"Les Grandes Gueules" : J'ACCUSE ! [Partie III]

Publié le par Sylvain Saint-Martory

 

Pour conclure sur ce point précis, il ressort qu'il n’y a pas de choses bonnes ou mauvaises « en soi », c’est-à-dire indépendamment de tout jugement de valeur d'un penser partisan qui les pense, comme l’exprime à merveille ce mot de Spinoza :


« Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne » !


De ce fait, aucune vision du monde et de la France n’est légitimée à se prévaloir d’une validité morale absolue sur quelque question que ce soit - immigration, période coloniale, Shoah, etc. -, donc à juger et à condamner moralement les Autres : ceux qui pensent différemment le devenir inéluctable de la France et du monde ! La vision de la gauche, plurielle ou divisée, fondée uniquement sur la fallacieuse promesse de « changer le monde », n’y échappe pas davantage que toute autre, du seul fait de sa présentation partisane « absolutisant le relatif ».


C’est pourtant en vertu de cette fiction mensongère que de soi-disant vertueux « censeurs autoproclamés » s’autorisent, tels des petits dieux, à prononcer des condamnations moralisatrices absolues. Or, tout ce qui précède devait les dispenser de continuer à s’ « auto-décerner » le prix de la vertu, et à s’en « auto-octroyer » le monopole, en distribuant louanges et blâmes sur la seule base de leur devise favorite : « Je condamne, donc je suis vertueux » - à moins que ce ne soit l’inverse !


Toutes les visions du monde et de la France sont seulement relatives, puisqu'elles comportent à la fois, comme déjà dit, du positif et du négatif, qu'il s'agisse de la période coloniale, de l'immigration et autres sujets « tabous » ; autant de questions, sur lesquelles les seuls bien-pensants sont autorisés aujourd’hui à exprimer un avis faisant autorité morale sans avoir à craindre les foudres des « censeurs autoproclamés » : forcément, puisqu'ils sont à la fois juges et parties !


Après ces considérations générales sur les fictions fondatrices du moralisme, au sujet desquelles j’attends vos éventuelles objections de fond sur tel ou tel point bien précis, j’en viens concrètement à vos propos contradictoires, d’un jour à l’autre. En effet, dans l’émission du 12 courant, vous avez commencé par stigmatiser à tout va, à « diaboliser », non seulement Jean-Marie Le Pen, mais également ses électeurs.


Par chance, dans l’émission suivante, la reculade des éditions Belin, évoquée à propos du Prophète, a fait réagir vivement une enseignante. Celle-ci, en effet, vous a ramené à la réalité de l’islam en France, en soulignant non seulement son influence néfaste sur notre sacro-saint principe de laïcité, jamais autant mis à mal même depuis le début des années 80, mais également les contestations de notre enseignement au nom du Coran, voire la remise en cause des médecins, voire des infirmiers, de sexe masculin à l’hôpital, et de la mixité dans certains lieux publics (piscines, par exemple) – à quand l’école ? ! -, que le judaïsme et le christianisme n’avaient jamais suscitées jusqu’ici.


Par ailleurs, l’exemple de la mère de famille musulmane refusant de renoncer à son hijab pour accompagner un groupe d’élèves devrait vous faire réfléchir sur l’argument sans cesse évoqué pour tenter de distinguer entre les islamistes et les musulmans ; tous les pratiquants rigoureux ne sont pas forcément des poseurs de bombes, mais peut-être néanmoins des intégristes hostiles à notre laïcité à la française, et qui mettent ainsi en péril la République.


Quoi qu’il en soit, la déclaration de cette enseignante a eu pour effet de vous faire revenir sur vos fermes condamnations moralisatrices de la veille au motif d’islamophobie ; une manipulation de l’opinion consistant à faire l’amalgame entre la critique d’idées superstitieuses et des attaques ad hominem d’autant plus injustifiées que des centaines de millions de musulmans à travers le monde ne sont pas arabes. Un tel amalgame est, par ailleurs, en tout point comparable à la confusion volontairement entretenue entre antisionisme et antisémitisme, pourtant dénoncée en son temps sans ambiguïté par le philosophe juif allemand Constantin Brunner (1862-1937), héritier spirituel du Christ et de Spinoza, entre autre, mais il sert toujours de prétexte pour dénoncer l’antisémitisme primaire.


Votre revirement manifeste, face à l’intervention de cette enseignante, a même libéré à tel point la parole sur votre plateau que l’une des intervenantes, Anna Sallabi (orthographe non garantie) en l’occurrence, a pu déclarer à propos de l’islam : « C’est la religion qui emmerde le plus le monde » ! Mouloud Aounit aurait assurément intenté une action de plus en justice pour bien moins que « ça », si j’en juge d’après son acharnement judiciaire et son intention avortée de faire instituer un « délit de blasphème » : en France, dans une république dite laïque, au XXIe siècle !

