Obligation d'aimer "tout le monde"...

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 12 juin 2006 


Monsieur Patrick Sébastien
Aux bons soins de :
Magic TV
97, boulevard Malesherbes
75008 PARIS

 


Monsieur,




La chanson populiste ponctuant votre émission du 10 courant sur France 2, ainsi que votre participation du 3 courant à celle de Marc-Olivier Fogiel face à Jean-Pierre Foucault, m’incitent à vous faire part de mes observations dénonçant la superstition moraliste sur laquelle fonctionne aujourd’hui comme hier, non seulement la collectivité nationale, mais également la société humaine universelle.



Même si votre hymne à la diversité part d’un bon sentiment, je suis au regret de vous rappeler que, voici bientôt deux mille ans, un diseur universel de l’ « Absolu », à savoir le Christ - le mystique authentique, pas le fondateur d’une religion qui a usurpé son nom ! – avait invité les humains à « s’aimer les uns, les autres ». Deux mille ans plus tard, chacun peut mesurer l’impact de ses paroles sur la réalité de la marche du monde, sans oublier le sort personnel réservé à ses propos d’amour : il faut croire que prôner l’amour universel n’empêche pas d’avoir aussi des ennemis ; vous pouvez le constater au vu des attaques publiques dont vous êtes victime, et à la lecture des commentaires Internet vous concernant.



Je ne saurais être de mauvaise foi au point d’affirmer que votre hymne « Black, blanc, beur » résulterait de votre condamnation moralisatrice par les « bien-pensants » du jour, suite à votre chanson « Casser du noir » dans une émission antérieure, et de votre intention de vous refaire ainsi une virginité à bon compte : je ne vous soupçonne nullement d’autant d’hypocrisie, mais seulement d’une réflexion stéréotypée, façonnée par le matraquage médiatico-politique contemporain conforté par les puissances financières du jour – mais, pas à fonds perdus, toutefois !



Deux mille ans après le Christ, appeler encore les humains à « s’aimer les uns, les autres », quelles que soient leurs multiples spécificités, ne témoigne pas d’une grande profondeur de réflexion, dès lors qu’a été adéquatement perçue la « véritable » réalité de notre nature humaine universelle, à laquelle personne n’échappe : ni vous, ni « moi », et pas davantage les six milliards et quelques humains - hypocrites et inconscients inclus ! -, sauf à m’indiquer par quel miracle de la Nature en faveur des heureux « élus » ! De ce fait, votre appel à l’amour universel restera à jamais un vœu pieux, assurément très « juteux » pour condamner moralement ceux qui n’aiment pas « tout le monde »…

 
Dans sa réalité inéluctable, notre nature humaine universelle « immuable » - sauf à vous de montrer comment la changer ! - se caractérise par notre égoïsme inné qui est seulement le désir premier de tout individu de vivre le plus longtemps et le mieux possible, en cherchant sans cesse à se gratifier, chacun à sa manière, dans son milieu spatio-temporel d'existence. Ainsi chacun est-il conduit constamment en raison de notre nature égoïste à rechercher ce qui lui semble être favorable à sa vie = son égoïsme, et à rejeter ce qui la contrarie : y compris, et surtout l’ « Autre », quels que soient ses critères distinctifs, dès lors qu'il fait obstacle à nos intérêts égoïstes dans notre quête permanente d’amour, de possession de biens et de personnes (d’où l’importance de l’argent) et de gloire ou honneur-vanité, à laquelle aucun humain n'échappe dans son désir de bien vivre ! Notre égoïsme inné est la seule raison d'être, l'explication fondamentale, de tous les comportements individuels et collectifs, d'hier, d'aujourd'hui - et de demain ! -, que rien n’est en mesure de changer – même pas les « croyances au miracle » ; et ce jusqu’à la fin des temps, à en juger par ce mot de Camus : « La souffrance et la révolte s’éteindront avec le dernier homme » !

 
Même nos opinions, et notamment nos revirements d'opinion (par exemple, en matière de sécurité, aujourd'hui), nos jugements, nos engagements et nos luttes ne découlent que de notre seul égoïsme, uniquement de nos aspirations et de nos intérêts égoïstes. TOUS résultent effectivement de la simple réponse par « Oui » ou « Non » à cette unique question, plus ou moins consciente selon les circonstances : « Ceci ou cela est-il favorable pour moi = ma vie = mon égoïsme ? », comme l’ont abondamment confirmé les porteurs de pancartes munies d'un simple « NON », lors de la dernière campagne présidentielle, de la réforme des retraites, du déclenchement du conflit irakien, ou à propos du CPE aujourd'hui, et en de multiples autres occasions tout aussi « égoïstes », relookées en prétendue défense de l' « intérêt général » - accessoirement, peut-être..!


