« Droit-de-l’hommiste rêveur, "FAUX-CUL" et intellectuellement lâche » !

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 3 août 2008


Objet :

« Droit-de-l’hommiste rêveur, "FAUX-CUL" et intellectuellement lâche  » !

 

 
Monsieur Robert Ménard

Reporters sans frontières

Courriel : rsf@rsf.org

 

 

Monsieur,

 

 

Votre nouvelle et virulente diatribe contre les dirigeants communistes chinois, en raison de leur atteinte ciblée à la liberté d’expression, ainsi que vos propos outranciers affirmant : « La saloperie intrinsèque, c’est le CIO ! », me donnent l’occasion de vous rappeler mes lettres des 12, 23 et 29 mars dernier, toujours sans réponse à ce jour mais encore à votre disposition, et surtout de renouveler les graves accusations rappelées en objet.

 

Pour mémoire, les trois lettres précédentes avaient respectivement pour objet : « Liberté d’expression idéale : un "impossible rêve" » ! » ; « Liberté d’expression : Vérité et superstition » ! ; « Tibet : la grande hypocrisie planétaire » ! Toutefois, comme celles-ci sont en principe encore en votre possession, je n’entends pas reprendre ici l’intégralité de l’argumentation déjà avancée contre la superstition moraliste en général, et contre la morale « droit-de-l’hommiste » en particulier, dont vous comportez les mensonges et les « croyances au miracle ». Je suis néanmoins tout disposé à reprendre cet argumentaire dans l’éventualité de vos objections rationnellement et philosophiquement étayées, qui se distingueraient ainsi radicalement de vos « leçons de catéchisme » absolues - aux Autres !

 

Pour résumer ma première accusation, «Droit-de-l’hommiste et rêveur », il me suffit de souligner que le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, se fonde sur l’idée, intellectuellement et philosophiquement aberrante, de croire pouvoir transposer l’Idéal dans le quotidien. Et ce, par la seule auto-proclamation de quarante-huit Etats signataires sur les cinquante-six présents à Paris en 1948, soit moins du quart des Etats de la planète aujourd’hui.

Cette auto-proclamation fut assimilée par Jeane Kirkpatrick, militante des droits civiques, à la lettre au Père Noël – ce qu’elle est en réalité, comme le confirme la marche désastreuse du monde, soixante ans plus tard ! Assurément - et pour cause ! -, ce vœu pieux est sans cesse renvoyé à DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN, à la saint Glin-glin - et pas seulement en matière de liberté d’expression, sauf à vous ou à quiconque de démontrer le contraire dans un quelconque domaine !

 

D’ici-là, j’affirme et réaffirme, non seulement que vous colportez des « croyances au miracle », mais surtout que, dans un monde où tout est relatif, aucun « catéchisme », religieux, idéologique ou prétendu fondateur de LA Morale, fut-elle proclamée universelle, n’exprime rien d’absolument absolu ni en théorie ni en pratique, puisque l’Idéal n’est définitivement pas de ce monde – sauf à vous ou à quiconque de démontrer le contraire !

 

« IL » l’avait pourtant clairement dit, voici bientôt deux mille ans : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » ! Ainsi, outre que la foule superstitieuse a perverti sa Parole pour en faire le fondateur d’une religion qu’il n’a pas voulu créer, vous continuez à fonctionner avec deux mille ans de retard sur sa pensée mystique authentique - vous avez dit « obscurantisme » ? !

 

Que le catéchisme universel contemporain n’exprime rien d’absolument absolu en théorie se manifeste dans la contradiction ou incohérence entre ses articles 19 et 29, qui suffit à invalider son éventuelle prétention à dicter l’absolu. Le premier article, en effet, proclame des droits humains absolus ou idéaux, censés transposables dans la réalité quotidienne, tandis que le second s’empresse de les « relativiser » en les livrant à l’arbitraire des Etats et de leurs groupes de pression d’aujourd’hui – preuve, s’il en est, de l’impossibilité d’introduire l’absolu dans le relatif, de transposer l’Idéal (la théorie) dans le devenir journalier du monde (la pratique), de transfigurer la réalité, sauf en rêve !

