairement présentée dans le texte mentionné.


Seule, en effet, LA Vérité éternelle absolue est en mesure de mettre réellement un terme définitif à notre penser relatif ou penser du relatif concernant ce qui est pensé par notre entendement pratique (expérience des sens et penser des abstractions ou raison) dans et sur (= à propos de) notre monde : un monde, lui-même, seulement relatif à notre premier genre de connaissance, en dehors duquel il n’a aucune réalité. LA Vérité éternelle absolue met également fin à toute contradiction et incohérence de notre penser pratique : le "Vrai", dans son sens absolu, pourrait-il être absolument vrai, dès lors qu'il comporterait une seule contradiction ou incohérence..?! Je me limite ici, toutefois, à établir les mensonges de la superstition idéologico-moraliste dans ses "croyances au miracle", qui sont autant d' « impossibilités absolues » sur le plan philosophique.

                                 (A suivre...)


Publié dans COURRIER "Politiques"

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