Contrairement à la « croyance au miracle » des idéologies progressistes en un soi-disant « progrès moral » de l’Homme, l’être humain d’aujourd’hui reste moralement en tout point semblable à celui d’hier - et de demain ! -, à savoir : querelleur, cupide, porté par nature – et il ne s'en prive pas ! - à mentir, à dissimuler, à tricher, à frauder, à « magouiller », à calomnier, à médire, à trahir, à tromper, à se venger, à se renier, à la division, à l’hypocrisie, à l’intolérance, à la susceptibilité, à la mauvaise foi, à la partialité, à l’ingratitude, à la jalousie, à l’envie, à la rancune, à l'indiscipline, transgression des lois et des règlements, etc., avec toujours à l'arrière-plan le seul souci de ses intérêts égoïstes, individuels et collectifs, même si cela met rarement fin à son insatisfaction chronique !


RIEN, hélas, n’est en mesure de changer la nature de l’homme, sauf en rêve..! Aucune idéologie, aucun moralisme, aucune pédagogie, aucune révolution, aucune Église, aucun devoir de mémoire (Shoah comprise), aucun homme providentiel, aucun Messie nouveau, aucun type d’organisation sociale (sinon, pourquoi attendre ?), aucune Culture même mondialisée, pas plus que l’addition de lois à des lois, de textes internationaux à des textes internationaux, la réforme de l’ONU, de l’OMC ou tout autre changement institutionnel, une Europe fédérale ou non, dotée ou non d'un Traité constitutionnel, ni une hypothétique gouvernance mondiale, ni la 6ème République des uns et des autres – quelle incidence, d’ailleurs, sur la marche du monde..? ! -, ni la soi-disant capacité des femmes à « faire bouger les choses » – en leur faveur, certes ! -, pas plus la prévention que la répression, ni quoi que ce soit d’autre, ne feront de l'Homme, tel qu'il est, l'Homme tel qu'il devrait être pour faire du rêve d’aujourd’hui la réalité de demain. La Culture sous toutes ses formes est à jamais impuissante contre notre nature, sans un « miracle » de la Nature !


Je ne m’attarde pas plus longuement ici sur le mensonge fondamental de la superstition idéologique accréditant l'idée « intellectuellement aberrante » de l'avènement possible d'un monde « parfait » avec des humains « imparfaits », c'est-à-dire tels que nous sommes réellement avec notre nature humaine égoïste. J’entends seulement dénoncer les « croyances au miracle », fonds de commerce de tous les marchands de rêve, que l’approche d’importantes échéances électorales commence à faire refleurir dans les surenchères et fallacieuses promesses de candidats « autoproclamés ». Je suis toutefois en mesure de démontrer l’ « impossibilité absolue » de l’éventualité d’une telle chimère de « monde parfait » ; et ce, à la fois sur le plan intellectuel - celui des vérités « relatives » -, et philosophique, expression de LA Vérité « absolument absolue », telle que sommairement exposée dans le texte ci-après, La lâcheté des élites.


Pour établir les mensonges de la superstition idéologique, je mets au défi quiconque, notamment tous les penseurs, « politiques » et autres responsables publics médiatisés du monde entier, de m’indiquer concrètement comment éradiquer, de manière universelle et définitive : violence – barbarie comprise -, conflits individuels et collectifs, rivalités de toutes sortes, privilèges, injustices, inégalités naturelles et autres, loi du plus fort, exploitation d’êtres humains, corruption et autres pratiques assimilées, favoritisme, népotisme, discrimination sous toutes ses formes [race, nationalité, sexe, orientation sexuelle, âge, statut social, situation de fortune, opinions religieuses, politiques et autres, handicap, maladie, apparence physique, vestimentaire, etc.], sans oublier la délinquance au quotidien et la misère mondiale, mais également à préciser comment parvenir à instaurer tout aussi universellement et définitivement : paix, justice, liberté, égalité et fraternité, voire simple stricte application du Droit, que chacun – « vertueux » compris..! - bafoue allègrement dans tous les domaines, dès que ses intérêts le réclament – au premier feu rouge, par exemple !