 

Dès lors, comment baptiser autrement que « rêveurs »  ceux qui, semblables aux « croyants au miracle » des religions, persistent, non seulement à y croire au mépris de la Raison la plus élémentaire ? Je les distingue néanmoins des « marchands de rêve », qui prospèrent sur la chimère et l’utopie en trompant et en manipulant l’opinion. En effet, ces mêmes « rêveurs », apparents idéalistes superstitieux à la limite de la « débilité intellectuelle », sont très conscients des avantages procurés, car c’est très « juteux » de faire culpabiliser les Autres - électoralement, par exemple !

 

C’est pourquoi ils façonnent aujourd’hui l’opinion en s’autorisant, à l’exemple des Eglises, à juger et à condamner moralement les Autres sur la seule base d’un catéchisme mensonger, ce qui leur permet de passer comme étant irréprochables, puisqu’ils s’arrogent même le « monopole de la vertu » ! Ceci est  admis par tous les fidèles, au sens religieux du terme, puisque la devise favorite des prétendus vertueux du jour, dont vous-même, s’énonce ainsi : « Je suis vertueux, donc je condamne ! » - à moins que ce ne soit l’inverse ! ! !

 

Leur tactique (et donc la vôtre !) pour imposer leurs vérités morales relatives partisanes est d’autant plus aisée qu’ils ont peur d’affronter leurs détracteurs sur le plan intellectuel et philosophique. Faute d’arguments convaincants à opposer, ils n’ont ni l’honnêteté ni le courage intellectuels de confronter leurs points de vue relatifs partisans à LA Vérité éternelle absolue, laquelle suffit à les invalider, tous sans exception, dans leur prétention à exprimer l‘Absolu ! ! !

 

Pour ce qui est de l’application pratique du catéchisme universel contemporain, chacun est en mesure de juger que seule son « inobservation » est réellement universelle – sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire à l’aune de l’actualité internationale ou nationale, et du devenir du monde au cours des six dernières décennies - depuis 1948 précisément ! Dans l’impossibilité d’y parvenir - jusqu’à preuve contraire -, vos discours moralisateurs en disent long sur la « débilité intellectuelle » d’une époque, qui croit aux miracles comme aux pires temps obscurantistes – le paradis sur Terre aujourd’hui, avant le paradis céleste, demain ! ! !

 

Dommage, toutefois, que nos descendants continueront aussi à user davantage de leur penser superstitieux que du véritable penser, celui qui ne mélange pas le relatif et l’absolu. Sinon, ils ne pourraient que se montrer sévères envers nos actuelles « croyances au miracle » scientistes, idéologiques et moralistes, car dans des siècles, voire des millénaires, ils n’auront toujours rien vu venir de nos fallacieuses promesses – d’ordre juste et de climat sur mesure de la planète, entre autre ! Il ne vous est pas interdit, toutefois, de les dénoncer au lieu de leur servir de tribune et de vous en rendre complice…

 

J’en viens à mon accusation de « FAUX-CUL ». Elle convient à merveille pour désigner tous les prétendus « vertueux » de toutes les époques, dont la caractéristique commune est de reprocher aux Autres ce qu’eux-mêmes ont fait hier, et qu’ils referont demain à la première occasion où leurs intérêts de toutes sortes l’exigeront. Ainsi, en est-il de tous ces vertueux « hypocrites » d’aujourd’hui, anciens staliniens, maoïstes et autres trotskistes, qui se réveillent, au bout de soixante ans, pour dénoncer les pratiques actuelles des dirigeants communistes chinois au Tibet. Que disaient-ils, alors, contre l’invasion du Tibet et la main mise progressive de la Chine sur cette province autoproclamée partie intégrante de la république populaire dès 1949 ?

 

Et vous-même en particulier, que trouviez-vous à redire, et qu’avez-vous dit alors contre les incessantes atteintes à la liberté en général, et à la liberté d’expression en particulier, dans l’URSS du stalinisme triomphant avec ses goulags de sinistre mémoire, quand vous militiez chez les trotskistes ou à la LCR ? Etonnant, d’ailleurs, que l’on n’entende pas Olivier Besancenot dénoncer comme vous les dirigeants marxistes chinois pour leurs atteintes aux libertés. Il faut croire qu’il a admis comme inéluctable l’automaticité du triptyque « révolution-dictature-privation de liberté » dans ses rêves  révolutionnaires !

