Bernard Thibault : J'ACCUSE !

Publié le par Sylvain Saint-Martory

Le 20 juillet 2007

 
J’ACCUSE :
« Assez de mensonges et de manipulation ! »
 
 
MonsieurBernardThibault
Secrétaire général
CGT
263, rue de Paris
93 516 Montreuil cedex
Fax : 01 48 18 84 60
 
 
Monsieur,
 
 
Votre entretien partisan accordé au quotidien Libération, le 18 courant, me donne l’occasion de vous rappeler ma lettre du 12 juin 2003 toujours sans réponse à ce jour – et pour cause !
 
Dans ce courrier encore à votre disposition, je dénonçai les mensonges et les « croyances au miracle » idéologiques et moralistes sur lesquels continuent à fonctionner la société humaine universelle ainsi que la collectivité nationale, CGT incluse, au point que je n’aurais pas à changer une virgule, depuis lors.
 
Vous n’avez de cesse, en effet, de baser vos revendications politico-syndicales sur les valeurs de liberté et d’égalité, qui n’ont pourtant aucun fondement absolu, fussent-elles inscrites dans une Constitution ou sur le fronton des mairies, voire dans le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l’homme dont seule l’ « inobservation » est réellement universelle - sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire à l’aune de l’actualité internationale et nationale au cours de la soixantaine d’années suivant sa proclamation !
 
En réalité, vous êtes particulièrement malvenu pour parler de l’hypocrisie des Autres, dès lors que vous semblez nier un égoïsme naturel, dont vous êtes peut-être totalement inconscient, mais auquel personne n’échappe sur Terre : ni vous ni « moi », ni tous les Autres – hypocrites et inconscients inclus -, hormis un « miracle » de la Nature en faveur de bienheureux bénéficiaires éventuels ! C’est pourquoi je serai bien le dernier à vous reprocher de défendre vos intérêts égoïstes, mais en matière de tromperie de l’opinion, c’est une autre affaire !
 
Pour le rappeler brièvement, par « égoïsme », dans son acception correcte débarrassée de la connotation moralisatrice de bien ou mal, il faut entendre seulement le désir premier, inné, de tout individu de vivre le plus longtemps et le mieux possible en se gratifiant, chacun à sa manière dans sa sphère spatio-temporelle d’existence, par la recherche constante de ce qui favorise ses intérêts de toutes sortes dans ses affaires d’amour, de possession de biens et de personnes (d’où l’importance de l’argent comme moyen) et de gloire ou honneur-vanité.
 
Vous n’y échappez pas plus que quiconque, même pas dans votre prétention de passer pour un altruiste et d’agir – en parole seulement ! - pour un soi-disant « intérêt général » dont j’attends que quelqu’un me démontre qu’il correspondrait à l’intérêt de tous, en faisant disparaître ipso facto et « miraculeusement » tous les conflits d’intérêts, comme vos prises en otage de millions d’usagers suffisent à le confirmer - mais il y a tant d’autres exemples concrets montrant le décalage entres vos paroles et vos actes, tout comme il en va pour les « vertueux » et autres censeurs autoproclamés de la planète !
 
Compte tenu de notre égoïsme humain - cause essentielle de l’échec de ta théorie marxiste dans son application communiste -, vos croyances superstitieuses de parvenir à l’avènement d’un monde « parfait » avec des humains « imparfaits » - DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN, hélas ! – s’avèrent être une « aberration intellectuelle et philosophique » mensongère, comme cela peut être démontré. Cette fallacieuse promesse ne consiste ni plus ni moins, en effet, qu’à se croire en mesure de transposer l’Idéal dans le quotidien : vous avez dit « RAISON »..? !
 
Néanmoins, les soi-disant « élites » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia et d’associations droits-de-l’hommiste moralisatrices à sens unique, dénoncées dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites, continuent à mentir et à tromper l’opinion, sans avoir le courage intellectuel de confronter leurs « croyances au miracle » à LA Vérité absolue qui suffit à invalider tous les points de vue « relatifs partisans », comme je suis disposé à le démontrer.
RIEN n’est en mesure de faire de l’homme, tel qu’il est, l’homme tel qu’ildevrait être pour réaliser ses chimères : aucune idéologie, aucun moralisme, aucune pédagogie, aucune révolution, aucune Église, aucun devoir de mémoire (Shoah comprise), aucun homme providentiel, aucun Messie nouveau, aucun type d’organisation sociale (sinon, pourquoi attendre ?), aucune Culture même mondialisée, pas plus que l’additionde lois à des lois, de textes internationaux à des textes internationaux, la réforme de l’ONU, de l’OMC ou tout autre changement institutionnel, une Europe fédérale ou non, dotée ou non d'un Traité constitutionnel,ni une hypothétique gouvernance mondiale, ni la 6ème République des uns et des autres – quelle incidence, d’ailleurs, sur la marche du monde..? ! -, ni la soi-disant capacité des femmes à « faire bouger les choses » – en leur faveur, certes ! -, pas plus la prévention que la répression, ni quoi que ce soitd’autre, ne feront du rêve d’aujourd’hui la réalité de demain. La Culture sous toutes ses formes est à jamais impuissante contre notre nature, sans un « miracle » de la Nature, dénoncé par le propos suivant de Camus : « La souffrance et la révolte s’éteindront avec le dernier homme »
 