Interprétées dans l’optique moralisatrice du jour, où il est de bon ton de faire culpabiliser les « autres », fut-ce au nom des fautes de Louis XIV ou de Napoléon, les paroles de votre chanson traduisent seulement les idées reçues de la superstition moraliste ou moralisme [Morale et condamnation moralisatrice au nom de LA Morale], qui accrédite l’opinion sans aucun fondement philosophique – et surtout pas la caution de Spinoza ! -, à savoir l’existence d’un Bien et d’un Mal soi-disant absolus : ceci est une « impossibilité absolue » par définition, philosophiquement parlant, sans entrer ici dans le véritable débat.

 
Dans un monde où tout est relatif, rien n’est donc absolu, pas davantage les valeurs de Bien et Mal fluctuant au gré des époques, des lieux, des groupes, etc. Une chose dite « absolument » bonne ne comporterait que du positif, à titre individuel et collectif, et a contrario une chose jugée mauvaise présenterait exclusivement du négatif : seule la « débilité intellectuelle » de l’époque a pu faire croire que la colonisation, par exemple, présentait uniquement du négatif. Pour cela, il a suffi aux puissants du jour, qui « font l’opinion », de décréter unilatéralement en matière de Bien et Mal soi-disant absolus, puis d’en convaincre l’opinion plus portée par nature à imiter, à répéter et à « croire » qu’à réfléchir « vraiment » ; et ce, grâce au matraque médiatique, et à l’appui du terrorisme intellectuel de l’Etat ou de divers groupes de pression avec leurs juges « politiques » qui ne tranchent jamais sur le fond, et condamnent seulement sur la forme.

 
De cette « absolutisation » fictive des valeurs relatives de Bien et Mal découle la division manichéenne des humains : « nous », les bons, les « vertueux », les antiracistes aujourd’hui, « élus » pour accomplir le Bien absolu sur Terre, et « eux », les méchants, les « salauds », les racistes, condamnés par une malédiction divine éternelle à collaborer à l’œuvre de Satan, le Mal absolu. Vous avez dit « RAISON » ou « MAUVAISE FOI ».. ? !


Sauf à vous de nier l’universalité naturelle de l’ homo sapiens, en tous temps et en tous lieux, telle que sommairement décrite ci-dessus, ou de démontrer la possibilité d’échapper à sa nature humaine, j’affirme que la division manichéenne des humains est un mensonge éhonté ; pis, je souligne que chacun se comporte tantôt en « vertueux », tantôt en « salaud » dans ses affaires d’amour (et / ou de sexe), d’argent et de gloire ou honneur vanité, avec des différences de degrés selon les circonstances et l’intensité de ses aspirations égoïstes : il n’y a pas de différence de nature entre les humains. Que les « vertueux », qui le nient, me donnent à visionner la cassette VHS ou le DVD de leur vie, depuis leur prime enfance ! C’est tellement commode l’ « hypocrisie » pour donner le change ! ! !


Le mensonge contemporain de la superstition moraliste est de mettre l’accent sur la discrimination en général, et sur une de ses manifestations spécifiques en particulier, à savoir le racisme et l’antisémitisme stricto sensu, le Mal absolu, faisant ainsi passer pour secondaires les autres formes de discrimination, liées à diverses causes, pourtant tout aussi préjudiciables pour ceux qui en sont victimes, y compris en matière de travail et de logement. C’est oublier un peu vite aussi, comme indiqué ci-dessus, que chacun se comporte en salaud ou en vertueux au gré de ses intérêts égoïstes, car le « racisme » dénoncé traduit seulement l’égoïsme contrarié des uns et des autres, tous individus confondus : donc, à moins de prétendre échapper à la nature universelle humaine et à son égoïsme, chacun a fait preuve, une fois ou l’autre, de discrimination - fut-ce seulement en paroles ! -, eu égard à ses diverses manifestations énumérées ci-dessus, comme certains propos de Jacques Chirac et de Lionel Jospin suffisent à l’illustrer.


Les exemples d’une actualité plus ou moins récente ne manquent pas pour illustrer ma condamnation de la superstition moraliste, et dénoncer tous les prétendus « vertueux » de la planète, dont la caractéristique commune incontestable est de reprocher aux « autres » ce que eux-mêmes ont fait hier, et qu’ils recommenceront demain à la première occasion où leurs intérêts égoïstes l’exigeront. Je rappelle ici la discrimination pour opinions religieuses en Irlande du nord entre catholiques et protestants, en Egypte aujourd’hui entre coptes et musulmans, y compris en matière d’emploi, sans oublier les agressions contre des chrétiens et de juifs en terre d’islam, les conflits meurtriers entre sunnites et chiites - pourtant tenants d’un même Dieu - en Irak, entre chrétiens et musulmans en Côte d’Ivoire, etc. De même, en raison de leurs opinions politiques, certains sont victimes d’ostracisme et condamnés « sans appel » au bûcher médiatique, en France précisément, alors qu’aucune vision idéologique du monde, de l’Europe et de la France n’a de validité « absolue », et n’autorise donc personne à s’en prévaloir pour s’arroger le « monopole de la vertu » ; d’autant moins, lorsqu’elle s’appuie sur le mensonge d’un « monde « parfait » à venir : DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN…