 

Pour en revenir aux restrictions apportées à la liberté d’expression en Chine, vous feriez mieux de balayer devant notre porte, où ce droit est  sans cesse bafoué, comme vient de l’illustrer le limogeage de Siné par le directeur d’un hebdomadaire, Philipe Val en l’occurrence, lequel se présente pourtant comme un chantre de la liberté d’expression – un de ces « faux-culs » en vérité, dont notre pays regorge avec cette autre devise applicable aux vertueux donneurs de leçons aux Autres « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » !

 

Philippe Val, par ailleurs pas plus intellectuellement courageux que vous pour débattre sur le fond, a dû céder face à l’immense pouvoir financier, médiatique et politique des groupes de pression, qui dictent aujourd’hui - depuis les années 80 - à la France et aux Français ce qu’il serait absolument bien de penser, de dire et de faire, puisqu’eux-mêmes sont absolument irréprochables - paraît-il !

Par chance, l’actualité internationale démontre chaque jour le contraire au Proche et au Moyen-Orient ainsi que sur la quasi-totalité du continent africain avec ses millions de victimes de guerres interethniques et interreligieuses, voire dans les Caraïbes (chasse des Guadeloupéens contre les clandestins haïtiens), où le racisme stricto sensu fait tout autant florès, de la part des congénères de nos donneurs de leçons de morale d’ici , comme l’actualité nationale suffit déjà à l’établir avec ses incidents entre juifs, Noirs et Arabes, musulmans ou non.

 

Sans développer davantage pour établir l’hypocrisie universelle de tous les « faux-culs » de la planète, tels que brièvement définis ci-dessus, vous participez allègrement à la mascarade, et vous n’y échapperez pas aussi longtemps que vous refuserez de regarder LA Vérité en face, c’est-à-dire à confronter à l’Absolu vos points de vue relatifs partisans. Ce seul point suffit à témoigner incontestablement de votre lâcheté intellectuelle, celle que vous partagez avec les soi-disant élites de l’époque, tous milieux confondus, dénoncés dans le document annexé, Mensonges et lâcheté des élites.

 

Et ainsi, en vertu de votre lâcheté intellectuelle, vous contribuez à opprimer la liberté d’expression en France ! Le jour seulement, où vous aurez le courage de dire publiquement que les censeurs juifs, arabes - musulmans ou non - et noirs,  donneurs de leçons de morale aux Autres, ne sont pas plus irréprochables que ceux qu’ils font culpabiliser pour leur plus grand profit, vous aurez redonné du souffle à la liberté d’expression ! ! ! Si je n'évoque pas la communauté asiatique, c'est parce que ses membres se gardent bien de faire culpabiliser la France et les Français au nom d'un passé, qu'ils ont pourtant eu également à subir.

 

En conclusion, sans entrer dans la polémique entretenue à votre égard par d’obligeants confrères sur vos ressources et vos sponsors, je suis bien obligé de constater que votre ego démesuré passe au-dessus de toute considération de Vérité. Certes, si ceci est en tout point conforme à notre égoïsme inné dans sa quête d’amour, d’argent et de gloire ou honneur-vanité, vous n’en trompez pas moins l’opinion par votre penser superstitieux, qui « absolutise le relatif » - tout particulièrement dans vos leçons de morale, inspirées par les fictions du moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : LAQUELLE ? !] développées dans le courrier antérieur.

Je ne confonds pas toutefois avec elles vos actions concrètes engagées sur le terrain pour obtenir la libération de journalistes emprisonnés ici et là, et votre rôle devrait s'en tenir là - sauf à dénoncer également les atteintes à la liberté d'expression en France, fruit des groupes de pression mentionnés ! 

 

Dans l’attente de vos éventuelles objections, rationnellement et philosophiquement étayées, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

 

 Annexe : Mensonges et lâcheté des élites

 

                              

 

  

 

 

 

Publié dans COURRIER "Médias"

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article