« Un avenir radieux pour l’euthanasie ? »

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Marseille, le 18 juillet 2012

 

Courriel : xxxxxx@yyyyy.fr

         

Objet :

« Un avenir radieux pour l’euthanasie ? »

 

Monsieur Jean-Luc Romero

Président de l’A. D. M. D

50, rue de Chabrol

75010 PARIS

Fax : 01 48 00 05 72

Courriel :

infos@admd.net

 

Monsieur,

 

Votre dernière intervention télévisée laissant supposer, comme je n’en doute plus, que votre combat pour le droit de mourir dans la dignité, légalisant l’euthanasie active mais sans abus, ne tarderait pas à être couronné de succès, me donne une ultime occasion, j’espère, de vous féliciter pour votre inlassable et opiniâtre action.

 

Néanmoins, j’attends avec curiosité de connaître la position du docteur Sicard chargé de mener à terme cette disposition, s’il s’agit bien du Didier Sicard qui présidait jusqu’ici le Comité consultatif national d’éthique, car il n’a eu de cesse de s’y opposer pour des considérations d’ordre moral, comme je le lui ai fait savoir maintes fois, ainsi qu’en témoigne ma lettre du 13 janvier 2008 jointe à cet envoi, mais sans jamais avoir l’honnêteté et le courage intellectuels d’avancer ses arguments contraires, à l’exemple de Jean Leonetti, voire Nicolas Sarkozy, comme en témoignent mes deux lettres accusatrices en la matière.

 

Toutefois, lorsque la loi autorisant l'euthanasie aura été adoptée, faute de pouvoir correspondre avec Manuel Valls comme auparavant, je vous saurais gré de bien vouloir lui faire part de mes plus vives félicitations, car son action aura été également très déterminante.

 

Dans cette heureuse éventualité, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes sincères salutations.

 

P J : Lettre du 13 novembre 2008 au Comité consultatif national d’éthique



 Le 13 janvier 2008

 

Objet : « Détection précoce de la surdité, éthique et catéchisme »

 

Monsieur Didier Sicard

Président

Comité consultatif national  d’éthique

7, rue Saint Georges

75009 PARIS

Courriel : contact@comite-ethique.fr

 

[A l’attention des membres du Comité consultatif national d’éthique]

 

Monsieur,

 

 Une récente information, d’apparence anodine, me donne néanmoins une excellente occasion de vous rappeler ma lettre du 7 octobre dernier, ayant pour objet « Ethique et moralisme », mais toujours sans réponse à ce jour, ce qui m’autorise à en déduire que votre silence et votre refus de débattre ne témoignent pas d’un grand courage intellectuel, sûrement, par manque d’arguments contraires à opposer à des vérités intemporelles - sauf à vous-même, évidemment, de me démentir.

 

Dans ce courrier, compte tenu de l’importance accordée officiellement à vos décisions jugeant du bien et du mal, à propos  des saisines les plus diverses, j’attirai précisément votre attention sur la distinction entre l’éthique et la morale. En effet, cette différenciation est particulièrement malmenée aujourd’hui par la quasi-totalité des soi-disant « élites » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et de nombre d’associations « droits-de-l’hommiste » moralisatrices à sens unique et adeptes du « deux poids, deux mesures », dénoncées nommément dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites.

Tous ces faiseurs d’opinion publique doivent sûrement ignorer que le mot « morale » ne se rencontre pas une seule fois dans l’Éthique, sinon ils ne feraient pas la confusion et se dispenseraient donc de donner des leçons de morale aux « Autres », tout comme l’enseignement du Christ, depuis bientôt deux mille ans,  aurait dû les en préserver ! En effet, pour donner des leçons de morale aux Autres, il faudrait être, d’abord, soi-même irréprochable, et de surcroît, s’il existait des individus réellement irréprochables, ils se garderaient bien d’en donner – précisément, parce qu’eux-mêmes seraient IRRÉPROCHABLES !

 

Or, en réalité, comme vous n’en doutez sûrement pas plus que n’importe quel individu sensé, j’espère, il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais, d’individus ni de groupes d’individus, TOUS critères d’appartenance confondus, réellement irréprochables, puisque, face à l’Idéal, chacun est forcément coupable - coupable de crime de lèse-Idéal !

