Ségolène : "comme les autres"

Publié le par Sylvain Saint-Martory


J’ignore les détails du mystérieux subterfuge par lequel Ségolène Royal s’est trouvée propulsée subitement – un beau jour ! - au firmament des sondages, mais j’aimerais bien qu’un conseiller en communication, s’il y en a un parmi les lecteurs de ce blog, éclaire ma lanterne.

 
Certes, j’ai ma petite idée concernant les puissances financières qui gravitent autour des médias avec leurs dizaines, voire centaines de millions d’euros disponibles pour en « faire des petits » – tous médias confondus, chaînes publiques comprises depuis qu'elles ont eu l’autorisation officielle de diffuser des spots publicitaires. Tous ces puissants financièrement ont trouvé là une excellente opportunité de faire du « business », puisque Ségolène, incontestablement, fait vendre du papier et du temps d’antenne rémunéré précisément par la publicité. Mon explication vaut ce qu’elle vaut, mais j’attends que quelqu’un m’explique plus avant les méandres de la manipulation médiatique de l’opinion sur le phénomène Ségolène ; peut-être simplement un joli prénom, original en tout cas, associé à un nom qui sent bon la France de jadis, sans oublier son look et le fait d’être une femme – un sésame aujourd’hui, puisque c’est bien connu, elles seraient supérieures aux hommes : que n’a-t-on pas reproché pourtant à Margaret Thatcher et à Edith Cresson, entre autres !

 


[Remarque : En réalité, il n’y a pas, individuellement parlant, d’êtres humains supérieurs, c’est-à-dire « absolument supérieurs », ou inférieurs, à savoir « absolument inférieurs », mais seulement des individus « différents » ; je ne parle pas ici de « différence de nature », puisque nous partageons tous la même nature humaine, mais de « différences de degrés ».

 

Pour illustrer mon propos, je prends une hypothèse d’école, puis deux exemples vécus, parmi une infinité d’autres. Dans mon hypothèse, Amélie Mauresmo aurait écrasé Louis Leprince-Ringuet, grand pratiquant de tennis jusqu’à un âge avancé, en trois sets secs : 6-0, 6-0, 6-0, mais sur le plan de la physique nucléaire, « ça » aurait été une autre histoire !


Les deux exemples réels concernent Michel Petrucciani, nain et difforme, mais tellement talentueux pianiste de jazz, ainsi que ce jeune grand handicapé moteur, dont je n’ai pas retenu le nom, reconnu par ses pairs comme un grand philosophe – sans juger ici sur le fond.]


Après cette parenthèse pour rabaisser le caquet d’« élites » soi-disant supérieures, qui se croient d’extraction divine parce qu’elles font l‘opinion – OUF, « ça » fait du bien de se défouler ! -, ma question initiale n’en demeure pas moins : quand et comment tout ce cirque autour de Ségolène a-t-il réellement commencé ? Fallait-il que nos hommes politiques – je parle très précisément ici des « mâles » - aient été bien pitoyables au cours des vingt-cinq dernières années pour qu’on nous refasse le coup de Bernadette Soubirous : la Madone, la nouvelle Vierge, pourquoi pas Jeanne d’Arc - comme chacun a pu l’entendre dire ici ou là – est de retour pour sauver la France » !

 

Or, qui parlait de Ségolène, l’année dernière à la même époque où elle était une députée de base comme les autres ? Certes, elle avait gagné la région Poitou-Charentes face à la suppléante de Jean-Pierre Raffarin, mais cela ne confère pas ipso facto un statut de présidentiable, a fortiori de chef d’Etat ; assurément, ce n’est pas non plus un empêchement.

 

Quoiqu’il en soit, ce qui m’intéresse, c’est le fond du discours, et là, j’affirme que Ségolène est « comme les autres », voire pire, comme en témoigne sa petite phrase qui lui a valu le prix de l’humour politique, à savoir : « C’est quand je ne dis rien que je fais le plus de bruit » !


On ne peut pourtant pas lui reprocher de ne rien dire, puisque, précisément, elle dit « tout et son contraire », au point de reprendre les thèmes favoris de la droite en général, et de Nicolas Sarkozy en particulier, pour faire un effet d’annonce aussitôt oublié : un soufflet aussi vite retombé qu’il était monté – en épingle ! C’est le cas notamment de ses déclarations sur les établissements à encadrement de type militaire, les 35 heures, la carte scolaire et l’immigration, à propos de quoi elle a également parlé comme N. S de la « nécessité de maîtriser les flux migratoires » – vous avez dit « immigration choisie.. ? ! Si j’en juge d’après l’adage populaire, Ségolène doit être bigrement intelligente : ne dit-on pas, en effet, qu’ « il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis »..? !

