Révolution : de l'Idéal au quotidien ? !

Publié le par Sylvain Saint-Martory


Le 23 novembre 2007
 

Objet :
« Révolution : de l’Idéal au quotidien ? ! »
 
 
Monsieur Olivier Besancenot
L.C. R
2, rue Richard Lenoir
93100 Montreuil
Courriel : lcr@lcr-rouge.org
 
 
Monsieur,
 
 
Même si la gauche « révolutionnaire » antilibérale ne représente au mieux que 10% de l’opinion, électoralement parlant, votre percée dans les sondages m’incite à vous rappeler ma lettre du 2 septembre 2005, toujours sans réponse mais encore à votre disposition.
 
A celle-ci était joint le texte, La lâcheté des élites, dénonçant les « faiseurs d’opinion » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et d’associations « droits-de-l’hommiste » moralisatrices à sens unique. Ceux-ci ont, en effet, pour caractéristique commune de craindre le véritable débat d’idées : celui qui ne consiste pas à opposer « à l’infini » des points de vue relatifs partisans à d’autres, tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, tous sans exception, à LA Vérité absolue, telle que précisée en annexe..
 
Dans ce courrier d’une dizaine de pages, j’avais dénoncé, en tant que mensonge et « croyance au miracle », votre apologie de la révolution durant un entretien matinal sur France Inter, où vous promettiez comme tous les marchands de rêve et autres vendeurs d’illusion de parvenir par ce moyen à l’avènement d’un monde « idéal » sur Terre ! Certes, c’est votre droit le plus légitime de « croire au miracle », d’attendre un Bonheur universel terrestre même si vous ne le connaîtrez malheureusement pas, puisque toujours renvoyé à DEMAIN, et seulement à DEMAIN – à la saint Glin-glin ! C’est pourquoi je m’octroie le droit de dénoncer tous ceux qui mentent et trompent ainsi l’opinion, sans avoir le courage intellectuel de confronter leurs vérités relatives partisanes, en l’occurrence leurs fallacieuses promesses, à LA Vérité éternelle absolue qui suffit à les invalider. 
 
Promettre de transposer l’Idéal dans le quotidien suffit à résumer toutes les promesses mensongères de notre monde. Parmi celles-ci figure la récente « aberration intellectuelle et philosophique » de Ségolène Royal d’instaurer un « ordre juste », à l’intention exclusive de 1% des habitants de la planète - sinon, il faudra m’indiquer comment l’étendre au monde entier ! Cette seule perspective de faire de nos rêves d’aujourd’hui la réalité de demain, « en soi » irréalisable sauf pour les rêveurs, ne témoigne pas d’une grande profondeur de réflexion, mais en réalité, assurément, d’un grand pouvoir de nuisance, qui est tout sauf démocratique : les pratiques toujours actuelles de piquets de grève, ou de blocage, musclés l’attestent ; et ce, au nom d’un illusoire « intérêt général », lequel commence toujours par servir ses propres intérêts corporatistes égoïstes.
 
J’ai déjà suffisamment exposé précédemment en quoi consiste notre égoïsme humain adéquatement compris, commun aux six milliards et quelques humains d’aujourd’hui dans leurs affaires d’amour, d’argent ou de gloire, et auquel vous n’échappez pas plus que quiconque, pour juger utile d’y revenir ici. Je vous fais néanmoins remarquer que toutes les révolutions terminent toujours en absence de démocratie et de liberté, comme l’ont confirmé depuis longtemps les révolutions, soviétique cubaine et chinoise, sans oublier celles des continents africains et sud-américains finissant pareillement avec des dictateurs corrompus – sauf à vous d’établir le contraire !
 
Je ne reprends pas non plus, ici, les arguments développés antérieurement contre la croyance superstitieuse de changer le monde, commune à toutes les idéologies, puisque l’intégralité de ce courrier est à votre disposition. Je remarque seulement, chez nous, l’impossibilité avérée de tous les prêcheurs de révolution de se mettre seulement d’accord sur un candidat commun à la dernière élection présidentielle ; ceci est loin d’être un gage de concrétisation des promesses de changer le monde, sans même insister sur les divergences d’idées pour parvenir à l’Idéal rêvé !
 
C’est précisément la divergence d’idées qui contraint les partis révolutionnaires, voire seulement réformistes, à s’entendre uniquement « contre », mais jamais entre eux – Olivier Besancenot et François Hollande gouvernant ensemble, même dans leurs rêves les plus fous, les « croyants au miracle » n’y songent pas un seul instant ! Vous avez réellement de la chance que les humains, la quasi-totalité des humains, soient davantage portés à croire – au miracle ! – qu’à penser « vraiment » ! Sinon, au vu de l’expérience historique des trois derniers siècles, ils vous renverraient à votre emploi de facteur au lieu de voir en vous un nouveau Lénine, Mao ou Che Guevara ! C’est facile de faire « rêver » l’opinion sur l’Idéal, puisque nous sommes réellement inspirés par l’Idéal en matière de Bien, de Beau et de Vrai, mais c’est une toute autre histoire de transposer l’Idéal dans le quotidien !
 
C’est pourquoi je vous mets au défi d’exposer publiquement, clairement et concrètement comment vous entendez passer de la théorie, l’Idéal, un monde idéal, à la pratique – la réalité quotidienne de nos comportements égoïstes ! Si c’est pour paraphraser Georges Marchais déclarant : « Au-dessus de quatre millions par mois, je prends tout », il faudrait au moins avoir le courage intellectuel de le dire sans ambiguïté, et d'indiquer surtout les modalités pratiques de la transformation en monde idéal ; en effet, selon l'adage bien connu, le Diable se niche dans les détails, et c'est ce qui différencie justement la théorie et la pratique. Jusqu’ici, hormis être « contre », je n’ai guère entendu vos propositions concrètes pour faire du seul ilot « France » un monde idéal, et a fortiori la planète entière ! Que d’aucuns puissent vous suivre dans ces délires suffit à montrer leur niveau de réflexion ! ! !
 
Comme vous trouverez dans le courrier précédent le développement de ce qui est seulement évoqué ici, je m’en tiens là, jusqu’à réception de vos objections éventuelles, étayées par vos propositions concrètes ; elles feront assurément le bonheur de vos fidèles, et même au-delà dans le cercle des rêveurs. J’affirme cependant que votre plus grande punition demeurera jusqu’à votre dernier jour d’avoir attendu en vain le monde idéal promis, comme l’illustre sans ambiguïté ce propos d’un internaute anonyme, naïf, cocu et frustré, écrivant sur un forum philosophique : « Craignons de ne plus être là pour assister à l’arrivée de ces heures radieuses. » !
 
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
 
Annexe : Mensonges et lâcheté des élites
 

Publié dans COURRIER "Politiques"

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