 

Pourtant, à moins de ne pas suivre l’actualité du monde, vous ne pouvez pas ignorer que toutes les attaques fondées sur LA Morale, c’est-à-dire sur les critères de bien et de mal, remplissent les informations journalières, voire les prétoires, de leurs jugements moralisateurs partisans décrétant ce qu’il serait absolument bien ou mal de penser et de dire, sur fondement de « pensée politiquement correcte » du jour, en tout point conforme à la bien-pensance moralisatrice hypocrite !

 

Certains « vertueux », de gauche pour ne pas les nommer, vont même en son nom jusqu’à tenir tribune moralisatrice sur l’égoïsme, l’égocentrisme et le narcissisme très précisément du chef de l‘Etat, alors que personne, pas plus vous que « moi » et tous les autres humains sans exception (hypocrites et inconscients inclus) n’échappe à sa nature humaine égoïste, comme je m’en suis très sommairement expliqué dans le courrier précédent.

 

C’est pourquoi reprocher à quiconque son égoïsme inné, manifesté essentiellement par chacun dans ses affaires d’amour, d’argent et de gloire ou honneur-vanité, témoigne, non seulement d’une inconscience grossière suffisant à disqualifier son auteur, mais plutôt d’une intention délibérée de nuire, toujours dans le seul souci de ses intérêts égoïstes partisans, individuels ou collectifs, de toutes sortes.

 

Toutefois, comme vous devez encore disposer de ma lettre précédente, je n’entends pas reprendre ici la totalité de l’argumentation avancée pour démontrer que le moralisme, la superstition moraliste [Morale et condamnations moralisatrices des « Autres » au nom de LA Morale : laquelle ? !] se fonde essentiellement sur trois fictions, quels que soient les catéchismes censés exprimer l’absolu, c’est-à-dire déterminer des commandements et des interdits soi-disant absolus, comme c’est précisément le cas du catéchisme prétendument universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l’homme, dont seule l’inobservation est réellement universelle – sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire, à l’aune du devenir du monde depuis six décennies !

 

Ses contradictions en matière de liberté d’opinion et d’expression, telles qu’elles ressortent de la confrontation des articles 19 et 29, suffisent à témoigner de la « relativité », à laquelle ce catéchisme n’échappe pas ; une relativité sur laquelle se fondent néanmoins nos concitoyens en général, et les faiseurs d’opinion en particulier, pour porter des condamnations moralisatrices absolues, sans que personne n’ait jusqu’ici dénoncé cette incohérence. Elle ne peut pas être mieux illustrée, d’ailleurs, que par ce propos croquignolet de Jean-Louis Bianco, ex-directeur de campagne de Ségolène Royal, déclarant, « sans rire » sur RMC Info, au micro de soi-disant « Grandes Gueules » : « On a le droit de tout dire, mais il y a des limites. » ! ! !

 

C’est assurément la traduction la plus fidèle possible de l’esprit du catéchisme universel en matière de liberté, mais je n’ai jamais entendu votre comité d’éthique relever pour autant son incohérence. J’entends plutôt les faiseurs d’opinion, quels que soient leur milieu d’influence, juger et condamner moralement les AUTRES, de façon absolue, fut-ce sur la base d’une telle « aberration intellectuelle et philosophique » - sauf encore à vous-même d’apporter la preuve du contraire ! ! !

 

Outre le moralisme, ce penser superstitieux s’exprime également dans la religion, toutes religions confondues (monothéistes ou non), dans la métaphysique [Matérialisme scientiste et pseudo-philosophie theologico-scolastique ou spiritualisme de Descartes ou de Kant, entre autres « philosopheurs »] et dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception – illusion altermondialiste incluse – en trompant ainsi l’opinion !

 

Il vous reste à apporter la preuve que votre Comité d’éthique ignore effectivement ces fictions, lorsqu’il prend ses décisions pour donner un avis devenant ipso facto officiel. Mais officiel ne signifie pas pour autant absolu ; pire, cela peut même témoigner de la « débilité intellectuelle » de l’époque, capable de faire croire jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions qu’une quelconque chose humaine, fut-ce la période coloniale, pourrait comporter « exclusivement » du négatif, des inconvénients.