 

Son fils Thomas a confirmé ce qui précède dans un entretien publié dans Le Point, n°1778 du 12 octobre 2006, où il reprend exactement pour le compte de Ségolène les questions évoquées ci-dessus, en y ajoutant un point qui me tient particulièrement à cœur, puisque je l’ai dénoncé comme étant une « aberration intellectuelle et philosophique mensongère », à savoir le soi-disant « ordre juste » que Ségolène se targue d’instaurer – en France du moins, ce qui laissera donc le reste du monde dans un « ordre injuste »...


Chacun a pu lire ici mes lettres adressées, les 4 et 17 septembre, puis le 5 octobre 2006, à Ségolène Royal, dans lesquelles j’ai démontré partiellement – en attendant la suite de son discours aventureux - l’« impossibilité absolue » d’instaurer un ordre juste, sauf à préciser qu’il ne serait pas « absolument » juste ; par conséquent, il serait encore injuste !

 

« Relativement juste », en effet, ne veut absolument rien dire, car, qui serait légitimement comptable du « plus » ou du « moins » juste, ici ou partout ailleurs sur la planète ? Je m’en tiens là sur ce point, dans l’attente de la réponse au courrier prévue pour la saint Glin-glin : comme le prétendu « ordre juste » de Ségolène, d’ailleurs ! ! !

 

En tout cas, il y a un point manifestement incontestable sur lequel Ségolène « nous » a réellement pris pour des billes ! Je l’avais d‘ailleurs dénoncé, pas plus tard que le 5 courant, dans un post intitulé « Ségolène récidive », où je lui reprochai alors son indécision sur l’entrée, ou non, de la Turquie dans l’Union européenne. Un non-engagement, que je considérai comme grave, dans la mesure où l‘on entend présider au destin de la France, et indirectement à celui de l’Europe.

 

C’était grave, mais il y a encore plus grave que je ne pouvais le soupçonner ! En effet, une indiscrétion de Laurent Ruquier – je devrais l’écouter plus souvent ! -, au cours de son émission du 12 courant sur France 2, m’a appris que, lors de son précédent passage sur le plateau de « On a tout essayé », Ségolène Royal s’était prononcée sans ambiguïté « POUR » l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne !

 

Vous avez bien lu : Ségolène ment aux Français avec ses propos à géométrie variable – un coup ceci, un coup cela ! -, dans le seul souci de ses intérêts électoraux. Qui se souvenait, en effet, de sa déclaration chez Ruquier face à celle rapportée dernièrement ? Chacun peut déduire les raisons de cette volte-face = « dire tout et son contraire » : si elle déclare ouvertement, dans une réunion publique ou autre confrontation politique entre candidats, qu’elle est « pour » l’entrée de la Turquie, cela la prive définitivement, au second tour du moins, d’une large fraction des électeurs de droite, a fortiori d’extrême droite, sans préjuger de la présence de tel ou tel candidat face à elle.

 

Par souci d’équité intellectuelle, je fais observer toutefois que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn n‘ont pas jugé « utile » = profitable de faire connaître publiquement, à ce jour, leur opinion sur ce point !

 

 Tout ce qui précède me permet donc d’affirmer que Ségolène est « comme les autres », mais cela n’est pas fait pour me surprendre, dès lors que je ne cesse de parler de l’« égoïsme » des six milliards et quelques humains, tous sans exception, auquel PERSONNE n’échappe, pas plus moi que tous les hypocrites de la planète !

 

Un petit conseil pour terminer, si je puis me permettre : N’ayez pas honte, ne « culpabilisez pas » d’être égoïste, puisque vous êtes ainsi de vrais humains, et non pas des extra-terrestres ; entre égoïsme bien réel et hypocrisie affichée, « y a pas photo » ! Cela devrait contribuer à vider de leur substance les condamnations moralisatrices de toutes sortes, qu’il ne faut pas confondre avec la critique des idées !

 

Par exemple, « FACHO », c’est sur le plan de la morale, et « TARÉ », c’est sur le plan intellectuel ; or, qui niera qu'il y a réellement des différences de RAISON entre les individus, alors qu'il suffit d'être hypocrite pour passer pour un « vertueux » ? La RAISON, contrairement à ce que prétend l'adage, n'est pas la chose du monde la mieux partagée ; c'est la « croyance au miracle »…

Publié dans BILLET DU JOUR

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