"Grande Gueule" ? Oui, mais c'est tout !

Publié le par Sylvain Saint-Martory


Le 15 juin 2007
 
 
Objet :
J’ACCUSE :
« Assez de mensonges et de manipulation ! »
 
 
Monsieur Karim Zéribi
RMC Info
« Les Grandes Gueules »
Fax : 01 71 19 11 90
 
[A l'attention de la Direction et de la rédaction, de Jean-Jacques Bourdin, Guillaume Cahours, Alain Marschall, Olivier Truchot, Sophie de Menthon, Jacques Maillot, Gaston Kelman et autres G.G bien-pensantes adeptes du « politiquement correct »]
 
 
Monsieur,
 
 
Je ne peux laisser passer sans réagir très vivement vos incessants « Moi, je veux… » censés changer la face du monde, c’est-à-dire transposer l’Idéal dans le quotidien par la seule magie de votre soi-disant « libre volonté ».
 
C’est une « aberration intellectuelle et philosophique » mensongère de la même veine que la prétention de Ségolène Royal d’instaurer un soi-disant « ordre juste » par le seul charme de son sourire ; rien d’étonnant par conséquent à ce qu’elle ait reçu le fervent soutien du « pseudo-philosophe » Bernard-Henri Lévy !
 
C’est pourquoi, sans reprendre ici l’argumentation maintes fois exposée pour dénoncer les mensonges et les « croyances au miracle » de la superstition idéologique et moraliste colportés, non seulement par les collaborateurs de RMC Info destinataires de mes mises en garde, mais également par les soi-disant « élites » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et des associations « droits-de-l’hommiste » moralisatrices à sens unique figurant dans le document en annexe, Mensonges et lâcheté des élites, je vous accuse de mentir et de tromper sciemment l’opinion, soit quelques centaines de milliers d’auditeurs, voire davantage ! Sauf à vous, bien entendu, d’établir que votre prétendu « libre arbitre » serait en mesure de réguler la mondialisation, d’accroître le taux de croissance des pays européens, de mettre fin à la misère mondiale, au conflit israélo-palestinien qui perdure depuis bientôt soixante ans, aux massacres quotidiens en Irak, au Darfour et ailleurs, d’obtenir la libération d’Ingrid Betancourt, d’instaurer sur Terre un « climat sur mesure » pour l’éternité, etc., etc., entre autres problèmes en suspens sur la planète ! Toutefois, j’ai déjà plus qu’amplement argumenté contre l’impuissance généralisée des idéologies, toutes idéologies confondues, et des morales, tous catéchismes sans exception, à faire de la Terre un paradis ; votre refus de débattre atteste seulement que vous préférez le rêve, la « croyance au miracle », à la réalité inéluctable du monde…
 
Votre propre échec, au premier tour de l’élection législative, suffit à témoigner que les « Moi, je veux.. » de votre prétendue libre volonté sont impuissants à satisfaire même vos vœux personnels, et pourtant je ne doute pas que vos aspirations et autres intérêts égoïstes auraient exigé d’être servis en premier, comme il en va pour chacun des six milliards et quelques humains dans ses affaires d’amour, d’argent et de gloire ou honneur-vanité. Il faut donc en conclure que le « libre arbitre » ne régit pas la marche du monde, mais que son devenir « inéluctable » résulte de la « nécessité » ou déterminisme infini, tel que très largement précisé dans le courrier antérieur.
 
Le problème pour n’importe quel candidat à une fonction élective, qui croit en la toute puissance de son « libre arbitre », c’est qu’il trompe forcément les citoyens-électeurs en accréditant l’idée que ses « Moi, je veux », donc ses promesses électorales, parviendront à résoudre leurs difficultés quotidiennes, celles de la France et du monde. Etonnez-vous qu’ils aient une si piètre idée du monde politique et de ses sempiternelles promesses sans lendemain, dès lors que personne ne les informe que les candidats – comme tous les Autres ! - font ce qu’ils« peuvent », pas ce qu’ils« veulent » à leur guise ! ! !
 
Pour votre gouverne et vous ramener sur Terre, je rappelle ce court extrait de ma lettre du 27 janvier dernier à Ségolène Royal, dénonçant le soi-disant « libre arbitre », dont le sien a montré par la suite son impuissance à exaucer son vœu le plus cher :
 