 

J’ignore, toutefois, si votre comité avait été préalablement consulté pour donner son avis sur l’histoire des siècles passés, mais j’aurais plutôt tendance à penser que vous ne seriez pas allés jusqu’à contrecarrer la position du donneur de leçons de morale le plus médiatisé de France, Bernard-Henri Lévy en l’occurrence, comme j’ai eu de multiples occasions de le lui faire savoir, sans qu’il montre jusqu’ici davantage de courage intellectuel que vous pour avancer ses arguments contraires. Il a trop peur d’ouvrir la boîte de Pandore, alors que les mensonges et les « croyances au miracle » de la Superstition sous toutes ses formes lui sont très profitables !

 

Quand on en est encore au stade intellectuel de nier que TOUT, dans notre monde où tout est relatif, présente à la fois du positif, des avantages, et du négatif, des inconvénients, entre lesquels tranchent seulement les intérêts individuels et collectifs des uns et des autres, sans qu’un comité d’éthique officiel ne vienne donner un avis opposé, c’est témoigner ainsi que la société humaine contemporaine, qui se croit pourtant au comble du modernisme, continue de fonctionner, comme aux pires époques obscurantistes les plus reculées, sur la Superstition dans les divers modes d’expression mentionnés plus haut.

 

Le hic pour juger les Autres, c’est que bien et mal n’existent que relativement à une époque, à un lieu, à un groupe déterminé, etc., mais pas absolument, c’est-à-dire indépendamment d’un penser qui les pense. Leur « non-absoluité » effective se démontre par le simple fait que la coexistence de « deux » absolus,  Bien et Mal absolus, en l’occurrence, est une impossibilité absolue par définition, philosophiquement parlant. Toutefois, dans l’attente de vos objections éventuelles, je n’insiste pas ici sur ces considérations générales que je suis tout disposé à développer, et tout aussi prêt à en débattre sur le fond avec quiconque.

 

J’en viens donc à la brève information diffusée, se bornant à indiquer que le comité consultatif national d’éthique devrait donner son avis dans la journée sur l’opportunité, ou non, de détecter précocement la surdité chez les enfants, en l’occurrence sur des nourrissons. Où LA Morale ne va-t-elle pas se nicher, si j’en juge d’après le titre de votre comité chargé de donner son avis sur ce point ? Je me borne à poser la question : « En quoi la détection précoce de la surdité des enfants intéresse-t-elle La Morale, au point qu’un comité de sages soit conduit à en décider, sachant que son avis influence la décision étatique ? »

 

Il s’agit d’une question médicale, d’un problème d’intégrité physique à long terme, qui devrait concerner les seuls scientifiques et médecins, en dehors de toute considération morale, sur laquelle vous êtes pourtant consulté quant à la suite à donner par loi ou par décret. Vous devenez de facto les juges de l’Idéal, mais à quel titre êtes-vous ainsi conduits à juger en son nom, si telle chose ou telle autre est bonne ou mauvaise, bien ou mal  autrement que relativement !

 

Ainsi, si vous vous prononcez contre l’intervention envisagée, quelles qu’en soient vos raisons, allez dire ensuite à des parents que leur enfant est sourd, toute sa vie durant, parce qu’un comité d’experts es morale aura décidé qu’il était malvenu, pour des considérations dites éthiques, d’intervenir trop tôt – sauf à vous d’établir que le comité consultatif national d’éthique ne serait constitué que de professionnels de santé, voire de scientifiques.

 

Et même dans ce cas, leur parole d’hommes de science n’est que « relative », comme ceci ne peut pas être plus nettement mis en évidence que par ce propos de Claude Allègre : « La vérité officielle scientifique, ça n’existe pas ! » [France Inter, 11 octobre 2007] En clair : la vérité scientifique n’est pas absolue, elle est à jamais condamnée à demeurer « relative » ! ! ! Par ailleurs, un comité d’éthique s’était-il réuni pour donner son avis moral avant de doter la République de l’arme atomique ?

 

Si, concernant la détection envisagée, il s’agit d’une simple mesure de « précaution », pourquoi pas, mais pourquoi un avis moral ? Certes, notre époque timorée est si friande de se prémunir contre tout qu’elle prend des mesures allant même jusqu’à restreindre des libertés, uniquement parce que ses contemporains redoutent, sur la foi de scientifiques officiels, un avenir lointain qu’ils ne verront même pas, comme il en va en matière de réchauffement climatique.

 

Pourquoi solliciter l’avis d’un comité d’éthique pour la saisine évoquée, pourquoi ne pas s’en remettre tout simplement à la décision de parents conseillés par un médecin-expert décidant finalement de l’opportunité ou non d’intervenir précocement, quitte aux spécialistes de se mettre ensuite à couvert, en vertu de l’actuel « principe de précaution » ?