L’obscurantisme revient au galop pour avoir déjà trop ménagé la superstition au cours des vingt-cinq dernières années, comme en témoigne notamment votre obséquiosité à l’égard du dirigeant du MRAP à chacune de ses réceptions. Pourtant, à l’aune de l’actualité internationale et nationale, qui peut affirmer, sauf mauvaise foi, que le propos d’Anna Sallabi est absolument faux ? Qui a peur aujourd’hui, en effet, des bombes éventuelles lancées par le judaïsme et le christianisme ?

En tout cas, Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Ayaan Hirsi Ali et Robert Redeker, tous frappés de fatwa, ne pourraient que concorder avec la déclaration d’Anna Sallabi. Comme je doute fort que vous sanctionniez cette intervenante pour une déclaration que je partage totalement, votre indulgence confirmera, non seulement que vous l’approuvez aussi, mais elle témoignera, par là même, de votre double discours au gré des circonstances : une spécialité propre à tous les « vertueux » hypocrites de la planète et de toutes les époques…

Pour conclure sur vos constantes condamnations moralisatrices, compte tenu de tout ce qui précède, QUI donc vous a fait juges du Bien et du Mal sur Terre, et vous autorise à faire le tri entre les bons et les méchants, dénoncé pourtant sans ambiguïté, il va y avoir bientôt deux mille ans, par l’un des rares grands diseurs universels de LA Vérité absolue ?


Rien ni personne n’a investi quiconque en Juge absolu sur Terre, et pas davantage ceux que je dénonce comme suppôts du moralisme ! Qui est légitimé à dicter l’Idéal, et de surcroît à juger et à condamner moralement les « Autres » de façon absolue, au nom de l’Idéal ? Ni vous, ni moi, ni tous les Autres (hypocrites inclus), pour la seule et unique raison suivante : « Face à l’Idéal, CHACUN est forcément coupable, coupable de crime de lèse-Idéal ! »


Néanmoins, les « vertueux » et vous-même – sauf à prouver le contraire ! -, vous condamnez moralement les « Autres » sur la seule base de leurs opinions, au prétexte que vous, les « vertueux », vous aimeriez tout le monde et seriez les représentants sur Terre du Bien absolu ! ! ! C’est encore une illustration de la « débilité intellectuelle » de l’époque, puisque votre preuve d’amour se résume à faire culpabiliser les Autres, en feignant d’ignorer qu’il n’y a jamais eu, qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais sur Terre d’individus, de groupes d’individus, TOUS critères d’appartenance confondus, et donc de peuples, de nations et d’Etats « IRRÉPROCHABLES » !


Vos jugements moralisateurs se fondent donc seulement sur les fictions moralistes dénoncées ci-dessus, en oubliant que pour donner des leçons de morale aux Autres, il faudrait être d’abord soi-même « irréprochable » ! Or, même s’il existait réellement des individus vraiment « irréprochables », ils se garderaient bien de juger et de condamner moralement les Autres, précisément parce qu’ils seraient eux-mêmes irréprochables ! ! !


En conséquence, merci de réserver vos leçons de morale à votre usage personnel, et d’affirmer, sans honte ni culpabilité, comme je n’ai de cesse de le proclamer : « Plus égoïste que moi, tu meurs » ! Il n’y a pas d’autre démarche pour espérer faire reculer un tant soit peu l’intolérance et l’hypocrisie !


Votre obstination dans le silence et le refus de débattre sur le fond témoignerait de votre intention délibérée de continuer à colporter les mensonges et les « croyances au miracle » du monde, et donc à tromper ainsi l’opinion. Je souligne toutefois que votre éventuelle réponse ne devra pas faire abstraction des longs développements antérieurs de toute ma correspondance.


Je vous remercie de votre attention, et vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, mes salutations distinguées.

P S : Le retard apporté à la publication de la troisième partie de ce texte ainsi que les éventuels défauts de présentation, espacements en particulier, sont totalement indépendants de ma volonté !


Annexe : Mensonges et lâcheté des élites


Rappel du courrier antérieur :

Direction et rédaction :

28 novembre 2003, 25 janvier et 2 décembre 2004, 12 mai 2005, 7 janvier et 25 février 2007

Alain Marschall et Olivier Truchot :

6 août et 9 décembre 2005, 9 février et 2 novembre 2006

Gaston Kelman : 18 janvier et 12 octobre 2006

Karim Zéribi : 9 septembre et 8 novembre 2005

Sophie de Menthon : 5 octobre 2006






Publié dans COURRIER "Médias"

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