A se demander pourquoi l’être humain se complait tellement à être et surtout à vouloir demeurer « naïf, cocu et frustré » jusqu’à son dernier jour ? Outre que cela ne témoigne pas d’une grande profondeur de réflexion, la seule explication est que les humains sont davantage portés par nature à « croire » qu’à penser vraiment jusqu’au terme ultime de notre penser. L’Homme préfère – par paresse intellectuelle, ignorance, déraison, intérêt ou autre ? ! - imiter les faux prophètes et répéter leurs paroles plutôt que réfléchir vraiment sur l’exacte réalité du monde ! C’est pourquoi ils sont encore des milliards d’humains à croire aux propos mensongers des « charlatans » qui exploitent une crédulité confinant au mieux à la naïveté, au pire à l’insuffisance intellectuelle..!
Si vous contestez mes propos, ce qui est votre droit le plus légitime, je vous mets au défi ainsi que quiconque, penseurs, « politiques » et autres responsables publics médiatisés du monde entier, de m’indiquer concrètement comment éradiquer, de manière universelle et définitive : violence – barbarie comprise -, conflits individuels et collectifs, rivalités de toutes sortes, privilèges, injustices, inégalités naturelles et autres, loi du plus fort, exploitation d’êtres humains, corruption et autres pratiques assimilées, favoritisme, népotisme, discrimination sous toutes ses formes [race, nationalité, sexe, orientation sexuelle, âge, statut social, situation de fortune, opinions religieuses, politiques et autres, handicap, maladie, apparence physique, vestimentaire, etc.], sans oublier la délinquance au quotidien et la misère mondiale, mais également à préciser comment parvenir à instaurer tout aussi universellement et définitivement : paix, justice, liberté, égalité et fraternité, voire simple stricte application du Droit dans toutes ses composantes internationales et nationales, que chacun – « vertueux » compris..! - bafoue allègrement dans tous les domaines, dès que ses intérêts le réclament – au premier feu rouge, par exemple !
 
Sur le plan de la superstition moraliste avec ses condamnations moralisatrices à sens unique, vous fonctionnez comme tous les donneurs de leçons de morale aux Autres sur la seule base de fictions « absolutisant » les valeurs relatives de Bien et Mal, et distinguant « deux » catégories d’humains par nature : les bons, les « vertueux », les prétendus antiracistes aujourd’hui, nous, et les méchants, les « salauds », les racistes, eux.
 
Or, dans notre monde où tout est relatif – sauf à vous d’établir le contraire ! -, rien n’est absolu ou Idéal, même si la « débilité intellectuelle » de l’époque est parvenue à faire croire jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions qu’une quelconque chose humaine, période coloniale en l’occurrence, pouvait comporter « exclusivement » du négatif, des inconvénients, ce qui est le critère par excellence du Mal absolu.

Ainsi, les donneurs de leçons de morale aux Autres ne se rendent même pas compte que leurs opinions et leurs revirements d’opinions, leurs engagements et leurs luttes dépendent seulement de leurs intérêts égoïstes de toutes sortes – et en aucun cas d’un prétendu altruisme ! Même les révolutionnaires de 1789 ou 1917 se battaient d’abord pour leurs intérêts égoïstes contre d’autres égoïstes défendant les leurs…
 