 

Laissez les adultes responsables décider en leur âme et conscience, mais que les médecins, de grâce, respectent leur choix conscient, dès lors que les personnes directement concernées ont pris leurs responsabilités – sauf à eux de témoigner par-là de leur égocentrique pouvoir médical que l’avenir n’aura de cesse de relativiser, voire de ridiculiser, à en juger à l’aune des médecins de Molière ! Qu’en sera-t-il, en effet, dans trois ou quatre siècles, voire beaucoup plus, de notre flamboyante médecine d’aujourd’hui, pourtant déjà pas à l’abri de contradictions ? !

 

Je termine par des considérations relevées sur le site Internet de votre comité, où je note, entre autre, qu’il n’a pas pour objectif de dicter le bien et le mal, quoique parlant d’éclairer les progrès de la science, de soulever des enjeux de société nouveaux et de poser un regard éthique sur ces évolutions, comme cela est clairement résumé par ce propos sans ambiguïté :

 

« Le Comité Consultatif National d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé a pour mission de donner des avis sur les problèmes éthiques. »

 

Sauf à vous d’argumenter pour me démentir, je vois mal comment il serait possible de poser un regard dit éthique, de donner des avis sur les problèmes éthiques, sans se préoccuper de ce qui est bien et mal, d’autant plus que la confusion entre éthique et morale est patente.

 

En conséquence, sur quoi d’autre que le bien et le mal, au sens moral des termes, vous fondez-vous pour prendre vos décisions, lorsqu’il s’agit très précisément d’enjeux de société ? S’il s’agit de questions purement scientifiques et médicales, à quoi bon un comité d’éthique pour en juger ? Ou bien, iriez-vous jusqu’à prétendre qu’aucune de vos décisions concernant des enjeux de société n’a jamais été fondée sur le critère moral de bien et mal ?

 

En conclusion, je souligne que votre obstination dans le silence témoignerait qu’un comité officiel d’éthique redoute tellement de confronter ses idées relatives à LA Vérité absolue que je ne pourrais manquer de m’interroger sur son objectivité. Certes, en théorie, conscients que l’Idéal n’est pas de ce monde, vous n’avez pas la prétention de dicter le Bien et le Mal absolus, mais le poids de vos décisions est tel, au sommet de l’Etat, qu’elles deviennent pratiquement quasi absolues par la force de la loi avec son pouvoir de coercition, ainsi qu’il en va encore pour l’euthanasie.

 

Ceci devient même anti-démocratique, lorsque des décisions fixent des limites à la liberté d’expression en excluant du champ des débats ce qui va à l’encontre de la superstition moraliste, à savoir des vérités intemporelles constamment bafouées, ainsi que cela se voit fréquemment lors de condamnations personnelles pour des propos jugés selon la bien-pensance du jour, mais jamais véritablement au fond. Certes, hier comme aujourd’hui, d’illustres prédécesseurs furent également, en leur temps, empoisonnés, crucifiés, brûlés ou excommuniés pour délit d'opinion, alors que leur seul tort était de dire au monde l’Absolu - LA Vérité absolue

 

L’objection va peut-être au-delà de votre rôle spécifique, mais un comité d’éthique, au sens adéquat du terme, ne devrait pas avoir à s’interdire de dénoncer l’utilisation abusive de Bien et de Mal en raison de leur « relativité absolutisée », quitte à désobliger le pouvoir. Ou alors seriez-vous seulement aux ordres du pouvoir, lorsque cela l’arrange dans des saisines confortant davantage la Foi que la Raison (Cf. la période coloniale) ?

 

Pour être tout à fait clair sur la question, Bien et Mal sont utilisés abusivement, lorsqu’ils sont mis au service d’intérêts partisans pour faire condamner les « gêneurs » et les réduire au silence, de sorte que perdure seulement la pensée unique du jour, moralisatrice et bien-pensante mais mensongère.

 

Je ne méconnais pas pour autant l’ampleur de la tâche qui consisterait déjà à ouvrir publiquement le débat sur LA morale, mais votre comité serait particulièrement bienvenu d’y réfléchir, sans me faire pour autant beaucoup d’illusions sur votre réelle volonté d’y contribuer.

 

Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

 

Annexe : Texte, Mensonges et lâcheté des élites

 

 

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans COURRIER "Divers"

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