De nombreux autres exemples attestent que s’autoproclamer publiquement antiraciste ne dispense pas de tomber dans l’une ou l’autre forme de discrimination, comme l’a montré la zizanie du 7 novembre 2004 entre associations antiracistes, ou la déclaration du directeur d’une école juive du 19e arrondissement affirmant que 98% des agressions contre ses élèves étaient le fait de musulmans, etc., etc. : vous avez dit « VERTUEUX », les antiracistes ? ! Faut-il vous rappeler la subornation de témoins dans une affaire criminelle, dont vous n’entendrez jamais la sentence, dont s’est rendu coupable SOS Racisme, ainsi que ses magouilles financières avérées ? Encore de prétendus « vertueux », fort malvenus pour donner des leçons de morale aux « autres », et d’autant moins avec un procédé déloyal, digne de la Caméra cachée et de Surprise sur prise, voire des écoutes élyséennes, cautionné par la Cour de cassation : les exemples de la « débilité intellectuelle » de l’époque sont décidément sans fin ! Avec de tels procédés perfides, il a même été possible de voir les joueurs tricolores la main sur le cœur, et un juré de la « Nouvelle Star » acquiescer à une demande de magouille ; comme tout un chacun révèlerait ainsi au grand jour sa véritable nature…

 
Sont également très malvenus tous ceux qui viennent donner des leçons de morale à l’Occident en général, et à la France en particulier, au nom d’un passé révolu, en oubliant les conflits actuels entre ethnies, donc « raciaux » - sur fondement de races -, dans leur continent d’origine, dramatiquement illustrés par le génocide rwandais, le Darfour, la Somalie, les quatre millions de morts des guerres tribales au Congo, etc., etc., sans oublier l’esclavage dénoncé ici, au nom des siècles passés, pourtant toujours d’actualité en Mauritanie, au Mali, en Arabie saoudite, et ailleurs encore…

 
Pour en terminer avec la présentation partisane des « vertueux » en matière de racisme et de xénophobie, j’apporte le contre-exemple de la communauté asiatique qui, en dépit de différences incontestables tenant à la couleur de la peau et à la religion, n’est pas victime « ici » d’agressions et d’actes dits racistes, alors qu’elle l’est au Sénégal aujourd’hui, par exemple. Ceci tend à établir que le soi-disant « racisme » est lié à de multiples autres facteurs que la race proprement dite, comportementaux notamment, et qu’il se ramène en dernière analyse à notre égoïsme inné : comme l’illustrent, au Sénégal, les agressions contre des commerçants chinois jugés « dérangeants » pour les intérêts égoïstes des autochtones, où la race n’est pas le critère déterminant.


Je tiens à souligner également que la communauté asiatique immigrée, en provenance pour une large part d’anciennes colonies françaises en Extrême Orient, ne vient jamais reprocher à la France son passé colonial, contrairement à d’autres vagues d’immigration. Dans sa sagesse, elle a sûrement compris que c’est une immense « malhonnêteté intellectuelle » de juger un passé vieux de plusieurs siècles avec notre mentalité « droit-de-l’hommiste » d’aujourd’hui ; passé colonial, auquel ont d’ailleurs contribué pour une large part les « vertueux » censeurs d’aujourd’hui, soucieux de se refaire une « virginité » à bon compte pour mieux fustiger leurs adversaires politiques.

 

Dans son absence de reproches, la communauté asiatique a sûrement pris conscience qu’il n’y a pas, qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais d’individus, de groupes d’individus, TOUS critères d’appartenance confondus, de peuples, de Nations et d’Etats « IRRÉPROCHABLES » : face à l’Idéal, chacun est forcément coupable, coupable de crime de lèse-Idéal ! Ceci devrait vous amener à juger avec davantage de mesure, sans privilégier les uns au détriment des autres au nom d’un « moralisme » superstitieux sans aucun fondement.

 
Dans l’éventualité de recevoir vos objections, voire de vos propositions concrètes pour relever le défi lancé, sauf à manifester votre intention de continuer à colporter les mensonges et les croyances au miracle du monde, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer , Monsieur, mes salutations distinguées.


Annexe : La lâcheté des élites

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Publié dans COURRIER "Médias"

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