« Pour terminer, je rappelle ce qui a déjà été exposé précédemment, à savoir la fiction de notre prétendu « libre arbitre », opposable sur le plan philosophique à la « nécessité » spinoziste, par quoi il faut entendre le devenir inéluctable du monde résultant de l’enchaînement causal infini de l’infinité des causes et des effets. En vertu de ce déterminisme inexorable, tous les phénomènes naturels et autres évènements du monde se produisent toujours« nécessairement », comme les lois scientifiques suffisent à l’attester dans le monde des phénomènes de la nature. Toutefois, il n’en va pas différemment pour les évènements historiques, collectifs et ceux de notre propre vie qui ne dépendent pas davantage d’un quelconque prétendu libre arbitre – sauf à vos intellectuels et / ou philosophes de démontrer le contraire !
C’est pourtant sur cet illusoire « libre arbitre », exprimé par l’adage populaire « vouloir, c’est pouvoir », que se fondent toutes les promesses électorales des uns et des autres, faisant ou laissant croire que la réalisation de leurs engagements dépendrait de leur bon-vouloir, d’une pseudo-volonté libre totalement détachée de la causalité infinie. Or, pour témoigner du contraire, j’emprunte le propos suivant à Mikhaïl Gorbatchev, pas vraiment un philosophe reconnu, mais responsable politique expérimenté, déclarant : « Rien ne peut être fait horsdu cadre d’une nécessité supérieure ».
En effet, contrairement à ce que laissent entendre les responsables politiques de tous bords, ici et là, la marche du monde ne dépend pas de notre prétendu « libre arbitre », cette croyance superstitieuse héritée de la religion et de l’idéalisme kantien, en particulier. En réalité, il est seulement l’illusion qu’il suffirait de vouloir pour pouvoir, comme je l’ai entendu dire publiquement par Jack Lang déclarant sur un plateau télévisé : « Quand un gouvernement veut, il peut » ! Comme quoi, on peut être un responsable politique de haut rang et avoir une vision superstitieuse des choses – d’où mon plaidoyer pour introduire la philosophie à l’ENA ! ! !
Du fait de leur « croyance au miracle » qu’il serait en leur pouvoir de réaliser ce qu’ils ont décidé, les responsables politiques s’autorisent toutes les promesses et toutes les surenchères, dont le monde entier attend encore la concrétisation en matière de liberté, d’égalité et de fraternité, notamment. J’affirme toutefois, sans aucun risque d’être démenti par les millénaires à venir, que les êtres humains les attendront jusqu’à la fin des temps, comme l’exprime sans ambiguïté ce mot de Camus : « La souffrance et la révolte s’éteindront avec le dernier homme » !
Alors, pourquoi continuer à leur « mentir » ? Pendant combien de siècles, combien de millénaires encore, va-t-on leur raconter les sornettes de la Superstition, non seulement idéologique et moraliste, mais également religieuse et métaphysique [Scientisme matérialiste et scolastique idéaliste] ?
Pas étonnant que les citoyens-électeurs bercés d’illusions se détournent de la politique, puisqu’ils constatent sans cesse le décalage entre les mirifiques promesses et leurs résultats. Cependant, ce n’est pas pour autant que la campagne présidentielle 2007 sera avare de promesses et de surenchères en tous genres, puisque les électeurs n’ont pas conscience que la marche du monde ainsi que notre vie dépendent du déterminisme infini, et non d’un prétendu libre arbitre : la seule possibilité laissée aux humains est l’obligation de s’adapter, pas celle de maîtriser leur destin à leur guise ! Au nom de cette absurdité intellectuelle et philosophique, les humains d’aujourd’hui entendent pourtant « maîtriser » les forces de la nature pour lui imposer un climat sur mesure !
Puissiez-vous donc méditer avec profit les propos suivants de Mikhaïl Gorbatchev, ce responsable politique « intellectuellement honnête » devant la nécessité :
 
« Le futur ne peut être le fruit de rêves ; il naît de la réalité, des contradictions et des tendances de son développement.
 
L’expérience historique atteste qu’aucune révolution ne se déroule selon un plan conçu d’avance. Aucune révolution ne donne exactement les résultats escomptés ; la révolution n’était ni fortuite, ni une erreur.
 
Quand on est au pouvoir, on est toujours otage de la situation.
 
L’œuvre de Lénine, comme celle de Mao, montre que la pensée d’un homme peut façonner la vie de milliards d’autres hommes pendant plusieurs générations, et être en substance une aberration consternante. » [Mikhaïl Gorbatchev, source Le Point, n°901, semaine du 24 au 31 décembre 1989]
 
L’ex-leader soviétique vous donne là une leçon de « vérité », qui n’exprime rien d’autre que celle des grands diseurs de LA Vérité éternelle absolue, ces penseurs véritablement universels qui ne confondent pas absolu et relatif, et a fortiori n’ « absolutisent » pas les vérités relatives du monde.
 
L’impossibilité absolue pour notre entendement de connaître l’enchaînement causal infini de l’infinité des causes et des effets de tout phénomène laisse croire à un « possible réalisable ». Or, parler d’un « ordre juste  possible », ou prétendre comme un concurrent que « tout devient possible », relève seulement d’un discours mensonger qui trompe l’opinion !
 
Le possible n’est en effet qu’une illusion de notre prétendu libre arbitre, ignorant du déterminisme. A suivre cette idée de pseudo-volonté libre, chacun ferait donc commencer la causalité en chacun de lui et deviendrait ainsi, en certaines circonstances - tel un petit dieu ! -, le premier maillon ou la cause première d’une chaîne causale initiée par lui. Dès lors, la causalité ne serait plus infinie par définition, puisqu’elle aurait un commencement absolu : chacun d’entre nous ! Hélas, personne, même pas les socialistes, ne maîtrise le déterminisme infini en quelque domaine que ce soit, croissance économique et emploi, par exemple.
 
De plus, ce que Spinoza nomme « Dieu » ou Substance agit aussi seulement en vertu de la « nécessité » de sa nature, et non en raison de son prétendu « libre arbitre », comme il en va pour le Dieu superstitieux des religions monothéistes ou de l’idéalisme kantien. Ainsi, Dieu aurait-il pu tout aussi bien ne pas créer notre monde, en vertu de son « libre choix » - par chance, Dieu s’ennuyait, tout seul dans son paradis ! » [Fin de citation]
 
Je doute fort que les prétendues « Grandes Gueules » de RMC Info auront plus qu’hier l’honnêteté et le courage intellectuels de débattre, mais votre silence manifestera votre intention délibérée de continuer à colporter les mensonges et les « croyances au miracle » du monde, tels que précisés ci-après. Si la « nouvelle gauche » se fonde sur de telles idées superstitieuses, comme dit trivialement l’autre : « C’est mal barré » ! ! !
 
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, monsieur mes salutations distinguées.
 
Annexe : « Mensonges et lâcheté des élites »
 
 
                                  
 
 

Publié dans COURRIER "Médias"

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