"C'est facile d'être de gauche..."

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 2 septembre 2007
 
Objet :
« C’est facile d’être de gauche… »
 
 
Monsieur Benoît Hamon
2,rue Danielle Casanova
91220 Brétigny sur Orge
Fax : 01 60 85 33 28
Courriel :
 
[A l’attention de : François Hollande, Arnaud Montebourg, Bertrand Delanoë, Dominique Strauss-Kahn, Elisabeth Guigou, Henri Emmanuelli, Jack Lang, Jean Glavany, Jean-Marc Ayrault, Jean-PierreChevènement, Julien Dray, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Malek Boutih, Manuel Valls, Martine Aubry, Michel Sapin, Olivier Duhamel, Robert Badinter, Ségolène Royal et Vincent Peillon]
 
Monsieur,
 
 
Au cours d’un récent débat sur I-Télé, consacré à une énième rénovation du Parti socialiste, vous avez déclaré : « C’est facile d’être de gauche, aujourd’hui », en laissant sous-entendre, à l’appui de quelques problèmes d’actualité, qu’il suffirait de prendre le contrepied des mesures prises ou envisagées par la nouvelle majorité pour gagner l’opinion à sa cause, au nom d’un prétendu « intérêt général ».
 
D’aucuns pourraient déjà demander pourquoi votre mouvement n’y est pas parvenu depuis 1995, et quelles idées nouvelles il serait en mesure de proposer pour satisfaire l’intérêt de tous, par quoi il semble légitime de désigner le soi-disant « intérêt général ».
 
Poser la question sans jamais la résoudre, c’est reconnaître implicitement qu’il doit y avoir au moins « un » obstacle insurmontable, puisque votre seule volonté commune soi-disant libre n’y est toujours pas parvenue depuis 1981. Cet empêchement implacable, à jamais insurmontable, comme je n’ai eu de cesse de le faire savoir aux responsables socialistes mis en exergue ici, entre autres, c’est tout simplement l’ « impossibilité absolue » de transposer l’Idéal dans le quotidien, de passer effectivement de la théorie, les mots, à la pratique, les faits.

Sur ce plan, Marx aussi est un grand manipulateur devant l’éternel, devant la réalité éternelle de notre monde, puisque lui-même n’y est pas parvenu - et ses descendants pas davantage, jusqu’à preuve du contraire ! Dès lors, je comprends mieux le silence de tous ces caciques socialistes pourtant dûment informés depuis des années, et à de multiples reprises.
 
Néanmoins, à défaut de pouvoir objecter sur le fond, ils continuent à colporter les mensonges et les « croyances au miracle » de la superstition idéologique arc-boutée sur la superstition moraliste, lesquels se résument à l’intention chimérique et à la promesse fallacieuse de « changer le monde », ainsi que l’illustre ce propos savoureux de François Hollande parlant de « cette gauche qui veut changer le monde et qui sait comment le changer. » (SIC !) [LCI, 21 novembre 2004]
 
Je ne reprends pas ici l’ensemble de mon argumentation dénonçant la superstition idéologique, toutes les idéologies sans exception – altermondialisme inclus -, et le moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des « Autres », au nom de LA Morale (laquelle ? !)], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dont seule l’ « inobservation » est réellement universelle – sauf à vous d’établir le contraire, à l’aune de la marche du monde durant près de soixante ans !

Vos confrères socialistes et apparentés devraient être en mesure de vous informer aussi bien que moi, puisqu’ils disposent de la quasi-totalité de mes arguments, disséminée dans l’ensemble du courrier toujours sans réponse sur le fond.
 
Je me borne ici à affirmer sans argumentaire, sauf à vous de soulever des objections, que la superstition idéologique – et donc tous ses porte-parole – ment et trompe l’opinion en accréditant l’idée, intellectuellement et philosophiquement aberrante, de l’avènement possible d’un monde parfait avec des humains imparfaits, c’est à dire tout simplement égoïstes, mais DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN, hélas !
 
Par « égoïsme », dans son acception adéquate débarrassée de la connotation moralisatrice habituelle des bons et des méchants, les altruistes et les égoïstes, il faut entendre le désir premier, inné, de tout individu de vivre le plus longtemps et le mieux possible dans son milieu spatio-temporel d’existence, en se gratifiant, autant que faire se peut, dans ses affaires d’amour, de possession de biens et de personnes, d’où le rôle de l’argent, et de gloire ou honneur-vanité.  
 
Personne n’échappe à notre nature humaine égoïste, ni vous, ni « moi », ni tous les Autres (hypocrites et inconscients inclus) ; sinon, par quel miracle de la Nature en sa faveur ? ! Dès lors, RIEN n’est en mesure d’éradiquer les maux sempiternels de lasociété humaine, largement précisés par ailleurs, ni d’instaurer, de manière définitive et universelle : paix, justice, liberté, égalité, fraternité, voire stricte application du Droit, dans toutes ses composantes internationales et nationales, que chacun, vertueux compris, bafoue allègrement – au premier feu rouge venu, par exemple ! En cas de désaccord, vous êtes invité à tenter de relever le défi ci-dessus, que je lance à tous les penseurs, responsables politiques et autres du monde entier.
 
Ainsi, dans notre monde où tout est relatif et rien n’est absolu, le prétendu « ordre juste » claironné par la candidate socialiste durant sa campagne n’était qu’une aberration intellectuelle et philosophique mensongère, comme je n’ai eu de cesse de le dénoncer durant des mois : mais, nous reparlerons d’égalité ou d’ordre juste, lorsque les riches auront partagé leurs richesses avec les pauvres, c’est à dire à la saint Glin-glin !
 
Par ailleurs, contrairement à ce que la « débilité intellectuelle » de l’époque est parvenue récemment à faire croire jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions, la relativité de notre monde implique que TOUT ce qui est humain comporte à la fois du « pour », des avantages, du positif, et du « contre », des inconvénients, du négatif ; et ce, dans quelque domaine ou sur quelque question que ce soit. Dès lors, face à cette réalité incontournable de notre monde, il reste à chacun de trancher « égoïstement » entre positif et négatif dans ses affaires d’amour, d’argent et de gloire, en fonction de ses seuls intérêts égoïstes prioritaires.
 
En conséquence, comme il ne peut résulter des multiples prises de position égoïstes des uns et des autres que des conflits d’intérêts, au niveau des personnes comme des Etats ou n’importe quel autre groupe, je vous invite à justifier votre notion d’ « intérêt général » par un seul cas qui échapperait à la règle précitée. Je tiens à votre disposition une infinité de contre-exemples à l’appui de mon argumentation, à commencer par les divisions et autres luttes intestines entre des socialistes – professionnels de la politique, militants et sympathisants - motivés  comme tout un chacun par leurs seuls intérêts de toutes sortes, après lesquels passe l’ « intérêt général » du parti. Ce n’est pas moi, toutefois, qui vais vous reprocher, pas plus qu’à quiconque, d’avoir des comportements humains, trop humains, puisque « plus égoïste que moi, tu meurs »…
 
A SUIVRE...
 

Publié dans COURRIER "Politiques"

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