Il est compréhensible pour des personnes, qui n’ont pas été dûment informées, de continuer à « croire au miracle », mais le mensonge est d’autant plus grave pour ceux qui ont manifesté par leur silence et leur refus de débattre la volonté délibérée de continuer à colporter les mensonges et les « croyances au miracle » du monde ; et c’est votre cas, sauf à y renoncer !
Le manque de réflexion intellectuelle et philosophique dénoncé ci-dessus est seulement inspiré par les préoccupations égoïstes partisanes des uns et des autres, dont les intérêts s’opposent. En effet, dans notre monde relatif, TOUT présente à la fois du « pour », des avantages, du positif, et du « contre », des inconvénients, du négatif – sauf à vous de démontrer le contraire ! 
De ce fait, dans tous les domaines et en toutes circonstances, chacun,quelle que soit sa spécificité - ethnique ou autre -,tranche toujours entre le positif et le négatif en confrontant, plus ou moins consciemment, les arguments « pour » et « contre » de ses seuls intérêts égoïstes, dans son souci de vivre le plus longtemps et le mieux possible, en général, et dans sa préoccupation personnelle pour ses affaires d’amour, d’argent et de gloire ou honneur-vanité, en particulier !
Seule cette confrontation des sentiments et des arguments « pour » et « contre » permet aux uns de déclarer qu’une chose est bonne et aux autres de la juger mauvaise, sans que cela n’autorise quiconque à ladéclarer pour autant « absolument » bonne ou mauvaise, de telle sorte que le Bien soi-disant absolu des uns deviendrait le prétendu Mal absolu des autres. 
En réalité, il n’y a  pas de choses bonnes ou mauvaises « en soi », c’est-à-dire indépendamment de tout jugement de valeur d'un penser partisan qui les pense, comme l’exprime à merveille ce mot de Spinoza :
« Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne » !
Ainsi personne n’est légitimé à présenter sa vision du monde et de la France, voire une quelconque mesure gouvernementale, comme étant « absolument » bonne ou mauvaise. C’est pourtant ce que vous faites en privilégiant le droit de grève à d’autres droits inscrits dans la Constitution.
 
En effet, lorsque vous écrivez : 
« Dans le même temps, il y a dans ce texte des atteintes au droit constitutionnel de grève. On veut imposer une hiérarchie entre les droits constitutionnels, comme si le droit de grève devenait un droit mineur, opposé à d’autres droits «supérieurs», comme la liberté d’entreprendre ou la liberté de circulation », votre préférence n’exprime là que vos seuls intérêts oubliant égoïstement ceux des Autres – les usagers en rade, en particulier ! 
Vos prises de position partisanes oublient facilement que 71% des Français se déclarent d’accord pour l’instauration d’un régime minimum dans les services publics - un public auquel vous êtes redevable, mais par ailleurs malmené par vos intérêts égoïstes -, et pour la réforme de régimes spéciaux de retraite témoignant d’une inégalité manifeste, y compris pour les fonctionnaires du régime général et les parlementaires.
Le pourcentage indiqué est à mettre en rapport avec les 7…% obtenus par la gauche révolutionnaire lors des récents scrutins. Ceci, dans une démocratie digne de ce nom, devrait dispenser la minorité de continuer à dicter sa loi à la majorité par des procédés d’un autre âge : piquets de grève et autres pressions lors de votes à main levée, entre autre. Décidément, vous n’êtes pas plus parfait que moi et tous les Autres, mais seulement motivé par vos intérêts égoïstes pour lesquels la fin justifie les moyens !
Je profite de l’occasion pour rappeler le mensonge entretenu à propos de la « Journée de solidarité », instaurée en 2005 par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. En effet, trois ans après, les centrales syndicales continuent à mettre en avant l’injustice consistant à faire travailler gratuitement des salariés sans rémunération – et ce, fut-ce un seul jour ! 
Or, c’est oublier un peu vite la solution alternative proposée au Premier ministre d’alors ainsi qu’à diverses organisations syndicales, à des responsables politiques et à de grands médias nationaux - presse, télévision et radio. Cette mesure passée soigneusement sous silence par les uns et par les autres avait pour principaux mérites de ne faire travailler personne gratuitement, fut-ce un seul jour, et de faire contribuer la quasi-totalité de la population à cet effort de solidarité - pas seulement les salariés - sans provoquer par ailleurs la pagaille annoncée et constatée !
Je passe ici rapidement sur toutes les solutions égoïstes inventées par les uns et par les autres pour se débiner égoïstement, comme je le comprends fort bien en bon égoïste, et dont le pompon revient à la SNCF avec ses deux minutes de travail quotidien supplémentaire !
En conclusion, loin des vérités relatives conjoncturelles, la différence entre vos propos et les miens est que, dans cent ans, dans mille ans, voire dans dix mille, chacun pourra constater le mensonge que vous aurez colporté durant votre passage sur Terre, puisque l’Idéal n’y sera toujours pas d’actualité – sauf à vous de m’expliquer aujourd’hui comment !
C’est tout ce qui fait la différence entre le rêve et la réalité, entre la vérité relative fictivement absolutisée et LA Vérité absolue, celle qui ne sera jamais démentie par les faits. Rassurez-vous, toutefois : dans mille ans, dans dix mille ans, les humains continueront à « croire au miracle », puisqu’ils seront toujours inspirés par la crainte et par l’espoir, source de leurs croyances superstitieuses qui les livrent aux « charlatans » de toutes sortes, car leur seul recours pour mieux vivre sera encore de rêver à des lendemains qui chantent !
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Annexe : Mensonges et lâcheté des élites 


 
 
 
Objet :

Publié dans COURRIER "Divers"

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article